Haken – Visions

Le metal progressif a plus que jamais le vent en poupe et ce ne sont certes pas les musiciens de Haken qui se risqueront à contredire mes propos. Déjà auteurs, en 2010, d’un opus studio branché sur le 220 volts (l’épatant « Aquarius », suivi d’une tournée intensive en Europe avec une apparition remarquée au côté du théâtre du rêve au Night Of The Prog Festival), ces furieux sujets de la couronne britannique déboulent aujourd’hui bille en tête avec un nouveau brulot digital pétri de qualité. Passée maître dans l’art du riff assassin et du plasticage rythmique, la bande du brillant claviériste et guitariste Richard Henshall nous assène, tout au long de ce « Visions » méchamment bien roulé, une succession implacable de tranches de bravoures hardeuses et saignantes à souhait. Drivée à grand renfort de décharges électriques par la six-cordes de son mentor, la musique de Haken évoque une gigantesque et furieuse partouze entre Dream Theater, Pain Of Salvation, Spock’s Beard et les Flower Kings.

Alternant les éruptions volcaniques qui feraient passer la bande de John Petrucci pour des myopathes neurasthéniques (le surpuissant morceau d’ouverture « Premonition ») et les longues plages mélodiques de sable fin (les treize minutes de « Nocturnal Conspiracy », qui doivent tout autant au POS de « Remedy Lane » qu’aux barbus de l’espace de « Snow »), la formation se fraie un chemin passionnant au sein d’un genre aussi encombré que le bois de Boulogne à deux heures du matin.

Survolée de bout en bout par le chant puissant et expressif de Ross Jennings (qui est également crédité comme co-compositeur), le combo atteint des sommets tout au long des 23 minutes de la plage titulaire qui casse la baraque ! Au final, cette œuvre de la maturité appelle, à l’évidence, des lendemains qui chantent !

Bertrand Pourcheron (8,5/10)

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