The Pineapple Thief – It Leads To This

It Leads To This
The Pineapple Thief
Kscope
2024
Fred Natuzzi

The Pineapple Thief – It Leads To This

The Pineapple Thief It Leads To This

L’arrivée de Gavin Harrison en 2016 dans The Pineapple Thief a changé la donne. En effet, le groupe de Bruce Soord, en existence depuis 1999 et très prolifique, cherche à se renouveler et à se trouver réellement. Cela a toujours été le problème et la qualité de ce combo britannique. Comment trouver son identité alors que l’on vit souvent dans l’ombre d’un Porcupine Tree ? Aussi, intégrer Gavin Harrison, le batteur de Porcupine Tree, a donc été la solution paradoxale pour évoluer et se démarquer. Pour autant, ce quatrième opus avec Harrison n’est pas celui qui va les faire grimper une marche supplémentaire sur l’autel du rock, qu’il soit atmosphérique ou progressif. Par contre, en termes d’exposition et en popularité, là, c’est gagné, la présence du batteur emblématique apportant son lot de fans avec lui. On pourrait distinguer trois grandes périodes dans la vie de ce groupe. La première allant des débuts à What We Have Sown en 2007 où le planant se mêlait au progressif, en privilégiant les atmosphères éthérées. Pour ma part, Variations On A Dream, 10 Stories Down et Little Man représentent la période dorée des Anglais. La deuxième de Tightly Unwound (2008) à Magnolia (2014), le son évolue et se durcit, abandonnant peu à peu ce qui pour moi faisait le sel du groupe. Même si Bruce Soord est un excellent auteur compositeur, j’ai adhéré beaucoup moins à cet aspect de sa musique. Enfin la troisième, avec l’entrée en scène d’Harrison. Là, le ton change à nouveau, laissant la place depuis l’excellent Your Wilderness en 2016 à un rock atmosphérique très travaillé, autant minimaliste qu’impactant lorsqu’il le faut.

Avec ce nouvel opus, It Leads To This, on n’a pas vraiment bougé de cette direction. Huit titres ciselés avec précision, chaque son est maîtrisé, chaque silence a une signification. Bruce Soord a impliqué Harrison dans la composition cette fois-ci, et cela s’entend. Il a une patte, un son bien à lui, et il en abuse par moments. Cela renvoie à Porcupine Tree, encore, mais la teneur du propos l’en éloigne. On oublie également les tics plaintifs à la Thom Yorke et The Pineapple Thief présente son univers à part entière. Est-ce suffisant ? Pour ma part, It Leads To This recèle d’excellents moments, mais bien d’autres restent plats. Et en live, puisque j’ai pu les voir le 23 février dernier à l’Elysée Montmartre, c’est la même chose. Les titres qui se démarquent sur le disque sont amplifiés sur scène, les autres, bien exécutés, ne soulèvent que peu d’émotions. Trop froid cet album ? Peut-être. Bruce Soord nous ressert les mêmes obsessions sur l’état du monde et comment nous le laisserons à nos enfants. Évidemment, ce n’est pas gai, mais ça on en a l’habitude !

The Pineapple Thief It Leads To This Band 1

« Put It Right » ouvre l’opus calmement et déroule son paysage sonore, réminiscence des derniers albums. Bruce Soord sait s’y prendre pour construire ses morceaux, et la recette sera souvent répétée tout au long du disque. Atmosphère tristounette marquée par les notes de piano, sur fond de jeu délicat sur les cymbales, guitares froides peu bavardes, basse pesante soutenant le tout. « Rubicon » est beaucoup plus dynamique, avec une batterie plus lourde. Une atmosphère à la violence contenue, avec de très belles parties de guitare et une batterie omniprésente. « It Leads To This » revient à une chanson typique du minimalisme Soordien. C’est fluide et admirablement bien construit. Les montées en puissance sont maîtrisées et chacun apporte progressivement sa touche. En enchaînant avec « The Frost », on retrouve les mêmes éléments musicaux, marquant l’unité de cette galette. Il n’empêche que le manque de diversité commence à se faire sentir. L’atmosphère de « All That’s Left » ne fera pas plus décoller l’album malheureusement, malgré une belle intervention à la guitare en milieu et fin de titre. « Now It’s Yours » est très finement exécuté et l’ensemble se montre très charismatique. Sa partie finale instrumentale rappelle les velléités progressives du groupe. « Every Trace Of Us » vaut pour une belle présence des guitares et un superbe jeu de batterie. Puis, « To Forget » ferme la marche, guitare acoustique en avant, calme et atmosphérique, avant une partie plus heavy mais très courte et qui sera reprise à la fin du titre.

The Pineapple Thief It Leads To This Band 2

Ce dernier effort de The Pineapple Thief aura attendu quatre ans (au lieu des deux réglementaires) pour cause de covid pour voir le jour. Pour autant, il ne tranche pas avec les précédents opus et reste dans la droite lignée du rock atmosphérique et progressif. On peut se lasser de ce qu’a à offrir le combo sans pour autant rejeter les qualités indéniables de compositeur de Bruce Soord. Pour ma part, je l’ai trouvé beaucoup plus convaincant dans Luminescence, son dernier album solo, qu’ici et j’avoue que j’attends un peu plus de ce groupe qui se repose un peu sur ses lauriers.

https://www.pineapplethief.com/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.