Tool – Fear Inoculum

Fear Inoculum
Tool
Tool Dissectional - Volcano - RCA
2019
Rudzik

Tool – Fear Inoculum

Fear Inoculum

Comme l’a écrit l’un de leur fans, « La dernière fois que j’ai découvert une nouvelle chanson de Tool, j’étais au lycée. Maintenant, j’ai un master de math, une femme et trois enfants ! ». C’est qu’en treize ans, il s’en passe des choses. Tool n’a pas battu le record de Guns N’ Roses : quatorze ans (dans des conditions bien plus rocambolesques et moins authentiques). Mais dieu que ce fut long ! Pourtant, on peut affirmer que musicalement, il ne s’est pas forcément passé beaucoup de choses dans la tête du mystérieux quatuor. Tous les ingrédients qui ont fait sa renommée et son originalité sont au rendez-vous de Fear Inoculum mais… il n’y en a pas vraiment de nouveaux. Voila ! Ça c’est dit !
Est-ce un soulagement sans grande surprises et en terrain connu pour ceux qui adulent ce groupe ? Ou bien une déception pour une fan-base fidèle mais exigeante qui espérait une prise de risques digne de cette interminable attente ? Certainement un peu des deux bien que je ne répondrais pas totalement à cette question.


Côté terrain connu, on a droit à ces traditionnelles longues montées en puissance en mid tempo sur presque tous les titres (si l’on excepte les courts interludes) charpentées par les riffs pachydermiques et souvent teintés d’orientalisme d’Adam Jones (« Fear Inoculum »). Ainsi, six morceaux franchissent allègrement la barre des dix minutes. Le chant cyclothymique mais directement identifiable de Maynard James Keenan suscite toujours et en alternance les sentiments d’inquiétude avec ceux de colère. En ceci, il colle parfaitement au thème de Fear Inoculum à savoir l’antagonisme de l’humanité soucieuse de son environnement qui se dégrade mais également avide de digitalisation numérique qui épuise la planète. Il semble cependant s’être un peu assagi car n’allant pas jusqu’à éructer des cris d’écorchés vifs d’ire paroxysmique comme ça lui arrivait parfois par le passé. L’absence relative de réelles surprises peut être due aussi au fait que certaines parties ont déjà figuré dans les prestations live de Tool comme « Invicible », le premier morceau conçu pour Fear Inoculum ou « Descending » renforçant donc l’impression de « déjà entendu ».
L’anti routine se situe plutôt au niveau des percussions de Danny Carey qui sont plus fréquemment tribales que précédemment, empreintes de sonorités indiennes ou africaines (comme sur « Pneuma »). Elles enrichissent la palette de son kaléidoscope sonore déjà bien étendu. Egalement, le mix électro/percussions de « Chocolate Chip Tric » (Rassurez-vous, il ne s’agît pas d’un hommage déguisé au célèbre groupe de rock FM des 80’s, Cheap Trick) apporte une diversion fort bienvenue à ce stade de l’album. Ce titre et « Legion Inoculant » ou « Descending » marquent une évolution vers l’introduction plus fréquente de parties électro dans le paysage musical bien campé de Tool.


Certains parleront de longueurs inutiles. Ainsi, l’arrivée très tardive de la section rythmique sur « Culling Voices » peut-être ressentie comme étant une délivrance après une bien trop longue introduction ou au contraire comme le fait que cette dernière met idéalement l’eau à la bouche avant le plat de résistance bâti par Danny Carey et Justin Chancellor. C’est tout le talent de Tool de réussir à générer des sentiments antagonistes chez l’auditeur et pourtant tous aussi légitimes les uns que les autres. Je n’irais pas jusqu’à dire que l’on adore ou l’on déteste Tool mais il est vrai que la relation avec ce groupe relève souvent du manichéisme. Du fait de sa filiation bien marquée avec la discographie existante de Tool, Fear Inoculum, son dernier rejeton ne réconciliera personne mais ça n’était certainement pas son objectif. Peut-être que s’il n’y avait pas eu 10,000 Days, j’aurais trouvé Fear Inoculum fabuleux. Pour le coup, je le considère « seulement » comme étant excellent. Donc, il tournera  en boucle encore longtemps sur ma chaîne afin d’en extraire la substantifique moelle car il est évident qu’il recèle une foule de détails sonores que quelques écoutes ne peuvent suffire à totalement révéler. Sa conformité aux attentes n’occultera pas la qualité sans faille de l’œuvre comme le démontre un « 7empest » épique et phénoménal passant en revue tout le savoir-faire d’un groupe qui a su se maintenir au sommet de son art.
A noter que fort étonnamment, l’album a été mis en écoute gratuite sur Youtube. Une édition nommée « The deluxe, limited-edition CD » a été conçue par Adam Jones. Outre le traditionnel livret (36 pages), elle comprends un package digital impressionnant. Elle est distribuée en Europe par Napalm Records (https://napalmrecords.com/english/fear-inoculum-deluxe-edition.html).

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