Steven Wilson – The Overview

The Overview
Steven Wilson
Virgin
2025
Fred Natuzzi

Steven Wilson – The Overview

Steven Wilson The Overview

Steven Wilson a le don pour faire parler de lui. Il a toujours été source de discussions, certes, mais depuis quelques albums, ses tendances à expérimenter dans l’electro ont pris le pas sur les sorties que je qualifierais de plus consistantes. En effet, cela semble plus « facile » de jouer sur les thèmes electro que de sortir de « vrais » riffs de guitare, de planter des « spoken words », et d’allonger des morceaux avec de l’ambient plutôt que de conclure d’une autre manière. Les échanges, les points de vue sur sa production sont donc de plus en plus tranchants et divergents. Il est bon de rester objectif lorsque l’on tente une chronique sur un disque de Steven Wilson, et c’est ce que je vais essayer de faire. Mais je pense qu’en ayant lu ces quelques lignes, vous avez une idée de ce que je pense de The Overview. Déjà, The Future Bites avait pris une direction electro surprenante qui, pour moi, n’était pas aboutie. Puis, The Harmony Codex rassemblait des morceaux qui manquaient d’unité, et faisait partir le disque dans tous les sens. Le précédent Porcupine Tree avait aussi déçu. Une période en creux, donc, mais pas aux yeux de Wilson qui s’enorgueillit de faire ses meilleurs albums ! On vante d’ailleurs ce disque comme « audacieux » ! Wilson est libre d’expérimenter, d’aller où il le souhaite. C’est d’ailleurs une louable intention pour un artiste. Il n’empêche, The Overview ne s’inscrit pas vraiment dans les plus réussis de ses opus. Deux morceaux forment le disque, en s’arc-boutant dans le carcan progressif. Sauf que ce diptyque ressemble plus à un collage qu’à deux vrais titres et c’est là où le bat blesse. Wilson a déjà fait dans le prog vintage et l’a revendiqué. Ici, c’est plutôt un prétexte pour servir un concept basé sur le ressenti des astronautes devant le point bleu qu’est la Terre depuis l’espace. De progressif, je ne retiendrai que la durée et quelques passages qui ressemblent plus à des figures imposées. Nous retrouvons autour de Wilson Russell Holzman et Craig Blundell à la batterie, Adam Holzman aux claviers, Randy McStine à la guitare et Théo Travis aux flutes et sax. C’est Andy Partridge du groupe XTC qui a écrit les paroles de la première partie, « Objects Outlive Us ». À noter qu’une idée de collaboration de Steven Wilson avec Andy Partridge et Roland Orzabal de Tears For Fears serait dans l’air. Voilà au moins quelque chose d’excitant !

The Overview demande quand même de l’attention. L’écouter en fond serait une erreur et vous passeriez à côté très facilement, tellement rien ne se détache particulièrement, tout étant une affaire d’atmosphère. « Objects Outlive Us » dure vingt-trois minutes et se décompose en huit parties. Le début commence doucement avec un Wilson mélancolique utilisant un falsetto peu convaincant. Quelques sonorités vintage apparaissent, impliquant une certaine forme d’immersion pour l’auditeur. Puis vient un thème au piano qui semble lancer le morceau sur une piste Porcupine Tree un peu plus familière. Dommage que le chant scandé s’étire en longueur et n’amène rien, alors que la batterie de Russell Holzman, elle, est des plus captivante. Un passage instrumental plus jazz rock amène à la section pop du titre, agréable et efficace. Cette partie, « Objects: Meanwhile » est la plus accessible et ramène des souvenirs anciens bienvenus. Un instrumental plus énervé et déconstruit s’ensuit avant un retour à la partie pop. Une guitare acoustique émerge ensuite avant la reprise du thème au piano. Retour d’un chant scandé dans les aigus, (faudrait lui dire à Wilson que ce n’est pas mélodieux chez lui), puis un passage typiquement progressif qui fera plaisir aux amateurs jusqu’à la reprise de la froideur mélancolique du début du morceau et une coda qui s’étire péniblement. Ce premier titre possède quelques jolis moment, bien évidemment, mais pris comme un tout, il devient malheureusement fade.

Steven Wilson The Overview Band 1

« The Overview » dure (seulement) dix-huit minutes. L’electro de départ rappelle les derniers efforts et le spoken word de Rotem Wilson (l’épouse de l’artiste) n’annonce rien de beau. On pense évidemment à l’ordinateur froid du 2001 de Kubrick. C’est long. Il faut attendre la cinquième minute avant de se retrouver dans une vraie chanson qui aurait pu être sur Hand. Cannot. Erase. par exemple. Enfin, « vraie chanson », il faut le dire vite. Sa construction est aussi un collage, et la voix de falsetto ici est une horreur ! Retour des spoken words (mince alors !) avant une partie progressive, elle aussi peu convaincante avec des claviers pas harmonieux. Déjà, le son des guitares n’est parfois pas des plus plaisants (voir la fin du premier titre), alors si les claviers s’en mêlent + le falsetto et les spoken words, ça fait vraiment beaucoup. L’impression de collage perdure avec cette coupe nette, laissant place à cinq minutes d’ambiant finales, comme si l’on dérivait dans l’espace…

Steven Wilson The Overview Band 2

Vous l’aurez compris, The Overview risque de dérouter bien des fans et de lancer des conversations homériques autour de Wilson. Ce ne sera pas la première fois, et c’est tant mieux, car il est préférable de parler de l’œuvre d’un artiste plutôt que de se taire. L’écoute de The Overview ne laisse malheureusement aucune trace durable dans l’esprit et me donne très peu l’envie d’y retourner. Une déception pour un disque qui n’innove jamais et qui utilise le prétexte du progressif. Un album pseudo intello qui, pour ma part, rate de très loin sa cible. Un voyage spatial qui, fait de collages plus ou moins heureux, n’embarque jamais plus de quelques minutes par titre. C’est très peu donc. Outre le projet cité avec Partridge et Orzabal, Wilson travaille sur un nouvel opus pour Porcupine Tree. Des jours meilleurs nous attendent sans doute. J’ai envie d’y croire.

https://stevenwilsonhq.com/

 

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