Weather Systems – Ocean Without A Shore

Ocean Without A Shore
Weather Systems
Music Theories Recordings
2024
Fred Natuzzi

Weather Systems – Ocean Without A Shore

Weather Systems Ocean Without A Shore

Qu’est-ce que j’ai aimé Anathema ! Ce groupe m’a promené, bercé, projeté, dorloté, réconforté dans sa musique faite de tourbillons émotionnels. L’émotion, ce moteur vers la lumière, Anathema en regorgeait. Dans sa seconde partie de carrière, le combo des frères Cavanagh a explosé en mariant rock atmosphérique, progressif et post rock, provoquant ainsi une fusion qui n’appartenait qu’à eux. D’ailleurs, on a reproché au groupe d’utiliser toujours la même recette. Il n’empêche qu’à l’annonce de la mise en sommeil d’Anathema, nous avons ressenti un vide, un manque. La covid a eu raison de la formation britannique, sans doute également les problèmes financiers et internes, mais Daniel Cavanagh n’a pas dit son dernier mot. En effet, cette musique, il la porte en lui et refuse de voir s’éteindre ce qu’il a contribué à créer. Il fonde donc un nouveau groupe : Weather Systems. Ce nom n’est inconnu de personne puisqu’il s’agit là du titre d’un album d’Anathema sorti en 2012 et qui porte haut les couleurs du combo. Pour Danny Cavanagh, il est leur meilleur effort et pour rendre hommage à ce travail, il redémarre l’aventure avec ce nom. En même temps, 80 % de la musique présente sur Ocean Without A Shore prédate la séparation d’Anathema. Daniel Cavanagh affiche alors ses intentions : continuer à jouer la musique qu’il aime sans trop dénaturer son propos. En effet, nous retrouverons des constructions communes avec d’autres morceaux connus, et même des suites de titres anciens, notamment de Weather Systems. Si vous étiez fans, vous serez en terrain connu. Si vous n’aimiez déjà pas à l’époque, vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin !

Pour créer ces ambiances éthérées, mais aussi heavy par moments, Daniel Cavanagh retrouve le batteur Daniel Cardoso, et invite Soraia Silva à partager le chant. Les dialogues de voix masculines et féminines sont de mises. Ils ont fait leur preuve. Le voyage commence avec les neuf minutes de « Synaesthesia » et l’on retrouve immédiatement le son que l’on connaît si bien. Le batteur virevolte, le riff de guitare tourne en boucle, les voix sont en chœurs, puis vient le calme avant une tempête électrique qui nous amène progressivement à une résolution. La mélancolie règne sur sa seconde partie qui possède une superbe envolée de guitare. On voit bien l’influence qu’a pu avoir Anathema sur des groupes comme The Pineapple Thief ou Blackfield rien qu’à l’écoute de ce titre magique. « Do Angels Sing Like Rain ? » a un rythme qui s’emballe au fur et à mesure que la chanson avance dans une urgence palpable. Une construction jouissive comme Daniel sait les faire. Typique d’Anathema, et je pourrais répéter cela assez souvent dans cette chronique ! « Untouchable Part 3 », ça y est, on y est, la suite de ce fabuleux morceau que l’on trouvait dans Weather Systems. Ces notes de piano d’ouverture mettent le frisson d’emblée. J’ai tellement vibré avec ce titre. Cette troisième partie ne fait pas exception. C’est amusant, ces ambiances me font penser à Nick Cave (en plus exaltées que lui bien sûr) et ce qu’il a créé avec Ghosteen par exemple. Une solennité alliée à la beauté pour célébrer, mais aussi exorciser une peine. Ici, la voix de Soraia Silva prend toute sa place et illumine la chanson. Mais je ne peux m’empêcher de me demander s’il était nécessaire de créer cette nouvelle suite qui, finalement, n’amène rien de neuf. « Ghost In The Machine » se développe sur une rythmique prenante, atmosphérique à souhait, avant d’accélérer son propos, avec son lot de thèmes répétés si chers à la musique d’Anathema. Une suite est donnée à « Are You There ? » de A Natural Disaster de manière acoustique au début, puis s’envole avec cette guitare électrique aérienne sur une rythmique heavy et un batteur en état de grâce. La beauté est toujours là, du grand art. Cependant, même réflexion qu’avec  « Untouchable Part 3 » : l’intérêt est limité.

Weather Systems Ocean Without A Shore Band 1

La seconde partie du disque démarre ensuite avec « Still Lake ». Le travail au piano est superbe, les voix en chœurs ou se répondant nous transportent, et la construction bouillonnante du morceau nous tient en haleine. L’intervention explosive de la guitare est purement jouissive. Un must. « Take Me With You » est une ballade atmosphérique, un dialogue homme-femme qui se sublime dans la deuxième moitié de la chanson. Peut-être le moment qui a le moins de force émotionnelle pour ma part, bien que la guitare ait toujours cet impact exalté que j’aime profondément chez Cavanagh. « Ocean Without A Shore » me rappelle la parenté avec Antimatter sur ces atmosphères tristes tricotées avec quelques notes et un thème répétés. Trois minutes plus tard, le morceau trouve une échappatoire électronique superbe et le tout décolle vers la lumière. Enfin, « The Space Between Us » conclut cette livraison avec solennité. Des vocaux tribaux parsèment le titre et la voix de Daniel Cavanagh se rapproche de celle d’un Mikael Åkerfeldt d’Opeth, claire bien entendu ! Un final sans esbroufe, mais dans la lignée atmosphérique du disque.

Weather Systems Ocean Without A Shore Band 2

On ne peut pas dire que Daniel Cavanagh ne soit pas nostalgique de la période Anathema. Alors, il nous invite à repartir avec lui sur la route de cette musique émotionnelle dont la recette est éprouvée. Pas ou peu de nouveautés ici, mais je ne pense pas que c’est ce que les fans avaient envie d’entendre. Même s’il est vrai que les soli de guitare ne sont jamais techniques, cette simplicité fait la force de cette musique qui continue de m’emmener loin, de me faire décoller les pieds de terre, et de me faire vivre des émotions comme rarement je peux en vivre en musique.

https://weathersystems.bandcamp.com/album/ocean-without-a-shore

 

2 commentaires

  • Je suis tombée sur votre blog par hasard et votre liste de tops.
    Un grand merci pour la découverte de Weather Systems et de ce titre « Synaesthesia » qui est définitivement ma boucle de ce début d’année 2025 avec « How did we get there? » de Last train
    Merci !

    • Frédéric Natuzzi

      Merci beaucoup Anne pour votre commentaire ! En espérant que vous reveniez de temps en temps lire nos chroniques 😉

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