Solstice – Clann

Clann
Solstice
ProgRock.com’s Essentials
2025
Thierry Folcher

Solstice – Clann

Solstice Clann

Solstice, voilà un groupe néo-prog qui n’engendre pas la mélancolie et qui ne porte pas toute la misère du monde sur ses épaules. Sa musique est joyeuse, addictive et parfaitement calibrée pour installer de larges sourires sur nos visages reconnaissants. Clann, son nouvel album, est le dernier volet d’une trilogie commencée en 2020 avec Sia, puis poursuivie en 2022 par Light Up. Trois albums qui font partie de la phase récente du groupe et de sa configuration actuelle, incluant la sémillante Jessica Holland au chant. Une formation taillée pour la scène où musiciens, chanteuses et choristes se donnent à fond pour vivre une belle communion avec le public. Lors de la sortie de Light Up, j’avais déjà insisté sur le fait que ce vieux baroudeur de Solstice n’était pas tombé de la dernière pluie et que sa résurrection, menée de main de maître par le talentueux Andy Glass, était une franche réussite. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le parcours de ce groupe n’est pas commun et que les années 80 furent particulièrement discrètes (un seul album dans cette décennie). Cela dit, ce Silent Dance de 1984 offrait déjà quelques repères intéressants, notamment sur le son et sur les aspects récréatifs de la musique (il me fait beaucoup penser à Renaissance). À contrario, Sandy Leigh, la chanteuse de l’époque, était loin de posséder le charisme et le dynamisme de Jess Holland, véritable valeur ajoutée des parties vocales actuelles.
À présent, observons la pochette de Clann, car sa mise en scène est édifiante. À tout seigneur, tout honneur, le premier plan revient à Andy Glass, principal artisan et mentor du groupe. Mais, juste derrière, c’est la silhouette de Jenny Newman qui se détache du reste des musiciens. Pour moi, ce n’est que justice que de vouloir distinguer cette violoniste au jeu virevoltant, dépositaire du son actuel de Solstice. Beaucoup d’émotions passent par son archet et rendent sa présence indispensable. Je suis intimement persuadé que le montage de ce visuel ne s’est pas fabriqué par hasard et qu’il revêt une forme de reconnaissance. Maintenant, il est plus que temps de parler musique et de voir où se situe ce nouvel opus. Je n’irai pas par quatre chemins pour vous dire que la première écoute m’a un peu déconcerté. Dès le début de « Firefly », l’allure est soutenue, le propos scandé, le violon en version supersonique et la guitare en accords accélérés. Heureusement, le pont fait du bien et installe la basse de Robin Phillips au premier plan. Pas de panique, cette cavalcade n’a rien de révolutionnaire, c’est tout à fait dans le style de Solstice et dans l’approche scénique de sa musique. Mais, le plus perturbant, ce sont les titres « Plunk » et « Frippa » qui accentuent le caractère heavy de la musique et font presque regretter les douces atmosphères de Light Up. Après ces instants tumultueux, il faudra patienter un peu et attendre que l’immense « Twin Peaks » recrée les climats éthérés du Solstice que j’aime. Cela dit, il m’a fallu un peu de temps pour accepter tout ça et pour comprendre qu’Andy Glass n’avait pas du tout l’intention de reproduire Light Up. Et avec le recul, on ne peut que lui donner raison.
Solstice Clann Band 1
Comme souvent, en pareil cas, les écoutes suivantes vont affiner les premières impressions et réviser à la hausse le niveau de l’album. La trilogie s’achève et l’apothéose ne pouvait revêtir un caractère trop mélancolique. Bien au contraire, l’enthousiasme et la gaieté devaient prendre l’ascendant. En revenant au plus près des cinq titres de Clann, il faut bien reconnaître que la qualité est là et que la « pêche » de certains passages est amplement justifiée. « Firefly » n’est pas linéaire, sa construction est bien pensée et ce premier tour du propriétaire permet de reprendre contact avec tous les musiciens. La rythmique (Robin Phillips à la basse et Peter Hemsley à la batterie) assure à merveille son rôle de moteur bien rodé, les claviers de Steve McDaniel délivrent un joli travail d’enrobage et à partir de là, les solistes (Andy, Jessica et Jenny) peuvent se lâcher et donner libre cours à leur talent. La respiration dansante de « Life » qui arrive juste après, sera un joli contrepoids à la tonicité du début. Le clip qui l’accompagne est d’une tendresse touchante (voir ci-dessous) et rend hommage à la famille Solstice réunie au grand complet. Alors, bien sûr, « Plunk » et « Frippa » seront à prendre comme ils sont, c’est-à-dire deux moments puissants, armés de cuivres pour l’un et de réminiscences de Kansas pour l’autre. Clann s’achève donc avec les quatorze minutes de « Twin Peaks », un voyage magique, au lyrisme poussé au paroxysme par des parties vocales de toute beauté. Jessica, ses deux choristes (Ebony Buckle et Dyanne Crutcher) et Nick Burns (le propre mari d’Ebony Buckle) tissant un entrelacs de voix comme rarement entendu jusque-là. À noter que sur le CD figure en bonus la version réenregistrée et dépoussiérée du « Earthsong » de 1984. Pour une fois, ce support malmené vaut la peine d’être préféré au vinyle.
Solstice Clann Band 2
Le Solstice 2025 est un excellent cru qui conclut en beauté la trilogie commencée en 2020. Clann, malgré quelques petites réserves vite oubliées, peut s’enorgueillir d’être un aboutissement réussi à ce projet qui semble avoir étonné Andy Glass, lui-même. L’alchimie entre tous les musiciens est remarquable et le groupe paraît œuvrer comme une puissante machine aux rouages bien huilés. Le public prog britannique ne s’y est pas trompé et place régulièrement Solstice tout en haut de leur préférence. C’est dur de dire ça, mais le plus excitant est de se projeter sur l’avenir. Clann vient à peine d’arriver que les spéculations sur le futur de Solstice ne vont pas manquer d’alimenter les conversations de fans inassouvis. Même si ce n’est pas très cool pour Clann, il vaut mieux ça que l’inverse.

https://www.solsticeprog.uk/

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