JPL – Post Scriptum
Bad Dog Promotions
2025
Palabras De Oro
JPL – Post Scriptum
Jean Pierre Louveton, l’hyperactif et indéboulonnable guitar-hero du prog français, s’est remis au travail (en fait, je crois qu’il ne s’arrête jamais de bosser) pour nous gratifier de Post Scriptum, un nouvel album dans le cadre de son projet JPL né en 2002 en parallèle de Nemo, puis devenu son groupe à part entière sur les cendres du défunt Nemo, il y a une dizaine d’années. Contrairement à l’hyperactif du prog US (je pense que vous voyez bien de qui je veux parler, sinon, adressez-vous à Fred Natuzzi, mon rédac-chef préféré), JPL n’est pas du genre à répéter les mêmes schémas à l’infini (à l’écœurement ?) c’est ce qui lui vaut de revenir occuper les colonnes de votre webzine préféré.
Submergé par la nostalgie, il nous a concocté un testament fabuleux l’année dernière avec la sortie d’une triple compilation regroupant des titres de Nemo, WolfSpring et JPL, résumant par là-même trente ans de carrière. Son retour aux affaires de la création originale est un retour gagnant, un peu comme si le tennis de Nadal ressuscitait pour lui faire gagner un énième Roland Garros. À la différence de l’Ibérique, JPL est en bien meilleure condition, comme le démontre aisément ce douzième album studio. Je pourrais gaver cette chronique d’une longue rétrospective de sa carrière pour faire du remplissage et tomber dans la facilité, tellement l’œuvre de notre Auvergnat est immense. Pourtant, je me contenterai d’un court résumé rien que pour faire ressortir sa versatilité, comme c’est le cas sur ce Post Scriptum. Il faut dire que JPL, a commencé par lorgner du côté du hard rock avec la série des Rétrospections. Un coup de barre plus appuyé dans cette direction l’a emmené vers le metal prog dans Le Livre Blanc. Ces explorations fondues dans le creuset de toute sa carrière précédente ont généré la trilogie des Sapiens dans laquelle, toutes les belles références du prog international semblent y avoir germé, poussé puis fleuri pour nous offrir de magnifiques bouquets musicaux. En quelque sorte, et bien qu’il ne soit pas Suédois, The Flower King(s), c’est JPL !
Pour Post Scriptum, le guitariste a souhaité mettre l’accent sur les mélodies vocales en intégrant à temps complet la chanteuse Elise Bourg qui l’accompagne désormais sur scène… comme quoi, on peut toujours innover. Les sept titres qui composent la galette n’ont pas grand-chose en commun, ce qui est appréciable pour ne pas engendrer la monotonie. Outre le chant, régulièrement en duo, Jean Pierre Louveton assure la majorité des instruments avec forcément sa guitare, toutefois pas omniprésente, mais aussi la basse ainsi que la programmation des autres instruments virtuels. Il est entouré des batteurs Florent Ville et JB Itier, son fidèle acolyte issu également de Nemo. Stéphanie Vouillot officie au piano. L’artwork « bachussien » de la couverture a encore été confié à Stan-W Decker, son Roger Dean à lui, pour un résultat plus organique et monochrome que sur les jaquettes passées, mais tout aussi ahurissant de créativité. JPL s’ancre directement dans une veine prog avec un « Solitaire » tour à tour contemplatif puis rentre-dedans, dont le solo de guitare met la barre très haute, en termes d’émotions. C’est une sorte de valse lente qui lui succède pour un « Jekyll » plus léger et alangui sur lequel on commence à mesurer l’entremêlement très élaboré des vocaux entre Élise Bourg et Jean Pierre Louveton. Son passage très sombre casse judicieusement l’ambiance à mi-titre. Ensuite, la rythmique s’assagit et le classicisme fait son apparition sur « (À l’évidence) Je Me Rends » dont la simplicité géniale sied parfaitement au formidable solo de guitare dont nous gratifie JPL. Chaque titre semble être un tableau différent exposé dans une galerie d’art. C’est ainsi que le metal prog pointe le bout de son nez le temps d’un « L’homme Est Un Animal Sauvage » puissant, syncopé et efficace, alors qu’un certain groove nimbe « Puzzle » d’une auréole de salsa lente et envoûtante dont la trame est une basse entêtante. Ce titre se métamorphose en magistrale ballade avant de s’accélérer sous l’impulsion d’un très long pont de guitare rythmique. Ensuite, JPL nous transporte dans des contrées orientales pour le mid-tempo « Les Fantômes » dont le riff baigné d’harmoniques artificielles est nerveux à souhait et se poursuit sur le début du titre éponyme qui nous emmène vers la fin du disque. Celui-ci, en grande partie instrumental, frôle les onze minutes. On y remarquera des passages d’essence funky et bluesy particulièrement réussies, alors que son final en fading m’a laissé sur ma faim.
Cette revue de styles made in France concoctée par JPL est du grand art dont des aspects pompeux ou démonstratifs auraient pu être autant de pièges qui ont été évités avec une grande facilité. L’alliance des voix masculine et féminine a apporté une richesse des vocaux à laquelle JPL ne nous avait pas vraiment habitué jusqu’ici. Ce Post Scriptum est réellement un très joli album à la créativité féconde, mais jamais outrancière. L’un des piliers du prog tricolore nous confirme une fois de plus qu’il mérite ce qualificatif et n’a rien à envier aux pointures internationales du genre.
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Merci beaucoup palabras pour la critique du nouvel album de JPL. Effectivement par la diversité des styles parfois dans une même chanson l’album n’est pas toujours facile à appréhender. Difficile d’être aussi haut que la trilogie » sapiens ».
La deuxième vocaliste est pour ma part un peu trop présente, la voix parfois critiquée de JPL me semble suffisante pour moi, voir les quelques singles accrocheurs de sa triple compilation dont tu parles.
Par contre petit erreur JPL en solo existe depuis 2002 il a donc mené en parallèle JPL et NEMO c’est vrai en s’investissant davantage en NEMO qui a une réputation internationale.
L’album d’ailleurs de 2005 « cannibale’ et sa pochette magnifique est ressorti le mois dernier réenregistré avec un top son est vraiment bon je le conseille fortement. En tout cas on a de la chance d’avoir le tel artiste en France.
Merci Jéré pour ce commentaire très pertinent ainsi que pour la correction apportée à mes écrits (c’est corrigé dans la chronique). Il est vrai que, comme le disait le regretté Bruno Carette alias Misou-mizou, « Je ne souis pas oune machine ! » 😉