OMOH – Party In Paris (+ interview)

Party In Paris
OMOH
Auto-production
2018
Fred Natuzzi

OMOH – Party In Paris

Omoh Party In Paris

Après trois EP aussi bon les uns que les autres, Hours Of Sunshine, Is Leading Nowhere et Amour 3000, le duo OMOH formé de Baptiste Homo et de Clément Agapitos revient avec cette fois-ci (et enfin !), un album, baptisé Party In Paris. Ce qui caractérise le son OMOH, c’est ce mélange des genres, avec pourtant une patte unique. Mêlant à la fois la pop vintage, la new wave et l’electro, puisant leur inspiration dans des sources (parfois inavouables) des années 80, ils bâtissent une œuvre sonore intelligente en se servant de références anciennes pour les amener dans le présent, mais aussi pour s’affranchir des barrières culturelles musicales et de fait, créer une musique postmoderne. De l’art, tout simplement. Toujours aidés par l’indispensable Marie-Flore aux voix et aux textes, Baptiste et Clément prouvent une fois de plus qu’ils sont une force créatrice unique.

Que nous réservent ces neuf titres ? Eh bien ils sont dans la continuité des efforts précédents, tout aussi dansants, un peu sombres parfois, musicalement recherchés, et …frustrants. Bah oui, parce que neuf morceaux, c’est court, et donc on se les passe en boucle. Et puis, ils ont l’habitude de créer des chansons addictives, cet album n’échappe pas à la règle. Il y a certaines choses familières et d’autres inconnues, OMOH va donc continuellement chercher à aller plus loin et ne se repose pas sur ses lauriers. Composé, joué (avec la participation de Marie-Flore au chant, Gaël Galzin à la batterie, Léo Agapitos aux claviers et Martin Gamet aux percussions) et produit par eux-mêmes, Party In Paris a été mixé par l’infatigable Antoine Gaillet, responsable des sons de Julien Doré, Arman Méliès et bien d’autres figures amicales par ici. Alors c’est un pur bonheur que de se plonger dans ces morceaux avec certaines pépites fabuleuses.

Omoh Party In Paris band 1

Commençons par « Party In Paris » qui ouvre l’opus, c’est une chanson ensoleillée (avec ce titre, ce n’aurait pu être autrement !), de vacances, un morceau feel-good où on se sent bien, avant le sombre  « Beat » qui avait été dévoilé il y a quelques mois. Avec son feeling Angelo Badalamenti, on erre dans un univers interlope et sa construction musicale de plus en plus entraînante est un bonheur. Un titre addictif et un jeu de batterie remarquable par Gaël Galzin. « Thailand Confessions » est plus léger avec son refrain aérien, les voix de Baptiste et de Marie-Flore se complétant parfaitement. Travail impressionnant sur le paysage de « La Reconciliation », une belle construction avec des percussions bien senties et encore une batterie au top. « Away » montre une nouvelle fois la capacité d’OMOH à fabriquer des mélodies aériennes entraînantes et qui captivent dès la première écoute.

Omoh Party In Paris band 2

Le sommet de l’album arrive ensuite. « Subromantisme », seul morceau en Français, très cinématographique, rappelle le meilleur de Christophe, avec une batterie divine, des textures fabuleuses et une guitare (qui manquait un peu jusqu’alors) excellente. Un voyage de haute qualité, hypnotique. « Prelude » prend la suite avec un titre aussi réussi, aérien et envoûtant. OMOH sait tout aussi bien faire danser les corps que faire danser les âmes… « Pia », déjà présent dans l’EP Amour 3000, revient nous faire coucou et c’est sans aucun doute un très bon choix, avec son refrain addictif et toujours cette géniale dernière partie ! « Hold My Hand » ferme la marche avec un très bon titre plus langoureux cette fois-ci.

Omoh Party In Paris band 3

Baptiste Homo et Clément Agapitos, avec l’aide de Marie-Flore, ont diversifié leur album en montrant toutes leurs aptitudes musicales, et sont allés encore plus loin dans leurs compositions. OMOH a toujours été un concentré de pop et d’electro, avec une tendance au vintage, mais qui s’estompe dans Party In Paris pour laisser la place à un groupe en pleine possession de son art, avec une vision singulière et sortant des sentiers battus. Allons donc faire la fête à Paris avec eux, vous ne le regretterez pas !

https://omoh.bandcamp.com/

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Baptiste Homo et Clément Agapitos ont une nouvelle fois bien voulu répondre à quelques questions, histoire d’apporter un éclairage sur Party In Paris.

Fred Natuzzi : Qu’est-ce qui vous a poussé cette fois-ci à sortir un album et non pas un EP ?

