White Willow – Ignis Fatuus

Ignis Fatuus
White Willow
1995 /2013
Laser’s Edge/Termo Records

White Willow – Ignis Fatuus

La Scandinavie a abrité, cela ne constitue un secret pour personne, ce qui s’est fait de meilleur en matière de rock symphonique ambitieux et original durant les nineties (citons, dans le désordre, les joyaux enfantés par Anglagard, Anekdoten, Landberk, The Flower Kings ou encore The Third And The Mortal – la liste est loin de se vouloir exhaustive). Forts de cet illustre patrimoine génético-musical, les jeunes éphèbes norvégiens de White Willow nous ont délivré à leur tour, en 1995, une première réalisation en tous points remarquable, qui vient d’être rééditée dans une version entièrement remasterisée par Jens Petter Nilsen, lequel a effectué un travail remarquable sur le relief et la clarté sonores. Soulignons aussi que ce bel objet est présenté dans un deegisleeve luxueux doté d’une nouvelle pochette auréolée de mystère avec, en sus, un CD bonus bourré jusqu’à la gueule de démos, d’inédits, de titres live, d’une reprise du « Moonchild » de King Crimson ainsi que d’une biographie exhaustive signée d’une plume de maître par Sad Smith, journaliste au fameux magazine Classic Rock Presents Prog.

« Ignis Fatuus » compile, en l’espace d’un peu plus d’une heure, les principaux enregistrements studio réalisés entre 1992 et 1994 par ces dignes représentants de la péninsule nordique et offre, de ce fait, un très intéressant panorama synoptique d’un répertoire déjà fort riche placé sous le double signe de l’évolution et de la fusion. Evolution, tout d’abord, car rares sont les formations à rester deux ans en place, en se contentant de recycler à l’infini les mêmes ingrédients climatiques (l’immense différence existant entre la version démo de « Till He Arrives » et sa mouture finale en atteste). Evolution encore, tant les musiciens œuvrant sur ce CD autour des inamovibles Jacob C. Holm Lupo (guitare), Jan Tariq Rahman (claviers, backing vocals) et Sara Trondal (chant, et quel chant !) sont légion, brassant des sonorités et des couleurs variées et richement complémentaires.

Fusion donc enfin, cultivée comme un devoir être par un combo étonnamment mature et large d’esprit (ses influences avouées allant de King Crimson à Univers Zéro en passant par Dead Can Dance, Renaissance, Magma, la musique baroque et le black metal) qui distille, avec un plaisir jubilatoire, une alchimie mélancolique et ténébreuse. Mixant une instrumentation progressive des plus classiques (batterie, basse, guitare et une ribambelle de claviers analogiques) avec une palette acoustique d’une étonnante densité (violon, flutes, whistles, pipes, violoncelle, etc…), les membres de White Willow empruntent volontiers des chemins mélodiques brumeux et bucoliques.

Citons ainsi les superbes « Snowfall », « Till He Arrives » ou « Signs » (avec une mention spéciale pour les vocalises diaphanes de la belle Sara Trondal), à côté desquels éclatent à intervalles réguliers des orages électriques embrasés (les renversants « Cryptonemesis » et « John Dee’s Lament », avec leur violon virtuose et leur guitare torturée s’engageant dans des sabbats infernaux).

On tient donc là un coup d’essai digital en forme de coup de maître qui assied, en tout état de cause, l’énorme potentiel d’un groupe qui a largement confirmé, par la suite, les immenses espoirs placés en lui.

Bertrand Pourcheron (9/10)

http://www.whitewillow.info/

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