Spiritual Beggars – Sunrise To Sundown
InsideOut
2016
Spiritual Beggars – Sunrise To Sundown
Mine de rien, les « Mendiants spirituels » déboulent avec leur neuvième album (sans compter les EP) en plus de vingt ans de carrière. Bien entendu, leur leader, le guitariste Michael Amott, est très occupé avec son autre groupe, Arch Enemy. Et ce d’autant que le bassiste Sharlee D’Angelo fait également partie de cet autre projet (mais aussi de Mercyful Fate), tirant plutôt vers le melodic death metal. Alors, les albums de Spiritual Beggars débarquent sans crier gare, au gré de l’inspiration et des occupations des uns et des autres. La bande de l’ancien guitariste de Carcass était néanmoins attendue au tournant, après un Earth Blue sorti en 2013 largement acclamé par la critique, en partie grâce à l’arrivée d’un nouveau chanteur, le Grec Apollo Papathanasio (ex-Firewind). Fort de ce capital sympathie, le groupe a accentué le côté collectif des compositions, Amott étant désormais épaulé dans ce registre par le batteur Ludwig Witt (Grand Magus, ex-Shining) et le claviériste Per Wiberg (ex-Opeth). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet effort commun porte ses fruits, donnant à cet opus des couleurs variées dans une unité caractéristique, la patte Spiritual Beggars. Certains auront beau jeu de trouver que ce type de hard rock est quelque peu dépassé. Que les sonorités développées, puisant à la fois dans celles des 70s et des 90s, n’ont rien de bien nouveau… Néanmoins, la puissance dégagée, due à un enregistrement quasi live et à la production de Staffan Karlsson (également impliqué dans Arch Enemy), fournissent un indéniable plus à des compositions sévèrement burnées !
Il est clair que Sunrise To Sundown est largement sous une influence omniprésente : Deep Purple. Non seulement les claviers (ah, cet orgue Hammond) de Wiberg rappellent le regretté Jon Lord, mais certaines compositions tirent nettement vers le Pourpre Profond. Il n’y a qu’à écouter « Diamond Under Pressure » pour s’en convaincre (sorte de mix entre « Might Just Take Your Life », « Lady Luck » et « Woman From Tokyo »), tout comme le fabuleux « Southern Star » (avec un pont magnifiquement prog – celui qui entend des relents de « In The Court Of The Crimson King » a gagné toute ma sympathie – et un solo infernal de Amott sur fond d’orgue Hammond et de piano). Et quand ce n’est pas le gang de Hertford, c’est Rainbow (époque Dio) qui nous titille les oreilles, comme sur le dantesque « What Doesn’t Kill You » (avec un zeste d’Iron Maiden).
Ajoutez « Still Hunter », « Hard Road » et « No Man’s Land » lorgnant du côté de Whitesnake et vous comprendrez que Spiritual Beggars fait partie de la grande Purple Family. Néanmoins, il ne s’agit pas de prendre Spiritual Beggars pour une simple bande de copieurs. « Sunrise To Sundown » aurait pu figurer sur Earth Blue. « I Turn To Stone » et sa batterie puissante apportent un côté bluesy psychédélique original et une allure post-prog surprenante et délicieuse, tout comme « Lonely Freedom » (les deux titres les plus longs d’ailleurs). « Dark Light Child » est subtilement construit et développe une touche à la Blue Murder gouleyante. Et enfin, « You’ve Been Fooled » envoie comme du Badlands bien énervé.
Bref, si vous êtes fan de ces glorieux groupes, mais également de ceux où sont passés ou sont encore les membres de Spiritual Beggars, vous allez vous régaler, tellement ce Sunrise To Sundown est survitaminé et bien envoyé. Pas un titre qui ne vous fasse bouger et dresser l’oreille, le tout respirant le plaisir de jouer et la complicité évidente avec un son bien actuel qui ne nous la joue pas revival. Et si l’on imagine ce que cela peut donner sur scène, on a hâte de voir la bande de Michael Amott en live (à Paris le 10 avril pour les chanceux). N’hésitez pas un seul instant et jetez-vous sur ce brûlot jubilatoire !
Henri Vaugrand