Clément : L’envie de finaliser une période de nos vies, notre arrivée à Paris, nos déboires dans cette ville, nos fêtes, nos amours, conclure un cycle, pour mieux en commencer un autre. Du coup le format album correspondait mieux. On avait une bonne quinzaine de titres, sur un EP cela ne rentrait pas ! Finalement on en a gardé 9.

Baptiste : Oui, il y avait aussi l’envie de changer. L’envie de voir en plus grand. L’envie de dire qu’il y a eu un album du groupe OMOH. Et puis en effet d’une certaine manière, faire un point, synthétiser des années de création.

FN : Sortie uniquement en vinyle et en téléchargement, pourquoi pas une sortie physique en CD ?

C : Nous avons monté notre propre label pour faire cet album, on est sur une toute petite économie. On ne pouvait pas tout faire : CD, vinyles, digital. Moi je me dis que le marché du CD c’est peut-être un peu dépassé, alors à faire dans le passé autant faire un bel objet comme le vinyle non ?

B : Oui et puis nous adorons ce support, à la maison perso je n’écoute que ça. Et dans les transports je suis sur Deezer, donc c’est tout aussi cohérent avec nos vies quotidiennes.

FN : Cet album a-t-il été une partie de ping-pong musical comme vous me le précisiez lors de l’interview pour Is Leading Nowhere ? 🙂 Est-il plus le fruit d’un travail collaboratif de groupe ou bien restez-vous toujours un duo ?

C : La base de notre travail se fait toujours à deux, c’est du moins le point de départ, mais pour cet album, nous avons collaboré en plus avec nos proches amis. Marie Flore a prêté sa voix sur quelques titres et nous a aidés à écrire. Puis nous avons fait appel à Gaël Galzin pour les batteries et à Martin Gamet pour les percussions. Et enfin Léo Agapitos est aussi venu nous faire quelques claviers.

B : Oui, je dirais que ça a été sensiblement la même chose, on échange sur nos idées, nos envies. Il y a des moments ou nous travaillons chacun de notre coté mais nous mettons tout très vite en commun. Ensuite sur ce disque nous avons fait intervenir les copains musiciens, pour au final ne plus savoir vraiment qui a fait quoi. Le chemin est important, épanouissant mais ce qui compte pour nous c’est d’arriver a un résultat absolument parfait, quelque soit la manière de faire.

FN : Quel a été le fil directeur de cet album ? Quelle volonté avez-vous eu ? Aviez-vous une idée de départ pour l’atmosphère de l’album ?

B : Party in Paris c’est toute l’effervescence de nos premières années parisiennes posée sur un disque. Autant humainement que musicalement. Ce qui est marrant c’est que cette réflexion sur notre album est arrivée assez tardivement. Précisément au moment de choisir la tracklist finale. A la base nous avions prévu de mettre une quinzaine de titres sur cet opus, mais ce n’était pas cohérent dans l’ensemble. Alors nous avons fait des choix afin d’avoir une homogénéité dans le propos artistique ainsi que dans l’esthétique du son. C’est finalement cette réflexion-là qui nous a permis de comprendre l’axe et l’atmosphère dont nous avions envie dans ce disque !

Omoh Party In Paris band 4

FN : Quel est l’apport de Marie-Flore sur cet album ? Comment a évolué votre collaboration ?

C : Marie nous a aidés à écrire, et elle a bien sûr chanté, comme elle sait si bien le faire. Nous sommes en perpétuel échange avec elle, elle travaille sur nos projets comme nous intervenons sur ses projets. Récemment, nous l’avons aidée à produire son single « Braquage » par exemple.

B : Marie-Flore c’est notre muse haha ! Elle transforme nos visions brutes et notre anglais d’adolescent en formules poétiques et maîtrisées. Elle capte nos envies puis elle trouve les bons mots pour les exprimer. Et puis depuis le début de ce groupe, nous adorons la faire chanter. Elle a su prendre et faire rayonner la place féminine que nous avons toujours adoré laisser dans nos chansons.

FN : Comment est né « Subromantisme » qui pour moi est le meilleur morceau de l’album ? Le chant en français s’est imposé pour ce titre ?

B : Le Subromantisme est un mouvement littéraire et artistique indépendant qui a été créé par un ami qui n’est plus de ce monde aujourd’hui malheureusement. Cette chanson est un hommage à cet homme incroyable et a son œuvre. En effet, il n’y a eu qu’un seul jet d’écriture pour ce texte. Aucune correction, aucun questionnement. Cette chanson s’est imposée à nous.

FN : Comment construit-on des titres comme « Prelude » ou « Subromantisme » ? Antoine Gaillet vous y aide-t-il ?

C : Par le Chaos bien sûr !! Une vague idée, puis pleins d’accidents. On se laisse porter par les sensations sans trop réfléchir. Ce ne sont pas des morceaux pop dans le sens traditionnel « couplet-refrain », nous avons plus de liberté, moins de codes à respecter, et ça, on aime bien. Antoine vient mettre les formes dans cette expression libre, mais il intervient finalement très peu.

