Gordon Giltrap & Oliver Wakeman – Ravens And Lullabies
Gordon Giltrap & Oliver Wakeman
Esoteric Antenna
Après s’être forgé une sacrée réputation de guitariste folk dès la fin des sixties, Gordon Giltrap avait quelque peu disparu de la circulation ces dernières années. Le vieux lion a décidé de sortir de sa mini retraite pour fouler à nouveau le sable fin de l’arène rock. Accompagné aux claviers par Oliver Wakeman (l’un des fils prodiges de papa Rick qui a collaboré, par le passé, avec une pléthore d’artistes dont Yes et The Strawbs), le père Giltrap nous sort aujourd’hui un nouvel album bourré jusqu’à la gueule. Si quantité n’est pas forcément synonyme de qualité, ce n’est manifestement pas le cas ici. Nos deux compères, accompagnés du chanteur actuel d’Arena Paul Manzi, du batteur de Threshold Johannes James et du bassiste Steve Amadeo, s’entendent manifestement comme larrons en foire et nous offrent même un CD bonus rempli de titres live et inédits. Le résultat de cette collaboration inattendue est une œuvre mature et aboutie.
Si les claviers d’Oliver Wakeman s’offrent la part belle, la guitare de son collègue n’est pas pour autant réduite à la portion congrue, et l’ensemble fait preuve d’un bel éclectisme, entre morceaux « cartons » (le couillu titre d’ouverture « Roots » ou l’intense « Fear Of The Dark »), épiques symphoniques (les excellents « Moneyfacturing » ou « Is This The Last Song I Write ? »), et compositions plus acoustiques qui invitent à la méditation (le merveilleux intermède « Fiona’s Smile »). La réussite de ce cocktail doit bien évidemment beaucoup à la cohésion du jeu de musiciens parfaitement rodés (avec une palme spéciale au guest star de luxe Benoit David, éphémère chanteur de Yes, qui s’impose ici comme un très grand), et à leur envie de nous offrir une œuvre profonde et différente.
Au final « Ravens And Lullabies » célèbre une musique (de) virtuose(s), volubile et généreuse, lentement épanouie et qui ouvre, avec force succès, les portes de la réflexion intérieure dans nos sociétés égoïstes et égotistes. Conseillé !
Bertrand Pourcheron (7,5/10)