Rencontre du dernier type pytoresque
Après trois jours passés en résidence et à la veille d’un concert qui fera office de vernissage de son dernier album, « Mon Grand Amer » (voir le compte rendu du concert sur notre site, ndlr), PyT s’est attablé avec Gig, devant une bière fraîche, à la superbe terrasse du Café du Soleil, à Saignelégier, dans le Jura suisse, afin de parler de musique, de vie, du passé et de la suite. Entre fulgurances poétiques, saillies spirituelles et philosophie du quotidien, l’ami PyT nous aura abreuvés à bonne source. Et le lecteur boira ses paroles. Longue vie et santé !
C&O : PyT, quels sont tes sentiments et impressions quand tu réécoutes aujourd’hui, vingt ans après sa sortie, l’album mythique « Vae Victis », de Galaad (groupe dans lequel PyT était chanteur dans les années quatre-vingt-dix, ndlr) ?
PyT : (Long silence…). Quand on fait référence au passé, l’être humain a tendance à plutôt se souvenir des bons moments. Je ne retiens donc de ce disque, et du contexte qui lui est rattaché, que les moments magiques. Sur un plan plus négatif, on a beaucoup sué pour réussir à combiner tous les égos et apaiser toutes les têtes pensantes qui faisaient partie de Galaad à l’époque pour, au final, aboutir à un très bon album. Et ça, c’est un sentiment de victoire. Victoire symbolique puisque à cinq, on a réussi à combattre le « mal en nous » pour aboutir au bien : l’album. C’est très différent de la situation actuelle où l’on n’est plus que deux pour réussir le même pari. C’était bien plus difficile avant. Ce qui a conduit à la fin de Galaad.
C&O : Peux-tu revenir brièvement sur la disparition de Galaad après cet album prometteur ? Et, par dessus le marché, comment expliquer qu’un tel disque, malgré les critiques unanimement dithyrambiques, ne vous ait pas mis en orbite sur la planète rock française ? Disparaître après une telle bombe, drôle de stratégie, non ?
Pyt : C’est vrai. Mais ça montre à quel point la structure du groupe était, en fait, fragile. On n’était en effet pas loin d’un certain but, on avait passé quelques niveaux, on aurait pu accéder en ligue nationale ! Mais, en même temps, Galaad peinait beaucoup, déjà à l’époque, on avait bien de la peine à obtenir des concerts intéressants, à produire des albums, réussir à exister et à subsister n’était pas si simple. Je tiens à le dire car le culte voué à ce groupe tend à fausser quelque peu la réalité, comme si Galaad jouissait alors d’un énorme succès et que PyT, aujourd’hui, n’en aurait pas. C’est pas ça. On peinait déjà. Le jour où j’ai fait éclater le groupe, j’ai convoqué le mec qui était notre agent et je lui ai dit que comme on ne s’entendait plus, je continuerai avec Claude Kamber et Vincent Berberat (batteur et bassiste de Galaad, ndlr) et je me séparerai des deux autres (Sébastien Froidevaux et Gianni Giardello, respectivement guitariste et claviériste de Galaad, ndlr). Lui a essayé de me convaincre de ne pas faire « péter le truc ». Mais je n’avais plus de contrôle sur rien, ni sur moi-même. Je n’avais alors pas le recul nécessaire pour prendre la (bonne) décision de décider de trois mois de pause puis de recoller les morceaux après ce laps de temps. Il y avait une date prestigieuse qui se profilait, à La Cigale, à Paris. L’avenir était donc là. Certes, on aurait pu. Mais les opportunités n’étaient pas si fréquentes, elles étaient comme les feuilles mortes : elles voltigent, elles se posent, elles reviennent et elles repartent. Notre existence de musiciens n’était pas acquise. Produire un bon disque à moindres frais, obtenir de bonnes offres de concerts, tout ce qui fait la subsistance d’un musicien ne nous était pas donné.
C&O : Parlons un peu, justement, des « années d’après », le long hiatus entre « Vae Victis » (1995) et le premier (et unique) album de L’Escouade (« Confidences De Mouches ») paru en 2010. Quinze ans de silence discographique, ce n’est pas trop long pour un artiste qui trépigne, comme toi ?
