The Flying Norsemen – The Flying Norsemen
Apollon Records
2024
Palabras De Oro
The Flying Norsemen – The Flying Norsemen
Vous avez aimé Arabs In Aspic, le groupe norvégien très réputé en Scandinavie (un clin d’oeil au célèbre Larks’ Tongues in Aspic de King Crimson). Alors, vous aimerez The Flying Norsemen. Cette formation, également norvégienne (originaire de Trøndelag), a débuté en tant que groupe de reprises d’Arabs In Aspic. Quoi de plus logique puisque trois de ses membres en sont issus ainsi que leur producteur.
C’est une nouvelle fois mon ami Fabrice qui a déniché ce groupe pour le mettre en écoute dans une de ses émissions radio U.G.U.M. du jeudi soir sur O2 radio. Une véritable encyclopédie du prog que ce Fabrice dont je ne compte plus le nombre de groupes qu’il m’a fait découvrir. Parfois, ça me branche tellement que ça m’incite à en chroniquer. C’est donc le cas de The Flying Norsemen avec un premier album éponyme constitué seulement de quatre titres pour une quarantaine de minutes d’écoute. Pas besoin d’être matheux pour immédiatement noter que chaque morceau doit flirter avec les dix minutes, une durée appréciable pour les rendre épiques… enfin pas tant que ça finalement. La formation évolue clairement dans un stoner doom psychédélique et vintage. Alors, les très longues plages processionnaires forment l’épine dorsale de l’opus et seules quelques accélérations mesurées viennent relancer un diesel aux énormes et puissants pistons. On devrait donc plutôt parler de grandiloquence que d’épique pour cette galette.
En chantant en norvégien, The Flying Norsemen fait le choix d’une certaine originalité afin de clairement surprendre son auditoire. Je ne sais pas si ces quatre pavés racontent des histoires de Vikings, mais je dirais que cet album serait parfait pour accompagner une longue traversée en drakkar, tout en fourbissant ulfberhts et haches ainsi qu’en invoquant Thor. Le son concocté par Jostein Smeby est typé 70’s. Il est tout en rondeur avec la basse lourde et prédominante de Terje Nyhus alors que les guitares d’Anders Sprauten, de Tommy Ingebrigtsen et de John Wærnes sont peu saturées. La batterie d’Øivind Grønn est assez faiblarde et c’est le principal reproche que je ferais à ce LP. Au loin, derrière cet ensemble bien compact, des sonorités electro stridentes à la Jean-Michel Jarre (bien qu’elles semblent générées le plus souvent par une guitare) pleuvent régulièrement, ce qui renforce le côté vintage de la production. « Norseide » comporte tous ces éléments en alternant des parties racontées et d’autres chantées. Son super pont de basse est un prélude à un chant qui se met à prendre parfois des intonations rappelant Ozzy Osbourne. Il faut se souvenir que les accents orientaux étaient déjà le péché mignon d’Arabs In Aspic (j’adore ça aussi). Ils magnifient un solo de guitare très convaincant. Pourquoi la part II de « Lystens Begjær » figure-t-elle avant la part I, Dieu ou plutôt Odin seul le sait. Le titre repart sur la même base majestueuse que le précédent, on pense à « Iron Man » de Black Sabbath, mais il alterne avec des accélérations périodiques encore sabbathiennes. Les parties de guitare se taillent la part du viking (à ma connaissance, il n’y avait pas de lions en Norvège à cette époque) et contribuent à nous offrir la meilleure plage de The Flying Norsemen. C’est encore la basse qui lance « PoseidiJohn » alors que du violon se place en contrepoint des sifflements electro pour une intro prenante et mystérieuse. Sous l’influence d’une batterie plus expressive, les parties chantées sont plus sautillantes et montrent un excellent travail fait sur les chœurs avant que la lourdeur et le psychédélique ne reprennent le pouvoir. Si vous pensiez être dans les tréfonds de la lenteur et de la pesanteur, « Lystens Begjær » montre les zikos debout sur la pédale de frein pour ralentir encore le mastodonte. Les riffs sont plus pesants et l’ambiance devient glaciale jusqu’à mi-titre. Une renaissance sous forme d’une chanson de geste médiévale redonne un peu de couleur à The Flying Norsemen pour nous emmener vers un final instrumental proprement orgasmique et la fin de l’opus. En parlant de couleur, l’artwork de la jaquette est un second bémol pour moi, car je ne le trouve pas très joli et harmonieux, surtout au niveau des teintes choisies.
Ça faisait une paire de mois que j’avais cet album en souffrance dans ma liste de chroniques à venir. En le réécoutant, je m’aperçois à quel point il méritait mon opiniâtreté, tellement le quintet norvégien a parfaitement réussi à construire un bloc monolithique aux multiples facettes. C’est un peu comme s’ils avaient extrait une pierre brute et l’avaient taillée puis polie consciencieusement pour la transformer en une pierre précieuse étincelante : les Vikings se sont reconvertis en joaillers.
https://www.secure.facebook.com/people/The-flying-Norsemen/100063498363786/
https://theflyingnorsemen.bandcamp.com/album/the-flying-norsemen