God Is An Astronaut – Origins

Origins
God Is An Astronaut
Rocket Girl
2013
Fred Natuzzi

God Is An Astronaut – Origins

Les Irlandais de God Is An Astronaut tirent leur nom d’un film de Clive Barker, Cabal, avec David Cronenberg, qui date du début des années 90. C’est dire leur bon goût en matière de monstres ! C’est peut-être en pensant aux difformités existantes dans ce film que le groupe a composé sa musique. En effet, depuis leur formation en 2002, GIAA est devenu un des piliers du post-rock mais celui-ci mélange des tas d’influences venant  de l’électro, de la pop, ou du rock cinématographique. En résulte une discographie inégale où chaque album à une couleur différente. Là où le post-rock est habituellement triste ou mélancolique, GIAA va apporter une touche mélodique où les guitares vont essayer de tirer les atmosphères vers la lumière ou la noirceur, sans jamais céder à la complaisance. Rien n’est facile chez ce groupe, tout est composé sur un fil directeur, la mélodie, qui ne lâche rien. Alors certes, à certains moments, la musique peut se faufiler dans des chemins passe-partout. Mais une rythmique nouvelle, un rebondissement mélodique ou un effet sonore va chambouler notre perception du morceau et y apporter un plus. C’est là où se loge la grande force de GIAA et qui le distingue du lot. Faire des atmosphères c’est bien, mais y laisser planer son spleen, se repaître d’une tristesse langoureuse, ce n’est pas leur truc. Au contraire, l’inventivité des morceaux est source de multiples étonnements, laissant pantois devant une telle maîtrise musicale.

Le groupe est prolifique : 6 albums et 1 EP depuis la parution en 2004 de « The End Of The Beginning » qui privilégiait les influences électro et trip hop, dans des titres instrumentaux  flirtant parfois avec la new wave d’un Depeche Mode, rendant son post-rock accessible à tout public. « All Is Violent, All Is Bright », paru en 2005 revient à un post-rock plus reconnaissable, évoquant Sigur Ros dans ses chœurs lointains et ses montées en puissance, comme ses accès de violence. Le EP en 2006 « A Moment Of Stillness » confirmera cette direction avec des moments de pure beauté. « Far From Refuge » sort en 2007, et renforce le son, notamment sur la batterie, plus frappante et présente, sans oublier les mélodies imparables, en revenant à des musiques moins typées « post » mais qui n’oublient pas d’alterner avec des atmosphères inquiétantes.

2008 est l’année de sortie de leur album éponyme, une franche réussite, avec une rythmique étonnante, dynamique, qui pousse beaucoup plus loin le son GIAA. La délicatesse, la fluidité des mélodies laissent souvent la place à des guitares saturées, sans oublier d’expérimenter sur le son. Un album qui résume à lui tout seul les qualités du combo. « Age Of The FIfth Sun » en 2010 réutilise les mêmes techniques en privilégiant les atmosphères, et l’efficacité des mélodies, avec un son flirtant de temps en temps vers le métal. Un autre grand moment,  à la portée cependant parfois amoindrie par des mélodies un peu pauvres.

3 ans après, une éternité au regard de la production passée du combo, « Origins » nous arrive. Dès le premier morceau, « The Last March », la rythmique est retravaillée et un semblant de bidouillage électro se fait sentir, toujours dans une mélodie imparable typique du post-rock, avant une montée en puissance traditionnelle, mais tellement efficace. Des chœurs apparaissent et transportent l’auditeur. Sur « Calistoga », c’est une guitare aux influences Muse qui prend le dessus, donnant une couleur métal électro au titre. « Reverse World », plus atmosphérique, avec la présence d’une voix trafiquée, qui jusqu’ici n’avait jamais été utilisée, amène vers un « Transmissions » surprenant, qui renouvelle ses influences électro et new wave.

« Weightless », comme son nom l’indique, est en état d’apesanteur, un post typique. « Exit Dream » apporte une touche électro plus prononcée avec l’arrivée d’une voix trafiquée. Une nouveauté peu convaincante toutefois, tant on était habitué à se concentrer sur la musique elle-même. « Signal Rays », reste sur une dynamique bouillonnante, sorte de B.O d’une course poursuite d’un film de science-fiction, tandis qu’ »Autumn Song » est plus triste avec une guitare acoustique qu’on a peu l’habitude d’entendre et son piano, si mélancolique. « Spiral Code » modernise son post avec des sons électro, liant le vintage 80’s au son de maintenant. « Strange Steps » expérimente sur les atmosphères, mêlant différentes textures, et la présence d’un chant au loin. On se plonge avec délice dans « Red Moon Lagoon », et « Light Years From Home », chant trafiqué et musique science-fictionnelle, surprend encore.

« Origins » est le témoignage d’un groupe qui veut continuer à produire une musique atmosphérique travaillée, quitte à expérimenter en introduisant des influences modernes au post-rock traditionnel. A chaque fois, c’est une prise de risque, mais force est de constater que God Is An Astronaut arrive encore et toujours, à nous étonner, nous transporter. Et pour longtemps, on l’espère. « Origins » ne fait pas exception, et c’est à un voyage par-delà les frontières des musiques que l’on est cordialement invité à se plonger. Fascinant.

Fred Natuzzi (8/10)

https://godisanastronaut.com/

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