Aswekeepsearching – Rooh
Hold Tight! PR
2019
Rudzik
Aswekeepsearching – Rooh
Il y a deux ans, en épilogue de ma chronique de Zia, je prédisais que j’écouterai encore sans doute pour longtemps ce merveilleux opus exotique des Indiens d’Aswekeepsearching. Eh bien, ça s’est confirmé car, en bonne place dans mon baladeur (et oui, rien de ringard en cela, bien au contraire car votre serviteur est un adepte du streaming à petites doses du fait de son impact sur l’environnement : Impact sur l’environnement de la musique en streaming), il est, en particulier, encore un fidèle compagnon de voyages. Il a aussi enchanté plusieurs de mes amis à qui je l’ai fait découvrir. Alors, à peine l’email de Matt Benton d’Hold Tight! PR annonçant la sortie de Rooh reçu, je me suis jeté auditivement sur les huit nouveaux titres livrés par le quatuor indien.
Encouragés par le plébiscite de Zia, le groupe a tourné jusqu’en Europe se produisant sur une quinzaine de dates sur notre vieux continent, ouvrant aussi pour God Is An Astronaut, Steven Wilson, Plini, 65daysofsta et participant à des festivals mais j’y reviendrai. Surfant sur sa vague créative, Aswekeepsearching a aussi initié une ligne de vêtements dessinés par Tanaya, la soeur du chanteur/guitariste Uddipan Sarmah, portant le nom de l’album et vendu sur une page Facebook dédiée. (https://www.facebook.com/iamziadotin/).
Si le nom de l’album Rooh fait penser à un bruit incongru en français, sachez qu’il est bien plus poétique car il se traduit par « Âme » en pendjabi. S’il y a bien un truc remarquable chez Aswekeepsearching, c’est que ses compositions ne manquent pas d’âme. Et puis faudra vous mettre au pendjabi car le groupe continue à chanter exclusivement dans sa langue d’origine, même quand le titre d’une chanson est en anglais (reportez-vous cependant à son bandcamp pour y trouver la traduction en anglais de tous leurs textes). Ceci est à proprement parler un ravissement tant cette langue indolente nous titille doucereusement les tympans. Pour ceux qui ont découvert Zia, l’effet de surprise est moins prégnant d’autant que « Chasing Light », le titre introductif de Rooh reprend le même schéma que « And Then Came Spring » positionné similairement sur Zia. Qu’importe, l’enchantement vocal sur cette longue montée vers la lumière produit le même effet qu’il y a deux ans. Cette ascension musicale s’opère également sur « Green And Blue », depuis son intro séquentielle à la Tangerine Dream jusqu’à son puissant final sur une rythmique de batterie syncopée de Sambit Chatterjee, le joueur de tabla de Zia qui officie désormais sur toutes les percussions. Arrive alors « Aas Paas » le morceau de choix de cette œuvre dont le chant et la basse ont des réminiscences du « Breathe » de Pink Floyd. La partie musicale finale de cette pièce est d’une beauté rarement atteinte. Elle met en lumière les guests (oh ! pas des « stars for pay » invitées rien que pour mettre leur nom sur l’album) dont le groupe s’est entouré. Il faut dire que, sa notoriété s’accroissant, Aswekeepsearching a pu s’offrir l’Australie (Melbourne) et Forrester Savell (Skyharbor, Karnivool, Animals As Leaders) pour mixer et masteriser son nouveau rejeton. Également, l’album a été produit par Adhiraj Singh, le producteur historique du groupe avec la complicité de Ritwik (Zokova, Mindflew) qui a aussi composé quelques parties de guitare, de Guwahati, d’Amitabh Barooa (Lucid Recess, Lateral) et Meg Dsouza pour les chœurs. Alors, pour revenir à « Aas Paas », le magnifique solo final de sarangi d’Ustad AllaRakha Kalawant (découvert par le batteur Sambit) et les apports de musique typique indienne par les vétérans Zakir Hussain et Ustad Fazal Qureshi sont l’essence même de cette sublime chanson transcendantale.
Paradoxalement, c’est le titre éponyme qui m’a le moins marqué car plus traditionnellement typé post-rock sans pour autant affaiblir notablement son homonyme Rooh. Marqué par ces deux années de rencontres et de voyages avant son retour à Pune. Aswekeepsearching étale ses souvenirs nostalgiques avec « A Night In Zottegem », endroit où il s’est produit en 2018 lors du Dunkfestival ainsi qu’en nous emmenant au cœur du Bhoutan avec « Gangtey » pour deux superbes morceaux instrumentaux éthérés, îlots de de bonheur dans cet océan spirituel.
Le visuel de la pochette ne nous laisse pas insensible à C&O du fait de sa similitude avec notre ancien logo. Bon de toute façon, c’est carrément Aswekeepsearching qui ne peut laisser de marbre grâce à l’originalité de ses arrangements, de son mix instruments modernes et traditionnels mais surtout de sa symbiose vocale entre la langue pendjabi utilisée et les tonalités plaintives exprimées par Uddipan Sarmah. Si vous êtes passés à côté de Zia, Rooh vous donne une seconde chance d’atteindre le nirvana qu’il vous faut saisir sous peine d’être puni en étant réincarné en vache sacrée.
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