Pyt : C’est assez long, c’est vrai. Il n’y pas eu que des moments heureux. J’ai galéré. Il y a eu des moments où ma vie était vide. Pas de subsistance matérielle non plus car j’avais fondé ma vie sur la réussite d’un groupe de rock et quelques piges dans des journaux (PyT a collaboré avec le regretté magazine Rockstyle, ndlr). Quinze ans sans aucun projet qui m’aurait « tiré en avant ». J’ai lu que les soucis de quelqu’un se terminent le jour où il retrouve et l’amour et un boulot. Ce sont les deux piliers fondamentaux de notre système sociétal. Un boulot est un projet de vie. Avec une amoureuse (ou un amoureux) avec qui partager son projet de vie. Et j’étais partiellement privé de ces ingrédients-là. Je menais une existence faible et désertique. Et pas de musique. J’étais un type confus qui était en attente du meilleur.
C&O : 2013, ton premier véritable album en solo, composé par ton complice de toujours, Sébastien Froidevaux, ancien guitariste de Galaad, Carnet d’un visage de pluie. Raconte-nous la genèse de cet album de la résurrection.
Pyt : D’abord c’était la volonté de recréer Galaad avec les musiciens de l’époque. Mais j’ai vite senti que Sébastien avait des ambitions claires de développement musical : il voulait devenir compositeur, arrangeur et créateur. Il est capable de faire beaucoup de choses. De plus, les autres ne semblaient pas trop intéressés non plus par une reformation en bonne et due forme. Sébastien s’est donc retrouvé de facto au milieu de la scène. Il a un rôle-clé. Il me propose des musiques et je crée mes textes ainsi que mes lignes mélodiques d’après elles. Echec quant à la reformation de Galaad mais réussite pour Sébastien qui s’est ainsi retrouvé promu au rang de compositeur exclusif pour PyT. Je lui ai seulement demandé que ce projet naisse sous le nom de PyT car je suis le chanteur. Il n’y a plus de groupe. Mais on est encore dans une phase hybride car, comme tu l’as soulevé dans ta chronique de mon dernier album (voir chronique de « Mon Grand Amer » sur notre site, ndlr), il n’est pas exclu pour moi de m’acoquiner avec d’autres compositeurs. Mais il est vrai que, pour la qualité du travail, c’était bénéfique pour moi de collaborer avec Séb car il travaillait seul dans son home studio et m’envoyait des pistes instrumentales en format MP3 que je pouvais étudier ensuite tranquillement chez moi. Je pouvais ainsi créer des chansons « autour » de ces envois musicaux, de ces riffs, de ces rythmes ou de ces idées, parfois embryonnaires.
C&O : Cet album, lui aussi, a obtenu les louanges de ceux qui ont eu la chance de pouvoir l’écouter. Pourquoi ce choix dangereux de l’autoproduction mêlé à une distribution si confidentielle ? N’es-tu pas passé à côté de ton public ?
PyT : Mon public, c’est un peu abstrait. Sans autoproduction, le disque ne serait tout simplement jamais sorti. Aucun label n’aurait été intéressé. Il n’y a pas de producteur. On s’est débrouillés. Soit on attendait, soit on aboutissait à un projet finalisé avec les moyens qui étaient les nôtres. L’injection financière modeste a tout de même permis de créer un disque abouti et professionnel. Mais j’admets qu’il n’est pas facile, pour mon public potentiel, d’ »accéder » au disque. On ne le voit pas partout, sur toutes les gondoles de supermarché. Mon public est un public averti qui vient chercher, qui est actif. Mais ce public-là n’est pas énorme. La culture draine peu de gens. Notre projet est un peu hybride, il est culturel et populaire. Mais les groupes de rock ne tiennent plus la rampe face aux soirées organisées et autres dance parties. Le rock est une musique de papy. On est des vieux.
C&O : Deux ans après « Carnet D’un Visage De Pluie », ton avis sur ce disque–miracle qui a mis sur les rails ta carrière de chanteur en solitaire ?
PyT : C’est un bon album. On sent la patte de Séb. On sent les couleurs musicales qui l’animent et que je partage. Ce n’est pas véritablement l’album d’un chanteur au sens strict. C’est l’album d’un duo.
C&O : Pourquoi avoir mis, comme illustration de pochette, un photomaton de toi plus jeune ? La crise de la quarantaine ?
PyT : C’était pour conserver un souvenir. Comme on peut se construire un album-photo personnel. C’était un peu l’idée. Carnet intime. Personnel. Et qui correspond à cette période de laquelle rien n’est sorti. J’écoutais de vieilles cassettes contenant des jams ou des compositions de l’ère Galaad et j’essayais de construire quelque chose avec ça. Un lent travail de recyclage, je voulais utiliser toutes les choses « mortes-nées » de cette époque. J’étais frustré. Tout était en suspens. Et c’est bien pour mettre un terme à cela que Carnet d’un visage de pluie a paru car beaucoup de titres de cet album datent, originellement, de la période 1994-1997. Des titres comme « Tôt ou tard » ou « Comme c’est beau » existaient déjà, sous forme de maquettes, à l’époque. Puis Séb a amené de nouvelles compositions plus élaborées, déjà arrangées.
