White Willow – Ex Tenebris

Ex Tenebris
White Willow
2014
Termo Records (Expanded Edition)

Ex Tenebris

On ne chôme décidément pas du côté de chez Termo Records, le label de White Willow. Un an tout juste après avoir réédité, en grandes pompes, son superbe premier opus « Ignis Fatuus« , publié à l’origine en 1995, Jacob Holm-Lupo s’attaque aujourd’hui à la réhabilitation du spleenétique « Ex Tenebris » datant pour sa part de 1998. Conçu à l’origine comme une œuvre personnelle suite à la dissolution de la première mouture de White Willow, « Ex Tenebris » se révèle beaucoup plus sombre que son prédécesseur. Avec des paroles aussi drôles qu’une panne d’essence en plein hiver, cet album possède tous les atouts nécessaires pour enthousiasmer la frange la plus ouverte d’esprit des fans de rock mélodique. Renforcé par Mattias Olsson, le batteur du mythique Änglagård, le groupe norvégien y délaisse, en règle générale, les longues plages éthérées de son prédécesseur au profit d’une approche musicale beaucoup plus sombre et resserrée (citons « The Thirteen Days », aux délicats arpèges de guitare acoustique et au mellotron fluté évanescent, le martial « A Strange Procession » ainsi que le bouleversant instrumental « Soteriology »). Les instruments analogiques (piano, theremin, orgue, mellotron, flute à bec, etc…) sont toujours à l’honneur sur les sept titres structurant cette œuvre au noir, écrite et arrangée avec le plus grand soin. Sans renier pour autant ses premières amours folk-symphoniques (la jolie ballade « Helen And Simon Magus »), la formation s’engage bien souvent dans les eaux d’une pop rock mélancolique et aventureuse dont Paatos fera bien plus tard son miel (le titre d’ouverture « Leaving The House Of Thanatos », évoquant un détonant mélange entre le folklore scandinave, King Crimson et The Third And The Mortal).

White Willow

Le chant, très fouillé et varié de la belle Sylvia Erichsen (hélas plombé, sur certains passages, par les vocaux évoluant à l’extrême limite du hors jeu de son compagnon Jan Tariq Rahman), transcende alors avec grâce des mélodies évanescentes emplies de tristesse et d’émotion (l’époustouflant et unique epic « A Dance Of Shadows »). Bien dans sa peau et dans l’air de son époque (la fin des nineties donc), le combo s’offre par ailleurs quelques expérimentations sonores des plus jouissives, comme sur le martial « A Strange Day » aux climats quasiment suicidaires. Bénéficiant d’une nouvelle pochette, d’un packaging luxueux (digibook trois volets), d’un livret magnifique et d’un son colossal, cette mouture 2014 de « Ex Tenebris » s’avère tout bonnement remarquable d’autant qu’elle nous offre, en guise de cerise sur le gâteau, quatre inédits très intéressants.

Penchons nous sur ceux-ci sans plus tarder. En raison de sa nature, le White Willow de cette période s’est très peu produit sur scène. Le ProgFest 1995 fut l’un de ces rares moments capturés sur le vif. En voici un autre sur ce CD, sous la forme d’une version live de « Leaving The House Of Thanatos ». Dans ce contexte, l’on excusera volontiers une prise de son loin d’être idéale. Outre cette remarquable performance, datant de 2001, l’on retrouve trois maquettes inédites de belle facture. Bien que souffrant des limitations inhérentes à toute démo, ces titres peuvent tout à fait être appréciés en l’état. Enregistrés en quatre-pistes avec une formation légèrement remaniée, ils préfigurent déjà ce que sera le troisième album, « Sacrament » (2000). « The Last Rose Of Summer » sera d’ailleurs réenregistré pour être inclus sur ce dernier. Mais ceci est une autre histoire…

Vous l’aurez compris, la suite des rééditions remasterisées du back-catalogue de White Willow arrive à grands pas. Tellement vite, d’ailleurs, que la tranche du magnifique digibook du second opus « Ex Tenebris » affiche déjà le titre du troisième, « Sacrament » ! Un sacré sens de l’anticipation… L’on ne tiendra pas rigueur à Jacob Holm-Lupo et sa troupe de « joyeux drilles » pour cette petite erreur, sans doute l’une des rares que l’on pourrait reprocher à ce petit chef-d’œuvre de l’école progressive scandinave. Place donc au susmentionné « Sacrament » très bientôt !

Bertrand Pourcheron (8/10)

http://www.whitewillow.info/

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