XII Alfonso – Charles Darwin

Charles Darwin
XII Alfonso
2012
Autoproduction

XII Alfonso – Charles Darwin

Respect ! C’est le maître mot qui vient à l’esprit lorsque d’une part, on regarde l’objet, un superbe coffret 3 CD’s luxueusement illustré par des dessins, croquis, peintures, photos et paroles du concept, et d’autre part quand on considère la masse énorme de travail accumulée ici, tant au niveau de la recherche historique que des compositions, variées, pointues musicalement, et d’une limpidité éblouissante. La cerise sur le gâteau, c’est l’imposante liste de guests, comme on le détaillera plus bas ! Après avoir raconté la l’épopée artistique du célèbre peintre impressioniste de Claude Monet, les frères Claerhout se sont passionnés pour la vie et l’œuvre de Charles Darwin et ses fameuses théories de l’évolution. Il leur a fallu 3 années entières pour réaliser et finaliser ce projet monumental. Les 3 disques développent chronologiquement et avec détails les jeunes années de Darwin et son éveil à la connaissance, l’exploration de différents continents, le travail considérable qui consiste à répertorier et cataloguer les différentes espèces, l’élaboration de ses théories, la vie familiale du scientifique, son point de vue conflictuel avec la religion, et enfin sa place dans la société de l’époque et la fin de sa vie. Une œuvre fleuve de 3 heures, largement instrumentale, qui nous emmène dans un voyage spatio-temporel de grande classe. Le livret est magnifique, et des citations de Darwin ou un résumé de son voyage sont notés à chaque partie instrumentale, afin de former un tout biographique complet. D’une grande clarté, on navigue dans la vie de cet homme comme dans un roman musical.

A la croisée du progressif, de la world et de la pop, la musique est tour à tour atmosphérique, celtisante, envoûtante, Oldfieldienne ou Camelienne, avec de beaux soli de guitares ou de claviers. On pense aussi beaucoup à l’univers d’Anthony Phillips et à la beauté de ses guitares acoustiques, puis à d’autres endroits à Alan Parsons ou Jethro Tull. La multiplicité des instruments utilisés (dont de nombreux traditionnels ou « ethniques ») impressionne, tant et si bien qu’une partie du livret leur est intégralement dédiée, insufflant un côté pédagogique et passionné fort bienvenus ! Seul bémol à l’entreprise, le choix de relater des choses aussi « banales » que la maison de Darwin, ou de décrire sa vie quotidienne, enlève peut-être un peu d’intérêt à l’histoire, et du coup, quelques longueurs se ressentent. Cependant, au vu de la qualité d’ensemble, cela passe facilement. La virtuosité de l’interprétation nous emporte dans ces mondes exotiques visités par Darwin, ou encore illustre une variété d’espèce, voir une théorie, avec une efficacité sans pareil, comme, par exemple, « Straits Of Magellan », « Tierra Del Fuego » (de la pop exotique planante !), « Strange Fossil », « The Island Of Devil’s Riding School », « Beloved Cirripedia », « Salting The Seeds », « On The Origin Of Species » (et les superbes vocaux de la très grande chanteuse vietnamienne Huong Thanh), ou encore « Last Human Common Ancestor », splendidement médiéval. A la fois world, progressive ou jazzy, c’est un véritable melting pot musical et culturel qui nous est offert. Et que dire des « Collection » qui lient les différentes parties entre elles, toutes magnifiques !

Finissons par évoquer quelques-uns des invités prestigieux de ce projet, tout en sachant que pas moins de 54 musiciens ont participé à cette ouvrage monolithique ! Nous retrouvons le fidèle Mickey Simmonds (Fish) aux claviers, David Paton à la basse (Kate Bush, Alan Parsons…), aux guitares, Tim Renwick (qui a accompagné Pink Floyd sur scène à maintes reprises), Francis Dunnery (ex-It Bites), Robin Boult (Fish), Ian Bairnson (Alan Parsons, Kate Bush, encore !), à la flûte Stéphane Ducassé, John Hackett et Terry Oldfield (les frangins de qui vous savez), au saxophone l’éminent John A. Helliwell (Supertramp) et Raphaël Ravenscroft (Jerry Rafferty, David Gilmour), au chant Maggie Reilly (Mike Oldfield), Elliott Murphy, notre Gérard Lenorman national (si si !), Ronnie Caryl (Phil Collins) ou encore Alistair Gordon (Tony Banks). Et la liste est encore longue ! Terminons par évoquer la mémoire du batteur Thierry Moreno, décédé en Septembre 2011, au jeu très varié et remarqué. Pour un voyage dépaysant, culturel et historique, optez pour cet album qui saura vous emmener loin, très loin…

Fred Natuzzi (8/10)

http://www.xii-alfonso.com/

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