The Pineapple Thief – Dissolution
Kscope
2018
Fred Natuzzi
The Pineapple Thief – Dissolution
Tout va bien pour The Pineapple Thief ! Your Wilderness a été très bien reçu, l’arrivée de Gavin Harrison à la batterie a redonné du souffle et de l’intérêt à la formation britannique et la tournée qui a suivi a été un succès, couronné par le DVD Where We Stood. De plus, le label Kscope a (enfin) réédité le premier effort du groupe sous le nom d’Abducted At Birth en lieu et place d’Abducting The Unicorn. Ce dernier mot, « licorne » faisant sans doute trop penser au rock progressif, alors que l’album n’en est pas. Et Bruce Soord n’avait, à l’époque, jamais voulu en faire, en tout cas consciemment. Dissolution arrive deux ans après Your Wilderness et, bonne nouvelle, Gavin Harrison rempile une seconde fois. Il amène donc à nouveau toute sa technique de jeu assez subtile, mais arrive ici à se fondre beaucoup mieux dans le décor sans que l’on se dise que tel ou tel son est typique d’Harrison. Nous avons affaire à un groupe en plus grande cohérence, certainement dû au fait que les membres ont tourné ensemble et donc se connaissent mieux. Paradoxalement, ils ont composé l’album à distance les uns des autres, dans leur studios respectifs. Musicalement, Soord a retiré toute velléité de faire du « gros son », tel que l’on pouvait le retrouver sur All The Wars et parsemé sur toute la période allant de Tightly Unwound à Magnolia. Autant Your Wilderness que Dissolution montrent un travail plus profond sur les compositions qui deviennent plus élaborées…mais aussi proches comme jamais d’un Porcupine Tree.
L’ouverture de Dissolution est très intrigante : « Not Naming Any Names » possède un piano en toile de fond et une voix qui profère calmement une menace froide. Pas d’autres instruments, rien. Une entrée en matière solennelle pour installer le thème du disque : la dissolution des liens sociaux. Avec « Try As I Might » qui suit, on ne peut s’empêcher à penser à Porcupine Tree. Et là, ce n’est pas la faute de Gavin Harrison. L’ambiance est la même, et on peut aisément imaginer Steven Wilson à la place de Bruce Soord. Cette référence a toujours été présente chez The Pineapple Thief, mais elle n’est pas pesante. Après tout, Porcupine Tree n’existe plus. Alors pourquoi bouder son plaisir ? « Threatening War », très bien construite, emporte l’auditeur dans un titre teinté de progressif. « Uncovering Your Tracks » aurait très bien sied à Porcupine Tree, avec cette ambiance pesante, une voix qui reste dans les graves et une batterie omniprésente. On notera le beau travail inventif de Soord sur les guitares qui ajoute une personnalisation bienvenue à l’ensemble, et sur tout le disque d’ailleurs. Même constat pour « All That You’ve Got », titre qui pourrait passer en radio, et qui démontre quand même que Soord a une patte incontestable pour trousser des compos très efficaces.
« Far Below » résume peut-être à lui tout seul ce qu’essaye de faire ce Pineapple Thief nouveau : des mélodies aériennes sur des morceaux dynamiques, en faisant la pont entre l’ancien Pineapple Thief des années 2000 et les compos post 2008. On accentue les pointes progressives en les incorporant à un son plus moderne mais en gommant les aspects trop metal et en gardant les éléments acoustiques. Recette gagnante ! Transition acoustique, « Pillar Of Salt » montre que Soord a gommé les influences Thom Yorke sur son chant, pour le meilleur. Le morceau de bravoure, c’est « White Mist » et ses onze merveilleuses minutes où tout s’agence parfaitement. Un titre progressif, mélodique, parfait. En guise de conclusion, le magnifique « Shed A Light ». Aérien, acoustique, un morceau qui rappelle les meilleurs moments du groupe, et un lien de parenté avec Anathema.
The Pineapple Thief a accouché d’un nouvel opus au moins aussi bon que Your Wilderness. C’est dire que l’inspiration est au rendez-vous et Bruce Soord impressionne avec ses qualités de mélodiste et de musicien. Dissolution n’annonce que du bon pour le groupe si Soord maintient la qualité de ce qu’il propose. Si le rapprochement avec Porcupine Tree est indéniable, il est également probant que The Pineapple Thief possède une identité propre. Du rock progressif atmosphérique de haute volée sans technique trop mise en relief, sans prétention. Juste de la bonne musique bien construite et intelligente. A savourer donc.
exactement , j aurais pas dis mieux, pour moi le meilleur album du groupe ou presque .
Un groupe excellent, découvert sur album et en concert il y a quelques années déjà. Merci pour cette superbe chronique.