Rinôçérôse – Futurinô
V2
2009
Olivier Belin
Rinôçérôse – Futurinô
Il est bien plus de minuit, 3H40 s’affichent majestueusement en chiffres rouges sur mon radio-réveil, me rappelant qu’il est tard. Je n’arrive plus à dormir. Dans mon esprit, j’entends de nouveau ce que j’avais écouté la veille. Dans un monde où la musique anglo-saxonne règne sans partage sur la planète bleue, quelques irréductibles marquent le pas. La French Touch est là pour nous rappeler que, dans l’hexagone, des groupes ou des artistes existent, comme Skip The Use, Phoenix, Talisco, Daft Punk, Shaka Ponk au nom anglo-saxon sans équivoque pour certains, mais pourtant bien français. Rinôcérôse fait partie de cette tendance, un collectif originaire de Montpellier composé de psychologues de métier, dans un monde musical improbable. Le groupe fut fondé en 1997 par Jean-Philippe Freu et Patrice Carrié. Leur musique au style rock-electro un brin décalé, fait toute l’originalité de ce groupe que l’on découvre avec un plaisir de mélomane non dissimulé. Le nom Rinôçérôse est là pour nous rappeler leur origine sudiste, « rauze » comme on dit.
Le groupe se compose de la manière suivante : Jean-Philippe Freu, Rémi Saboul et Florian Brinker aux guitares, Jean-Louis Palumbo à la programmation (par ailleurs ingénieur du son du combo), Patrice «Patou» Carrié à la basse, Fred Pace aux percussions, Franck Gauthier à la flûte et au saxophone, et, enfin Fred Ladoué au poste de Vidéo-jockey. Pour percer sur la scène internationale, pas de doute, la langue de Shakespeare est un passeport laissant en désuétude la langue de Molière. Mondialisation, que ne nous fais-tu pas faire ? Ce qu’il faut donc retenir, c’est que s’ils sont bien français, nos gaillards chantent en anglais. « Le Mobilier », extrait de de leur deuxième album Installation Sonore, fut le single qui les propulsa au devant de la scène mondiale. Quelques moments forts ont marqué Rinôcérôse. Le morceau très rock « Cubicle » (tiré de l’album Schizophonia) auquel aura collaboré le groupe Infadels, fut utilisé pour la bande-son d’une publicité TV consacrée à deux produits de la marque Apple (iTunes et iPod) en 2006, rien que ça. Une belle performance ! Et depuis 2010, le titre « Final Lap » sert de générique à l’émission « Touche pas à mon Poste » de l’exaspérant Cyril Hanouna. Je me retiendrais ici de dire tout le bien que je pense de ce talk-show ô combien décérébrant.
Mais bref, revenons aux fondamentaux, à savoir la musique. A ce jour, Rinôçérôse a composé 6 albums dont Retrospective en 1997, suivi de Installation Sonore en 1999, Music Kills Me en 2002, Schizophonia en 2005, l’éponyme Rinôçérôse en 2006, et le petit dernier, Futurinô, en 2009. Au fur à mesure que j’avance dans ce 6ème opus, je découvre des influences africaines à base de percussions tel que sur « The Heroic Sculture Of Rinôçérôse ». Et aussi une guitare dont la sonorité, parfois, n’est pas sans rappeler les Rita Mitsouko, un groupe aujourd’hui disparu mais ô combien marquant dans le paysage musical hexagonal. Ce même morceau nous plonge aussi par moments dans une ambiance Western fort plaisante.
Une autre chanson, « Week Of Seen », nous renvoie vers une ambiance plus feutrée mais toujours rythmée, sous des airs « funk » bienvenus. J’enchaîne avec « Mind City », pièce instrumentale au style rock faisant la part belle à la guitare. « Tomorrow » est une autre piste toute droit sortie d’une bande annonce de film qui reste à produire, avec du synthé, de la guitare, et une mélodie bien balancée. Un mélange détonant qui fait preuve de créativité et d’originalité avec un ensemble de morceaux hétéroclites. Bref, j’écoute une musique énergisante, un son à part !
Un rapide coup d’œil sur ma montre, il est vraiment tard, dehors se dessine une ville encore endormie qui a revêtu son grand manteau noir. Je vis une insomnie créatrice, le temps de composer cette chronique.