Airbag – Disconnected

Disconnected
Airbag
2016
Karisma

Airbag Disconnected

Cool, mon Airbag s’est déclenché pour la 4ème fois. Heureusement, pas comme celui de ma moitié lors d’une sortie incontrôlée d’autoroute du côté d’Angers. Non, celui-ci est norvégien et se dénomme Disconnected. C’est le titre qu’ils ont choisi pour le successeur de The Greatest Show On Earth (TGSOE) qui m’avait fait m’exclamer en 2013 « Voici l’album qu’aurait dû sortir David Gilmour, euh… je veux dire Pink Floyd au lieu de la très décevante rivière sans fin ». Afin d’être dans les meilleures conditions pour chroniquer ce CD, je me suis carrément payé le luxe de m’embarquer pour la Norvège et je me le suis passé sur le Pont du célèbre Hurtigruten, les yeux mi-clos et contemplatifs devant le spectacle merveilleux du Fjord de Geiranger. Bon, honnêtement, mon voyage était déjà programmé avant que Disconnected ne me tombe entre les mains mais tout le reste est vrai. Pas facile de garder de la lucidité dans ces conditions, pourtant je dois bien avouer que la magie n’a que partiellement opéré.

Sans parler de déconnexion d’Airbag, j’ai quand même eu l’impression que nos vikings ont parfois un peu enclenché le pilote automatique. Disons le tout de suite, à l’instar d’un RPWL, Airbag est très (trop ?) influencé par Pink Floyd, principalement en ce qui concerne le jeu de guitare de Bjørn Riis, très gilmouresque, période Animals. Contrairement à d’autres groupes très influencés à leurs débuts mais qui évoluent et finissent par s’affranchir de leurs références pour se créer leur propre style, il semble qu’Airbag pratique plutôt le marquage à la culotte dans ce domaine (expression d’actualité pendant l’Euro 2016).

Alors les décharges émotionnelles sont quand même au rendez-vous sur les soli de « Broken » ou « Sleepwalker », voire avec un certain entrain sur « Killer », mais l’on frôle parfois le plagiat, heureusement sans l’atteindre totalement. D’autre part, là où TGSOE recelait des changements d’ambiances parfois rageuses, en particulier sur le magnifique « Surveillance Part 1 & 2 », Disconnected apparaît plus linéaire. De même, l’émotion précitée n’atteint pas le niveau de celle du titre éponyme de TGSOE, qui m’avait presque mis les larmes au bord des yeux à l’époque. J’ai l’impression de vous écrire 2 chroniques pour le prix d’une seule mais comme vous ne la payez pas, c’est vraiment une bonne affaire pour vous.

Airbag Band

Venons-en quand même aux excellents moments que font passer ce nouvel effort. « Killer » est une entrée en matière bien sympathique avec son rythme soutenu et son final à la « Pigs » gavé de Wah wah agressive. Le morceau de bravoure est « Disconnected », un titre à tiroir de 13 minutes comme on les aime, et sur lequel le batteur Henrik Fossum nous délivre un festival de Ghost notes avec beaucoup de justesse. Le solo final de gratte est de nouveau sous influence avec la rythmique de clavier façon « Echoes », puis des accents de « Dogs », mais chaque note est posée là où il faut. Je dois reconnaître quand même qu’Airbag a fait un effort pour s’écarter du Floyd en fin d’album avec « Returned ». Malheureusement, c’est pour tomber dans la nasse de Porcupine Tree, période Lightbulb Sun, car la rythmique de ce titre m’a beaucoup fait penser à « Feel So Low » qui clôture également cet album.

Au-delà de ces comparaisons parfois gênantes et de certaines longueurs comme la montée en puissance du solo de « Killer », Disconnected reste un album très agréable à écouter si l’on se laisse aller à apprécier justement ces longs passages où l’on a l’impression qu’il ne se passe rien, mais où il se passe toujours quelque chose au final, pour le peu qu’on daigne tendre l’oreille. Cela me rappelle la réflexion de mon fils, fan de Power, qui un jour m’a dit : « je ne connais rien de plus chiant que l’intro de « Shine On You Crazy Diamonds. On a envie d’arracher la gratte de Gilmour de ses mains et de balancer la sauce ». Et justement, c’est tout ce qui fait le charme d’un bon morceau de prog comme Airbag le démontre sur « Slave ». Je vous rassure, j’ai depuis convaincu mon fils qui est désormais capable d’écouter « Echoes » d’une traite sans bouger d’un poil.

Un mot sur les textes dont le site d’Airbag nous dit qu’ils nous emmènent dans un voyage sonore luxuriant. Moi j’aurais plutôt dit « dépressif ». Je ne voudrais pas vivre les relations amoureuses du compositeur car du « Pull on the trigger and get your blood on my hands » de « Killer » au « So I can be your slave again, So come back to me » de « Slave », tout cela apparaît bien torturé. Ceci dit, ils sont remarquablement bien intégrés au climat général de cet album. Le chanteur Bjørn Riis possède un timbre caractéristique qui colle parfaitement à cette ambiance qui pousserait au suicide même un gagnant de l’euromillion. Ceci dit, je dois avouer que j’adore ça.

En définitive, Disconnected peine à s’extraire de la masse des parutions progressives, mais pour peu qu’on le découvre avant son prédécesseur TGSOE (l’inverse contribue à ma relative déception) et que l’on fasse fi des influences, il pourra quand même faire passer d’excellents moments à un auditeur qui soit dans de bonnes dispositions d’écoute.

J’espérais un coup de cœur et donc une consécration pour ma première chronique de nouveauté sur C&O. Je n’ai eu que la confirmation d’un potentiel, alors « peut mieux faire », comme le dirait une vieille fille instit de mon enfance, et donc… (euh, je vous laisse deviner la suite !). Bon, heureusement, ce n’est plus de moi dont il s’agit ici !

Rudy Zotche

http://www.airbagdisconnected.com/

[responsive_vid]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.