Kate Bush – The Kick Inside
EMI
1978
Alain Massard
Kate Bush – The Kick Inside
Kate Bush, c’est une longue histoire musicale, un soprano tout d’abord, un repérage par le grand David Gilmour, une longue amitié avec Peter Gabriel où elle sera invitée pour des titres poétiques remarquables, et puis des musiciens tels Alan Parker pour garnir l’entourage.
Ce sont aussi des morceaux avec une voix inédite, le piano qui amène des déclinaisons progressistes et surtout une ambiance mélodique féminine avant-gardiste : c’était la fin des 70. Un premier album avec un hit planétaire qui lui ouvre les portes de la gloire, d’autres albums suivront, mais arrêtons-nous sur The Kick Inside, splendide et qui me donne envie de me poser pour narrer un souvenir oldies.
« Moving » bruit de baleines ou autre. Une voix de suite qui te bouleverse, belle, encore plus que sa beauté physique, un piano, un air et… sa voix intime, du pop art, de l’art rock, oui. « The Saxophone Song » arrive, ce sont bien des baleines en enchaînement, ça vaut le déplacement je vous l’écris. Un air à la Elton John pour la mélodie, tiens le saxo d’Alan Parker, c’était à la mode avant les trompettes, violons et autres instruments classiques qui sont légion dans les prog d’aujourd’hui, un solo d’Alan Parsons tiens, du beau monde. « Strange Phenomena » et l’arpège piano direct. Kate surfe dessus, je suis sans voix, mais quel organe pour ce petit bout de femme. On dirait la mienne en plus jeune, peut-être est-ce aussi ce qui m’a fait écouter cet album, bref gai et frais. « Kite » dénote avec ce titre rythmique, dans une veine art-rock là. On est loin de la chanson typée, on a affaire à une création musicale avec un fonds artistique développant une histoire personnelle livrée au public, avec une touche vocale inédite. « The Man With The Child In His Eyes » avec le clip qui a fait parler en son temps, et pourtant que de la grâce, rien de vulgaire. Les pointes pour rappeler son appétence à la danse classique ; un air bucolique, sensible et intimiste, douceur guimauve. « Wuthering Heights » vous vous rappelez, vous savez tout, sa chorégraphie, le piano, le clip, la beauté tout simplement. Cet air qui s’égrène, qui renvoie à la beauté, il ne faudrait pas que j’en tombe amoureux. C’est le titre qui m’a fait connaître Kate et plus tard Pat Benatar.
« James And The Cold Gun » avec le titre qui me fait dire que si c’était comme ça tout le temps, le disque n’aurait pas fait la une à mon avis ; consensuel, sans plus. Il faut attendre le final avec l’orgue et la progression pour se dire qu’il y avait un coup à jouer finalement. « Feel It » et le piano dès le départ. Des arpèges en bataille à voix ou comment s’enfoncer dans une mélodie de bar, avec lumières vertes tamisées, comment se poser et écouter juste sa voix. « Oh To Be In Love » enchaîne, une gamme plus haute et le même schéma, un peu plus de chœurs, une basse plus présente, un refrain digne d’une comédie musicale, bien british. Des années, des décennies plus tard, je comprends pourquoi cet album peut encore marquer… Des bribes progressives de-ci, de-là qui donnent la puce à l’oreille à sa future carrière. « L’Amour Looks Like Something Like You » continue, les titres défilant avec une association presque parfaite, ciselée entre un piano divin et une voix cristalline ou l’inverse. « Them Heavy People » avec le clip qu’il faut avoir vu, une autre chorégraphie, une chanteuse qui en sortait pensant à juste titre que le visuel ne devait pas être que sur sa plastique. Un refrain envoûtant, entraînant, un titre simple et frais, un peu de close-combat à la fin, je kiffe… Rolling the ball, Rolling the ball ! « Room For The Life » débarque sur un air plus solennel avec Kate et sa voix plus narquoise. L’éponyme « The Kick Inside » est une ballade romantico-mélancolique, le piano sonne encore plus fort dans son utilisation, le moment de se rendre compte que l’album avait bien une trace prog dans la suite des chansons, avec son atmosphère versatile. Un bel exemple de créativité, et quelle voix magnifique quand même.
À se faire plaisir en le réécoutant, à se faire plaisir en se remémorant cette première écoute et son imprégnation dans notre cerveau. Un grand album est fait pour cela, The Kick Inside en fait partie.