B : C’est marrant que tu prennes ces deux titres en exemple car nous avons quasiment fonctionné de la même manière pour les construire. Le point de départ est très personnel – Baptiste pour « Subromantisme » et Clément pour « Prélude » – le premier jet est déjà très proche de ce qui est sur le disque. Mais il y a tout de même une mise en commun, avec l’ajout ou la suppression de petits éléments de part et d’autre, afin que chacun s’y retrouve et se l’approprie. Antoine vient sublimer tout cela en y apportant une dernière touche sonore fine et léchée lors du mix.

FN : « Pia » est déjà présente sur Amour 3000. Pourquoi l’avoir inclus dans Party In Paris ?

C : Dans cette chanson, j’ai tenté d’expliquer mon désarroi devant cette ville austère. C’était un sentiment très présent quand je suis arrivé à Paris. La seule solution que j’ai trouvée pour le vivre mieux était tout simplement d’essayer. « Pia », c’est une sorte de rappel pour ne pas oublier qu’il faut toujours essayer et ne pas être pessimiste. C’était un peu notre devise lorsque nous sommes arrivés. C’est avec ce mindset là que l’on s’est mit à écrire, chanter, filmer, photographier. Et puis lorsque est arrivé le moment de choisir les titres, cela nous a semblé évident qu’elle en soit. Si nous n’avions pas essayé, nous n’aurions pas fait d’album.

B : Oui, même si « Pia » était déjà sur l’EP Amour 3000, elle avait sa place sur cet album. C’est notre liant, notre chanson transition, quand nous basculons entre les deux univers de la fête parisienne. Entre jour et nuit, ou inversement.

FN : La pochette est géniale, pourquoi avoir choisi celle-ci et que représente-t-elle par rapport à l’album ?

B : Merci !! Nous en sommes très fiers ! C’est notre ami Thomas Ibars qui a choisi cette photo parmi toutes celles qu’on lui a envoyé. A la base nous voulions une pochette très personnelle et donc avoir comme point de départ notre propre travail visuel et comme je fais un peu de photographie, Thomas nous a demandé de faire une sélection parmi mes clichés. Cette photo c’est la représentation de notre idéal romantique de soirée parisienne : « prendre un taxi en pleine nuit pour aller voir la mer ».

Omoh Party In Paris band 5

FN : Baptiste, peux-tu nous parler de Pointe Noire, ton autre projet ?

B : Yes avec plaisir ! Pointe Noire c’est un groupe de rock, un peu post rock, un peu indé … bref c’est sombre et grinçant. J’ai monté ce groupe avec Gauthier Quatelas, Gael Galzin et récemment Léo Agapitos qui nous a rejoint. C’est ma cour de récré brute et dark. Quoi que j’y vois de plus en plus de similitude avec mes autres projets maintenant.

FN : Comment composes-tu pour Pointe Noire par rapport à OMOH et par rapport à tes titres perso ?

B : Oula ! C’est justement mon questionnement en ce moment ! En fait je crois que je compose sans trop savoir pour quel projet cela sera destiné. En général je fais tout écouter à Clément parce que nous partageons le même studio d’enregistrement et puis c’est chouette d’avoir un avis extérieur. Du coup, certaines chansons deviennent « OMOH » assez naturellement, d’un commun accord après des échanges et surtout un feeling commun sur la mélodie, le sens … Par exemple, j’ai écrit pas mal de choses l’été dernier pour mon projet solo Tiste Cool. Après écoute, nous avons tout simplement trouvé que c’était très personnel et que cela n’avait pas sa place dans notre duo ! Clément me propose beaucoup de choses aussi, c’est aussi cela qui fait notre richesse et notre complémentarité. L’apport de Clément est toujours méga bien produit en plus, du coup c’est un process inverse, j’interviens pour déconstruire et salir haha. D’ailleurs Clément, les chansons qu’on ne va pas prendre pour la suite d’OMOH, tu vas t’en servir pour ton projet Pernovitc ?

C : Haha ! Qui sait !!

FN: Du coup, OMOH is definitely NOT leading nowhere ! Vous étiez assez pessimistes à cette époque, non ? Comment voyez-vous maintenant l’avenir d’Omoh ? Des scènes à venir ?

B : L’avenir d’OMOH est incertain et il le sera toujours. C’est comme ça qu’on aime vivre notre groupe. Entre nos projets persos, tout notre travail de prod et de composition pour d’autres artistes, nous vivons OMOH au fil des dispos, des envies de chacun, sans jamais rien prévoir. Finalement je dirais que OMOH is Leading Nowhere est l’essence de notre duo, mais cela est dorénavant totalement assumé et surtout très heureux.

C : Amen.

Propos recueillis par Fred Natuzzi (décembre 2018)

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