The Quill – Wheel Of Illusion

Wheel Of Illusion
The Quill
Metalville Records
2024
Palabras De Oro

The Quill – Wheel Of Illusion

The Quill - Wheel Of Illusion

C’est cool de se faire de nouveaux potes de zike, même si c’est pour se retrouver entre « vieux cons sexagénaires » : il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est ce qui m’est arrivé lors du Raismesfest 2023. Outre la nouveauté de cette amitié naissante, c’etait l’occasion de partager ses connaissances musicales (plutôt prog pour moi et plus heavy pour eux avec cependant de nombreux points de convergence), mais aussi de me faire découvrir la petite association ancestrale de la banlieue de Lens, à savoir HMMA (Heavy Metal Maniac Association). Celle-ci a entrepris d’organiser depuis une dizaine d’années le festival Bully On Rocks qui se déroule deux fois par an à Bully Les Mines (62). Ayant fait une apparition très conviviale en octobre 2023, j’y suis retourné le 25 mai dernier, plus pour revoir mes potes que pour l’affiche, ne connaissant aucun des quatre groupes qui la constituaient. Pourtant, le BOR affichait complet avec pas moins de 300 fans au compteur !

Pour en dire deux mots, les frenchies de Quiver et leur guitariste monté sur ressorts, ouvrirent le bal avec un heavy diablement entraînant, nous gratifiant d’une hallucinante cover du « Riff Raff » d’AC/DC en guise de final. Les Ricains de Warner E. Hodges Band eurent un peu de mal à enchaîner avec leur southern country rock, un peu trop… country à mon goût, mais que ma sœur qui pratique la danse… country aurait plus apprécié. Leur final avec la cover (John Denver) de l’hymne… country « Take Me Home, Country Roads » illustre bien mon propos. Fort heureusement, les Suédois de The Quill vinrent mettre le feu pour défendre leur excellent dernier album Wheel Of Illusion dont il est question dans cette chro (un peu de patience, que diable !). À tel point que Dare, la tête d’affiche, apparut ensuite bien fade et mollassonne avec son rock FM dégoulinant de sucre ainsi qu’un comportement peu respectueux de l’orga et du public après leur show.

