Anneke Van Giersbergen – La Vie

La Vie
Anneke Van Giersbergen
Label Mates
2025
Thierry Folcher

Anneke Van Giersbergen – La Vie

Anneke Van Giersbergen La Vie

Anneke Van Giersbergen est née le 8 mars 1973. Le calcul est vite fait, elle vient d’avoir 52 ans. L’âge des premiers bilans et, quelquefois, des premières séparations douloureuses. Des moments forts qui ont certainement motivé notre charmante néerlandaise à publier La Vie, un premier EP introspectif, annonciateur d’une future trilogie. En effet, après La Vie, devraient suivre La Mort et L’Amour, deux autres volets qui constitueront à eux trois le futur album de l’ex-chanteuse de The Gathering. Mais attention, ce n’est qu’avec la parution du troisième EP (en 2026) que l’on pourra se procurer l’objet physique, donc patience de ce côté-là. Alors, pourquoi ne pas attendre la fin du processus pour venir vous en parler ? Les réponses sont nombreuses et variées. Il y a l’information, bien sûr, mais aussi l’évidence, la beauté, l’impatience, le talent et surtout, du bonheur à partager. Pour tout vous dire, j’étais complètement parti ailleurs avec mes chroniques et lorsque le 28 février furent dévoilées les quatre chansons de La Vie, tout s’est arrêté et plus rien d’autre n’a compté. Cela s’appelle être fan et je le suis depuis très, très longtemps. Pour moi, Anneke possède quelque chose de plus, une façon irrésistible de moduler sa voix et de la transformer en véritable chant de sirène. Dix-huit minutes en sa compagnie valent bien plus que de longs moments de tiédeur ou d’ennuis passés avec d’autres, vous pouvez me croire.

Le temps a été long depuis la sortie de The Darkest Skies Are The Brightest (https://clairetobscur.fr/anneke-van-giersbergen-the-darkest-skies-are-the-brightest/) le précédent album de 2021. Déjà à cette époque, la plupart des chansons étaient empreintes de nostalgie, pour ne pas dire de tourments. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces moments difficiles semblent donner du coffre à l’inspiration d’Anneke. Une artiste hors norme qui, malgré une aura assez remarquable, se retrouve souvent confrontée aux aléas de la vie de madame tout-le-monde. Donc oui, le temps a été long et ces toutes nouvelles chansons sont forcément les bienvenues. Musicalement, elle dit avoir été inspirée par les sons de sa jeunesse, ceux des années 80 et 90, où une certaine pop de luxe possédait de sacrés bons atouts. D’entrée, sur « When I Die », je n’ai pas pu m’empêcher de réentendre la vieille boîte à rythmes de « Duchess » de Genesis ou encore, sur « More Than A Thousand Words », de voir la célèbre clarinette de « Englishman In New York » de Sting reprendre du service. De ce fait, malgré la pesanteur de certains propos, c’est un son léger et une ambiance presque enjouée que l’on ressent à l’écoute de ce premier EP. La Vie commence par les tristes constatations de « One More Nanosecond », un titre poignant qui parle de séparation et d’absence (Anneke a écrit ses textes peu de temps après le décès de ses parents). Et c’est cette singularité, entre coups durs de la vie et légèreté apparente de la musique, qui donne une force incroyable aux paroles de la chanson. Le cri n’est pas déchirant, mais possède le bel allant des messages puissants qui atteignent leur cible.

Anneke Van Giersbergen La Vie Band 1

C’est avec son groupe de tournée qu’Anneke a enregistré La Vie. La cohésion entre musiciens est parfaite et les quatre chansons ne s’embarrassent pas de superflu. Juste quelques ornementations et quelques arrangements judicieux donneront ce qu’il faut d’attrait pour rendre la voix encore plus belle. Car on a bien affaire à un album solo d’Anneke, à une œuvre qui se veut intime et qui se démarque du hard-prog de The Gathering ou des postures metal de Vuur. Tout est fait pour elle et pour son aptitude à donner à son chant des effets hors du commun. Sa tessiture est exceptionnelle et cela se remarque dès « One More Nanosecond » où les variations vocales sont juste magnifiques. Ensuite, « When I Die » n’est autre qu’un long discours sur le pourquoi du comment de notre présence sur Terre et sur l’héritage que nous laissons derrière nous. Le genre de réflexions qui nous accaparent tous, un jour ou l’autre. Côté musique, le rythme est dans un premier temps feutré, mais le chant d’Anneke va éclairer plusieurs fois la partition et obliger le tempo à s’agiter pour donner de beaux élans rock. Après, « More Than A Thousand Words » reste dans cette forme d’intériorisation assez pesante qui, du coup, ne semble pas trop en phase avec les tourbillons pop de la musique. C’est tubesque, accrocheur, plein de vie et en définitive plein d’espoir. Anneke paraît s’être lâchée et termine ce premier EP par un « Heal Me » aussi puissant dans les notes que préoccupé dans les mots. Un titre superbe, peut-être le meilleur du disque, mais hélas qui me laisse sur ma faim. J’aurais tellement aimé un plus long développement final.

Anneke Van Giersbergen La Vie Band 2

Avec ce nouvel EP, Anneke Van Giersbergen a frappé fort et dans tous les sens du terme. Si elle a brillamment réussi son come-back, elle nous laisse aussi complètement abasourdis. La méthode qui consiste à ne proposer qu’un tiers de son œuvre est forcément discutable et même si le procédé a l’avantage de donner du temps aux chansons, il va falloir attendre de longs mois avant de connaître la suite. Une situation frustrante qui laisse un goût d’inachevé au bout de 18 petites minutes qui passent vraiment très (trop) vite. Bon, trêve de pleurnicherie, car après La Vie, il y aura La Mort et là, je suis curieux de voir ce qu’elle nous a concocté. Quand on s’attarde sur les paroles de La Vie (pas forcément très gaies), celles de La Mort devraient nous plonger dans le chaos. À moins que la stratégie mise en place par la belle Hollandaise nous réserve des surprises. On verra bien. En dehors de toutes ces considérations, il nous reste une voix de dingue et un métier bien rodé, désormais sans lacune. Allez, si vous êtes d’accord, on se donne rendez-vous l’année prochaine pour la suite des péripéties de l’espiègle Anneke.

https://www.annekevangiersbergen.com/

 

Un commentaire

  • Gathering of clouds

    Merci pour cette chronique, je suis fan aussi, sauf pour Vuur, et cet EP est assez génial en fait. Vive Anneke et vive la Hollande !

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