Waiting For Words – Egocracy

Egocracy
Waiting For Words
Foundry Records
2018
Frédéric Gerchambeau

Waiting For Words – Egocracy

Waiting for words Egocracy

Signés sur le label anglais Foundry Records peu de temps après leur performance au Bataclan en 2008, Waiting For Words se distingue clairement du mouvement électro-clash/synthpop de par son passé rock et un gros feeling pour le live, qui, même avec des instruments électroniques, séduit autant le public fan de musique électronique que celui amateur de pop/rock. Waiting For Words prouve un don pour composer des pop songs parfaites qui s’améliore d’année en année, avec des titres entraînants et instantanément mémorisables, cultivant une mélancolie sombre et extrêmement bien produits. Ces titres amènent une fraîcheur à un style trop souvent limité par le poids des influences ou des rythmes plus ou moins robotiques. Waiting For Words ne prête pas attention à ce qu’on pense de ceci ou de cela chez lui et poursuit sa route. Les influences sont certainement là, mais très bien assimilées et un son unique, propre au groupe a émergé : des batteries et percussions électroniques et live, une voix charismatique et des synthés originaux. Leur expérience scénique – certainement un des groupes de la scène synth française qui tourne le plus – mixée à une superbe production ont fait franchir à Waiting For Words en peu d’années encore plusieurs niveaux dans leur carrière.

Tombé dans la new wave depuis tout petit, Waiting For Words nous propose, malgré une mode qui ne souffle pas de leur côté musical, des morceaux dans la plus pure tradition Depeche Mode. A tel point d’ailleurs qu’ils se permettent de reprendre et de personnaliser avec une réussite certaine le titre « The Sun And The Rainfall ». Pour eux, la reprise d’un titre de Depeche Mode est une signature sans ambiguïté et définitive, et donc un risque à prendre. Car, comme ils le disent eux-mêmes : « Les fans de Depeche mode sont impitoyables. Si un groupe fait du copier-coller, il se fait laminer en cinq secondes. Comme ces fans nous recevaient positivement, percevant l’influence de Depeche Mode mais aussi notre propre style, c’est flatteur. » Les morceaux de Waiting For Words ont un réel et fort potentiel et la voix s’adapte parfaitement à ce registre, rappelant encore une fois les grands frères anglo-saxons. Bien structurés, ils s’harmonisent dans des albums new wave bien affirmés même si ceux-ci optent plutôt pour un mélange de couleurs pop, rock, électro avec le goût, sinon de la révolution, de l’ambiance travaillée, de la qualité et une élégance légèrement dandy. Waiting For Words a le mérite de continuer à faire sa musique et à perpétuer un style musical malmené depuis plusieurs années.

Waiting for words Egocracy band 1

D’album en album, on trouve chez Waiting For Words des références musicales à des groupes comme Orchestral Manoeuvres in The Dark, Depeche Mode ou même Pet Shop Boys. On trouve aussi quelques sonorités plus techno et EBM. Quelles sont donc les réelles influences de Waiting For Words ? Réponse de ZeN : « Elles sont plutôt variées. Bien sur, les groupes comme Orchestral Manoeuvres in the Dark, Depeche Mode ou même Pet Shop Boys font partie de notre « patrimoine génétique ». Je ne suis pas branché plus que ça sur l’EBM et la Techno. J’aime beaucoup Nitzer Ebb par exemple, mais j’ai plus de mal avec les trucs un peu plus durs comme Front 242. Quant à la techno, j’ai baigné dans le monde des raves pendant toutes les années 90, alors j’ai eu ma dose ! J’aime plus l’electro ambient, minimale, un peu chill out. Sinon, toute la New Wave bien sûr, de Talk Talk à Marc Seberg, Cure et Siouxsie, mais aussi des styles plus soul, groove… Ce qui m’attire le plus, c’est avant tout l’âme et la mélodie. Je suis très fan de Marillion ou Pink Floyd… Orchestral Manoeuvres In The Dark est pour moi l’un des groupes, probablement avec Duran Duran, les plus sous-estimés de l’histoire de la pop. Ils ont écrit quelques unes des plus belles chansons pop qui soient et leurs deux albums Architecture & Morality puis Dazzle Ships sont de vrais monuments. C’est assez étrange d’ailleurs de graviter dans leur entourage depuis quelques années. Notre manager est assez proche d’Andy McCluskey, j’ai rencontré Paul Humphreys il y plus de trois ans maintenant, Malcolm Holmes est venu d’Angleterre pour nous voir jouer samedi… on m’aurait dit un truc pareil y a vingt ans, j’aurais conseillé l’hôpital psychiatrique le plus proche ! »

On devine d’autres références électroniques au sens large chez Waiting For Words. On a même vu un « The Chauffeur » sur le tracklisting de leur troisième album. Y’aurait-il du Nick Rhodes dans l’air ? Ou encore d’autres artistes ou titres particulièrement adorés ? Réponse de ZeN : « Effectivement, on a repris « The Chauffeur » sur le troisième album. Nick Rhodes est bien sûr une référence absolue dans le traitement des synthés et de la production. En références électroniques, j’imagine que l’on ne va pas être très original en citant les Kraftwerk, Orchestral Manoeuvres In The Dark, Depeche Mode, Human League et les leaders de la Synthpop, tels que Camouflage ou De/Vision… Mais bon, pas que ça non plus. J’aime bien la White Soul de la seconde moitié des 90’s, comme Simply Red, Hipsway ou Blow Monkeys, du rock un peu progressif, Marillion, Genesis, Pink Floyd, la New Wave des Simple Minds, Tears For Fears et autres Cure… »

Waiting for words Egocracy band 2

Et quand on leur dit qu’il n’en demeure pas moins que Waiting For Words officie dans un univers new wave très marqué et ne cache pas l’influence majeure de Depeche Mode, et que cela peut constituer un inconvénient car actuellement la new wave n’a pas bonne presse, la réponse fuse : « Elle n’a pas bonne presse mais quand on regarde Indochine, c’est plus d’un million d’albums vendus, le come back de Duran Duran pour vingt cinq dates sold-out dont cinq Wembley et Sony vient de leur signer un contrat de 42 millions de dollars, Tears For Fears dont le projet a avorté à cause du licenciement de celui qui les avait signé, le retour de Cure, le futur nouvel album de New Order, la grosse demande vers Orchestral Manoeuvres in the Dark pour qu’il remette le couvert. De plus tous ceux que je vous ai cités constituent les influences des jeunes groupes d’aujourd’hui. Par ailleurs, j’ai été impressionné par l’étendue du public gothic new wave sur Paris quand on a fait notre promotion, bars, soirées, disquaires. Quand on voit le succès d’un groupe comme Placebo, directement influencé par Cure et Depeche Mode… Cela ne m’inquiète pas. Mais il est vrai que les médias ont tendance à ne pas en parler ou à en parler de manière négative. J’ai acheté le dernier Rolling Stones et ça me fait marrer de voir qu’il consacre six pages à Beyonce et une à Cure. Il y a quand même un problème. Leurs critères sont purement marketing et commerciaux et non artistiques. »

https://www.waitingforwords.com/fr/bio.html

 

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