The Quill Wheel OfIllusion band1

Vous l’avez compris, l’orgie scénique de The Quill, coupeur de tête d’affiche, m’a conquis et donné l’envie de découvrir leur Wheel Of Illusion dont plusieurs titres ont remarquablement subi l’épreuve de la scène ce soir-là. Le quartet suédois n’est pas né de la dernière pluie, aussi j’ai un peu honte de le découvrir si tardivement. Le groupe, originellement un quintet comportant un claviériste, a été formé au début des 90’s. Des changements de line-up et des problèmes de labels ont plusieurs fois failli en sonner le glas. Wheel Of Illusion est tout de même son onzième opus et confirme que la formule « quartet », plus percutante, sied parfaitement au groupe. Les retours en 2012 de Roger Nilsson à la basse (Spiritual Beggars, Arch Enemy, Firebird) et en 2016 de Magnus Ekwall au chant (Ayreon, Mountain of Power) aux côtés du guitariste Christian Carlsson (Cirkus Prütz) et du batteur Jolle Atlagic (Hanoi Rocks, Electric Boys, Firebird) ont stabilisé The Quill. Il suffit d’assister à un de leurs shows pour mesurer l’évidente complicité, le talent et la puissance du quatuor. Ce dernier offre un très efficace cocktail de stoner, doom, heavy metal et grunge. Il faut dire que le chant de Magnus est très original, rappelant à la fois celui d’Ozzy Osbourne, mais aussi celui de Chris Cornell suivant les compositions. Quant à Christian, il dégaine une telle variété de riffs que l’on pense très souvent à Tony Iommi (dont il arbore le collier et la croix), le maître en la matière. Ajoutez à cette paire magique la section rythmique redoutable formée par Roger et Jolle, et vous allez souvent penser à Black Sabbath Mark 1 en les écoutant, bien que ces deux derniers soient légèrement moins créatifs et aventureux que leurs alter egos de la formation historique de Birmingham.
L’éponyme « Wheel Of Illusion » démontre d’emblée tout mon propos. Le morceau reprend les bonnes recettes des débuts de Black Sabbath : une intro pesante de doom, une accélération sautillante et puissante, un chant habité, un refrain imparable sur lequel vocaux et riffs tapent dans le mille. Ce qui est épatant, c’est que la compo est une succession d’effluves sabbathiennes, avec toutefois un riff se dédoublant en twin, façon Thin Lizzy. Pourtant, elle est complètement originale et on ne peut y trouver la moindre trace de plagiat. Un vrai bonheur sans tache. D’autre part, en live, le chant de Magnus est strictement identique à celui issu des studios. Il ne s’agit donc absolument pas d’une imitation opportuniste du grand Ozzy. On reste dans les mêmes eaux avec « We Burn » dont le pont illustre les capacités de Christian à enchaîner des riffs convaincants et modifiant l’ambiance des titres sans jamais en affadir le côté heavy. Pour « Rainmaker », c’est l’angle grunge de The Quill qui est affiché pour un titre rappelant furieusement le meilleur de Soundgarden. L’astucieusement breaké « Elephant Rain » se montre plus sautillant sur ses couplets et sa reprise post-pont. Impossible de tenir en place en l’écoutant. Changement d’ambiance pour « Hawks & Hounds » qui est délicieusement oriental, mystérieux et inquiétant. On franchit aisément la moitié de l’album sans avoir vu le temps passer. Le heavy se fait encore plus attractif sur le mid tempo « Liber » qui me fait involontairement trépigner des fesses à chaque note de basse, surtout quand un solo torturé le renforce. À partir du massif « Sweet Mass Confusion », la durée des morceaux s’allonge. On sent que The Quill en a beaucoup sous la pédale et ne se réfugie pas dans les titres efficaces à la sauce couplets/refrain. Son accélération, encore une fois très sabbathienne, est absolument admirable et me fait revenir à l’époque de Paranoid, cet album mythique qui a hanté ma jeunesse. Petite intro electro pour « The Last Thing », puis hop ! on se remet à esquisser des trémoussements de postérieur sur ses couplets avant un nouveau pont avec changement de riff jouissif. Quoi de mieux pour clôturer un tel bijou que de lâcher les rênes d’un « Wild Mustang » frisant les huit minutes au compteur. J’ai des frissons, je monte le son, je sombre dans une ambiance doomesque qui m’emporte dans les tréfonds du monde musical de The Quill. Un monstrueux solo final de guitare bourré d’émotion sur une rythmique acoustique finit par m’achever et par conquérir mon esprit soumis.

The Quill Wheel OfIllusion band2

Crédit photo Goran Markov
Wheel Of Illusion n’en est pas une : il est bien réel. The Quill réussit l’exploit de proposer une galette bourrée de souvenirs vintage tout en étant originale et moderne. Sa variété ne permet pas à une minute d’indifférence de s’installer et paradoxalement, il n’y a aucun temps mort, aucun morceau plus faible dans sa track-list. Pas de cover non plus, y compris en concert, tant le groupe ne ressent pas le besoin de titiller notre nostalgie autrement qu’en proposant ses propres compositions. En cela, les Scandinaves maîtrisent parfaitement toutes les recettes pour élaborer un superbe album, remarquablement conçu, exécuté et produit. 1/4 de siècle d’existence, 1 h 30 de show et 3/4 d’heure d’écoute m’ont largement convaincu de la valeur de ce groupe à côté duquel il ne faut pas passer.

PS : Cette chronique est dédiée aux « Sangs et Or » Phil et Gégé. Long Live Rock’n Roll !

Coup-de-Coeur

http://www.thequill.se/

https://www.facebook.com/thequillsweden

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.