Scar Symmetry – The Singularity Phase I : Neohumanity

The Singularity Phase I : Neohumanity
Scar Symmetry
Nuclear Blast Records
2014
Lucas Biela

Scar Symmetry – The Singularity Phase I : Neohumanity

Scar Symmetry The Singularity Phase I Neohumanity

Décidément, les Suédois n’arrêterons pas de nous surprendre. Après avoir marié le death metal avec le rock’n’roll (Entombed), puis avec le folk progressif (Opeth), les voici s’attaquant a l’AOR/rock mélodique. Les mauvaises langues me diront que le death mélodique a déjà acquis ses lettres de noblesse avec Carcass, In Flames et les premiers Amorphis. Mais voilà, avec Scar Symmetry, on ne nage pas dans les mêmes eaux. Il s’agit d’un death metal agressif avec growls bien caverneux mais partageant l’espace sonore avec des passages résolument AOR portés par une voix lumineuse et des mélodies mielleuses. Et c’est ce qui fait l’originalité de ce groupe. Ce nouvel opus de notre entité bipolaire qui se fait remarquer depuis 10 ans dans le paysage du metal extrême, se veut être le premier volet d’une trilogie appelée « The Singularity » et ayant pour cadre le transhumanisme, un mouvement qui encourage le développement et l’usage de technologies visant à améliorer les capacités physiques et intellectuelles de l’Homme.

De manière à assurer le contraste le plus saisissant possible entre le monde des zombies et le monde des happy few, deux chanteurs ont été recrutés. En effet, il ne faut quand même pas pousser, passer de l’enjouement le plus solaire au grognement le plus guttural est tout de même un exercice des plus périlleux. Le groupe arrive à faire cohabiter les deux mondes sans que cela n’ait l’air d’un collage maladroit. Dans le même esprit, la batterie sait s’énerver quand besoin est et se modérer en temps voulu. Avec les guitares tour à tour agressives et exultantes, elle assure d’ailleurs un ciment entre les deux tendances et se pose en vrai moteur dans cette quête de meilleures performances.

Scar Symmetry Band

Ces transitions fulgurantes entre gaieté et colère, entre précipitation et ralentissement, appuient ainsi le concept de transhumanisme par une réduction du temps d’adaptation. Et ce talonnage des capacités des microprocesseurs par le cerveau humain ne s’arrête pas là, car des clins d’œil aux jeux vidéos dans des séquences 8-bit (« Neohuman », « Neuromancers ») sont suivis de voix traitées par ordinateur (« Limits To Infinity »). En outre, le lien dramatique et conceptuel est assuré avec brio par l’omniprésence de claviers orchestraux, mais également par des passages narrés (« Cryonic Harvest ») et l’interlude instrumental hanté « Children Of The Integrated Circuit ».

Avec « The Singularity Phase I : Neohumanity », la batterie dynamique d’Henrik Ohlsson et la guitare toujours plus versatile de Per Nilsson (musicien hors-pair qui officie également au sein de la formation de rock progressif Kaipa depuis 2007) se joignent à des claviers virtuoses pour offrir une assise solide aux voix travaillées de main de maître dans un contraste toujours aussi saisissant entre violence et douceur.

Avec ses riffs accrocheurs et ses mélodies entêtantes, c’est ainsi un album vers lequel on a beaucoup de plaisir à revenir. Plus rien ne semble arrêter le groupe dans sa soif de domination à la fois mélodique et écrasante. Espérons qu’ils sauront garder le cap sur les deux volets qui complèteront la trilogie.

Coup de Coeur C&Osmall

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