Gabriel Keller – Hope Despite Everything

Hope Despite Everything
Gabriel Keller
Autoproduction
2024
Palabras De Oro

Gabriel Keller – Hope Despite Everything

Gabriel Keller – Hope Despite Everything

Il y a deux ans, Clair Obscur, le titre de son premier album, m’avait attiré, mais c’était son contenu mélodique et vocal qui m’avait retenu et émerveillé. Gabriel Keller nous revient avec Hope Despite Everything, un opus de onze titres dont le fil rouge est constitué d’échanges de lettres entre une mère et son fils parti au front. Bien évidemment, on y parle de guerre, mais aussi d’espoir, envers et contre tout. La première partie apparaît sombre et lourde, alors que la seconde offre beaucoup plus de passages aériens.
Là où j’ai été très déçu, c’est que Gabriel a réduit la voilure en passant de dix-neuf artistes à seulement… douze sur cet album, dont presque la totalité avait déjà œuvré sur le précédent. Trêve de plaisanterie, le Lyonnais s’y entend à merveille pour gérer tout ce beau petit monde (et une douzaine, ça fait encore beaucoup !) afin de rendre encore une fois une copie parfaite, classieuse mais pas pompeuse. Il exécute les parties de basse et, avec Charles Henry, celles de guitares qui forment la trame musicale de l’album puisqu’il n’y a pas de claviers. Les ambiances sont tour à tour rock pop et prog, metal, mais aussi régulièrement classiques grâce au violoncelle de Lucie Lacour. Les batteurs Lucas Biguet-Mermet et Simon Rebuffat complètent ce line-up instrumental de très haute technicité. Une fois encore, je mets l’accent sur la qualité des vocaux exclusivement assurés par un quatuor féminin formé de Emi B, Angelina Pelluet, Charlotte Gagnor, Manon Coursol et renforcé par les chœurs de Lucie Lacour.

Gabriel Keller – Hope Despite Everything band1
« Why » lance les hostilités sur fond de bruitage d’armes automatiques, puis sous la forme d’un instrumental planant. Il préfigure le côté bicéphale précité de l’album. « The Letter – Part 1 » frappe fort avant de se ranger sous le chant adouci de Emi B. On perçoit en permanence et en fond sonore le violon de Jérôme Aubernon nous gratifiant d’un sympathique solo entre classique et pop. « The Guns Are Approaching » démarre plus légèrement, encore sous l’influence du chant aérien d’Emi B, avant de se renforcer tel un culturiste sous stéroïdes pour impulser un blues survitaminé avec des solos typés hard rock qui ne laissent pas de marbre. Son final inattendu est une ritournelle chantée que n’aurait pas reniée Mike Oldfield. Arrivent les dix minutes de « The Letter – Part 2 » dont les six premières sont une succession d’ambiances instrumentales rock metal, une très longue préparation du terrain pour l’arrivée d’un chant très mélancolique et travaillé jusqu’à la fin du titre. Magistral ! Quoi de mieux qu’un rythme bluesy assumé pour illustrer la souffrance d’une mère à la lecture des lettres de son fils (« My Son ») relatant les horreurs de la guerre. A contrario, « No Surrender » et « Oppression » sont des hymnes à l’espoir, avec encore une très longue première partie instrumentale prog et sautillante pour le premier. Le second démarre très pesamment sur les accords les plus graves de l’album avant de se montrer plus mélodique sur une rythmique parfois bluesy, parfois breakée. J’ai trouvé les enchaînements un plus laborieux sur ce titre.
Comme annoncé plus haut, les quatre derniers morceaux se font nettement plus aériens. « Poussières Éternelles » voit Angelina Pelluet et Charlotte Gagnor s’unir pour délivrer une partie de double chant féminin superbe sur une délicieuse petite mélodie acoustique. Le titre le plus teinté de classique est sans conteste « Your Way » et ses riffs de violoncelle. On reste dans la légèreté avec « Change » au surprenant rythme de reggae pop sur lequel Emi B alterne chant et phrasé. L’ode à l’amour « Mahaut » voit Lucie Lacour et Charlotte Gagnor reprendre avec bonheur les recettes de « Poussières Éternelles », démontrant jusqu’au bout la qualité de toutes les harmonies vocales de l’opus, surtout lorsqu’elles sont habillées de cordes.

Gabriel Keller – Hope Despite Everything band2
Hope Despite Everything continue à mettre en exergue le talent de compositeur et d’arrangeur de Gabriel Keller. Le propos est moins jazzy que sur Clair Obscur et plus régulièrement sombre. Il est vrai que le sujet traité ne prête pas à se réjouir, bien que la fin de l’album, plus aérienne, contrebalance sa pesanteur originelle. Quoiqu’il en soit, sur fond de légèreté ou de lourdeur, les harmonies vocales féminines sont toujours d’une justesse ainsi que d’une beauté époustouflantes et remarquables. Elles contribuent largement à magnifier cette jolie galette.

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https://gabrielkeller.bandcamp.com

 

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