Sound Of Contact – Dimensionaut
Sound Of Contact
Inside Out
Dans le paysage progressif actuel, rares sont les groupes qui peuvent se targuer de réinventer le genre. Sound Of Contact fait figure d’exception car sa musique, cohérente de bout en bout, ne cherche pas à impressionner ou à rivaliser de virtuosité. Elle mélange les genres avec brio, comme le groupe Frost* a su le faire il y a quelques années avec « Milliontown« . La pop et le progressif se marient avec une fluidité, une élégance et une évidence si parfaites que « Dimensionaut » fait office de classique instantané, et ce, dès la première écoute. L’énergie du combo anglais, la qualité de l’interprétation, la puissance de la production (mixée par Nick Davis qui s’est naguère occupé de Genesis), les arrangements classieux et les compositions superbes, tout est réuni pour faire de ce disque un must have, un modèle du genre. Derrière Sound Of Contact se cache un dénommé Simon Collins. Le bonhomme a baigné dès sa plus tendre enfance dans la musique au contact de génies comme… Tony Banks, Mike Rutherford et son Phil Collins de père. Autant dire que son patrimoine génétique le prédestinait à de grandes choses musicales ! Pourtant, ses trois premiers albums solo ont plutôt fait un flop, sortis dans l’indifférence générale. Il est vrai que sa pop mâtinée d’un peu d’électro ne sortait pas du lot.
C’est durant les sessions d’enregistrement de « U-Catastrophe » en 2008 que Simon Collins à l’idée de former un groupe. Il s’associe 2 ans plus tard à Dave Kerzner (claviers), avec qui il avait enregistré une reprise de « Keep It Dark » de Genesis, Matt Dorsey (guitares et basse), qui l’accompagnait en tournée, et Kelly Nordstrom (guitares et basse), intervenant sur « U-Catastrophe ». Sound Of Contact est né et ce premier album nous offre un concept de science-fiction sur un homme voyageant dans différentes dimensions. Mais le concept n’est pas le plus important. Ce qui frappe de prime abord, c’est l’importance de la batterie de Simon Collins, véritable colonne vertébrale du disque. Son jeu est quasi identique à celui de son père : même son, mêmes placements, même efficacité et technicité. Pour la voix, la ressemblance est légèrement moins flagrante mais à certains moments, les intonations sont telles qu’on peut se laisser avoir.
L’album enchaîne sur 72 minutes 12 titres avec une aisance confondante. Les références pleuvent mais la synthèse de ces influences est parfaite. « Sound Of Contact », le premier titre nous envoie dans une galaxie Pink Floydienne mâtinée de Porcupine Tree, à tomber. Puis l’instrumental « Cosmic Distance Ladder » nous propulse dans les contrées Genesisiennes, période 80’s (non, n’ayez pas peur !), dans les morceaux les plus progressifs de l’époque, du genre « Do The Neurotic » par exemple, en plus moderne, ou encore « Duke’s Travels ». Le ton est donné, ça joue, ça groove, ça pulse ! « Pale Blue Dot », single en puissance, montre une qualité mélodique indéniable. « I Am Dimensionaut » calme le jeu et son refrain est lui aussi imparable, avant une montée en puissance jouissive. « Not Coming Down », planant, évoque Ayreon et les mélodies les plus plaisantes d’Arjen Lucassen, associé au néo de IQ dans sa partie intermédiaire. « Remote View », revient aux sonorités Genesis fin 70’s, avant une petite échappée très Beatles. « Beyond Illumination » ? Phil Collins qui chanterait du Peter Gabriel, mâtinée de cordes évadées de chez Sting ! Ajoutez à cela une partie chantée par Hannah Stobart de Wishing Tree, et vous obtiendrez un pur concentré de bonheur !
« Only Breathing Out » s’envole très haut et impressionne par tant de subtilité et de puissance mélodique. La musique nous transporte vers un sommet rarement atteint, à la manière des montées post-rock, mais ici en plus immédiat. L’instrumental « Realm Of In-Organic Beings » rappelle à la fois un passage planant de « The Lamb Lies Down Of Broadway » et un autre de « The Dark Side Of The Moon ». « Closer To You » est plus calme, toujours à la manière d’un Genesis mais dernière période, avant le fantastique « Omega Point », très progressif avec de magnifiques parties de claviers atmosphériques. L’album ne pouvait pas se passer d’un epic : « Möbius Slip » assure un final en apothéose avec ces 19 minutes en 4 parties. Très science-fictionnel, le début du morceau se déverse dans une section pompée à « Echoes » de Pink Floyd avant de s’embarquer sur une partie Genesis 70’s qui laissera sa place à Porcupine Tree avec une guitare mise en avant, et un passage plus metal. La fin, grandiose, boucle la boucle musicalement, et achève son périple dimensionnel de manière éclatante. On était loin de se douter que Simon Collins allait nous offrir un album progressif et pop aussi étonnant de perfection.
Il faut également saluer les performances de Matt Dorsey et Dave Kerzner, tous deux responsables d’une grande partie des atmosphères du disque. « Dimensionaut » se veut fédérateur, fusion d’un prog à l’ancienne avec des éléments modernes, le tout enveloppé dans une pop d’une redoutable efficacité et des mélodies à tomber. Si les éléments décrits plus haut vous ont séduit, jetez-vous sur ce disque qui risque de ne pas quitter vos oreilles pendant un bon bout de temps, vous ne le regretterez pas.
Fred Natuzzi (10/10)