Warsaw Was Raw – Sensitizer

Sensitizer
Warsaw Was Raw
2014
Three One G/Musicfearsatan

Warsawwarsaw-Sensitizer

Il s’en passe des choses au fin fond des caves parisiennes, au milieu des bouteilles de vins du grand oncle, du mini train électrique rouillé de pépé Raymond et du service en porcelaine de mamie Odette sous la tonne de cartons moisis. Si on ouvre la bonne porte, digne d’un bunker sous bombardement, on peut aussi trouver des groupes qui facilitent les mises en demeure, ainsi que les travaux de la maréchaussée. Le gang dont je vous cause aujourd’hui en fait partie justement, ce qui, faut avouer, tombe plutôt bien. Courte histoire : Warsaw Was Raw à la base, ils étaient cinq, maintenant, ils ne sont plus que deux. Point de vue rétrécissement des effectifs, ça se pose là. Un batteur épileptique dingo secondé d’un guitariste hurleur fou, c’est ce qui reste, et c’est sûr, pas de guerre en vue pour grignoter l’espace de l’autre, de toute façon le terrain est préparé, érigé même. Qu’on soit bien clair, sous cette pochette rose (et ce gros point noir anthropométrique) se cache l’éjaculation bruitiste la plus radicale de l’année (au même titre qu’un Full Of Hell vicelard ou d’un Gridlink dominateur, sans oublier les sorties les plus extrêmes de Throatruiner Records). Et avec les parisiens, cela sonne comme un rejeton bien mécontent des vrillés du carafon The Locust. Aussi, on a droit à une pulvérisation mignonnette des codes de la gentillesse.

« Sensitizer » passe pour un long titre fragmenté en dix-sept pistes toutes aussi barrées les unes que les autres, histoire de ne rien louper au concept et de se remettre (hé oui !) certains titres afin de bien saisir toute l’ampleur de la défragmentation auditive. Par contre, c’est un feu d’artifice. De l’éraillement, de la violence pure, d’ailleurs mon compteur de violençomètre a littéralement fondu, comme ce fut le cas aussi pour les parties les plus brutes de Converge (en gros, pas obligé de les voir en live pour se manger une mandale !) et tout ce pan du mouvement power-violence. Doudididada Douuuu di di dada, c’est le grind, c’est le core, c’était l’interlude GRINDCORE, Doudididada Douuuu di di dada poum pouf… Bip bip… Fin des interférences. Mais en plus, vous rajoutez un esprit purement et sauvagement noise-rock, celui des années 90, festif et sans limite, appelant à la copulation des sens, des fluides et du son avec des passages bien sludge à mort (du genre la pelle terreuse qui racle le sol pour être sûr qu’il n’y a pas un trésor caché sous les dalles datant de la dernière guerre), et vous tenez là le petit manuel parfait du furoncle pour les nazes.

Warsawwarsaw Band

Et cet album, qu’est-ce qu’il est fun, nom d’une molaire déchaussée ! Je veux bien croire qu’aligner deux termes aussi opposés que fun et violence ne soit pas courant pour le commun des individus bien formés mais, bordel, ce skeud, c’est un vrai plaisir de gourmet, du cinq étoiles, tellement qu’il est addictif et effrayant à la fois. Authentiquement pour les freaks qui sommeillent en chacun de nous avec ses petits détails qui font mouche (rebonds d’une baguette sur une caisse claire), cette alternance de titres véloces et courts avec d’autres plus étirés et machiavéliques. Et ça marche, tudieu ! Dès le premier album, ça envoie du lourd.

Quelque part, les gars de Warsaw Was Raw ne se prennent pas la tête avec des tournures et des rythmiques, qui elles, se prennent bien le chou, et c’est ça qui en fait toute sa fascination. Déroutant, insolite, espiègle et bourrin comme on aime (en tant que « gentil terroriste taquin qui fait chier le voisin »), « Sensitizer », pourrais-je simplement te dire que je te kiffe ?

Jérémy Urbain (8/10)

https://www.facebook.com/warsawwasraw

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