C&O : Deux ans seulement après « Carnet D’un Visage De Pluie » paraît ton nouveau (presque) double album « Mon Grand Amer », toujours composé par Sébastien Froidevaux et toujours avec des textes de ton cru. Pourquoi une telle « précipitation » alors que tu nous avais habitués à de si longs espaces entre tes créations musicales ? As-tu enfin trouvé le rythme qui sied à ton art ?
PyT : Il ne faut jurer de rien. La prochaine création risque d’être aussi coûteuse et il va devenir vraiment difficile de trouver les fonds nécessaires. Les subventionnements possibles ont leurs limites. Il n’est pas du tout certain que l’on puisse, dans deux ans, sortir à nouveau quelque chose. Mais si ce n’est pas dans deux ans, ce sera dans quatre ans ! Séb et moi travaillons bien, tout se passe bien, on a trouvé une formule qui nous convient. Lui peut exploiter son home studio et me transmettre ce que je suis incapable de créer : de la musique. Je ne vois pas pourquoi on arrêterait.
C&O : Vingt titres ! L’année 2014 a été l’année la plus prolifique de ta vie ! Tout est plus facile après quarante ans ?
PyT : Vingt titres car on ne voulait pas se priver. C’était la joie de la liberté. Ces morceaux n’ont pas tous la même coloration ni la même intensité. Il y a des morceaux plus mainstream et d’autres plus pop sous influence des Beatles. On ne voulait sacrifier aucun morceau sur l’autel de la conformité qui voudrait qu’un album, c’est douze morceaux, point. On était partis dans l’idée d’un double disque mais ça coûtait trop cher. On a donc créé un « ersatz » de double album, un « ersatz » d’album conceptuel (chaque fin de morceau indique la tonalité du titre qui le suit directement, comme une résonance qui crée des liens entre les chansons). Mais ce n’est pas un concept album ! Ce n’est pas du Roger Waters ! Ce sont juste des chansons de PyT. Nées de ses goûts divers et variés. Ça permet également à Séb de faire ses gammes, d’arranger des morceaux très différents les uns des autres, d’aller au bout des chansons.
C&O : Malgré le titre, « Mon Grand Amer », qui pourrait sembler quelque peu déprimant ou défaitiste, ce long disque, plutôt positif et lumineux, propose les textes les moins sombres de toute ta carrière. PyT est-il enfin un homme heureux ?
PyT : Oui, je le pense. La difficulté, à l’époque de Galaad, pour moi, c’était que tout était très déstabilisant. Je n’avais pas l’assise sociale qui me permettait d’avoir une véritable confiance en moi, de prendre des décisions et de les assumer. Je ne parvenais pas à proposer des choses solides, sérieuses et prévues. J’assumais peu. Aujourd’hui, tout est mieux maîtrisé. Même ma manière de chanter est canalisée. J’essaie de ne plus terminer en concert à plat. Il y a beaucoup de signes comme cela : je veux conserver mes acquis socioprofessionnels et musicaux. Les choses doivent se poser : ma voix se pose, ma musique se pose, les guitares se posent… même nos bières se posent ! Tout doit être à plat. Le sol est assez puissant pour accueillir toutes ces choses. A l’époque, cette assise m’était inconnue. C’était le tourbillon permanent. Qui me prenait même au niveau des chevilles. Je ne tenais pas en place, je n’étais pas à l’aise. Le temps a permis cette assise.
C&O : Même si ta musique n’a cessé d’évoluer depuis le premier disque de Galaad en 1992 (« Premier Février« , voir chronique sur notre site, ndlr), on a l’impression que tu as enfin trouvé ton style propre avec ce dernier album ; des morceaux simples pop rock et mélodiques aux textes ciselés. Finalement, tu es un peu le seul dans ce créneau. En es-tu fier ?
PyT : Oui. Ce que l’on proposait à l’époque de Galaad n’était déjà pas très convenu. C’était une musique peu propagée. Il n’y avait pas beaucoup d’autres groupes que nous à pratiquer cette musique. C’est vrai, pour en revenir à aujourd’hui, il existe peu de chanteurs à proposer une assise musicale telle que la nôtre. Peu de chanteurs sont autant en recherche que moi de la mélodie ultime, qui tue. Je suis en recherche permanente de l’émotion. Je veux vivre des émotions et les faire vivre. Je veux réveiller, rappeler des émotions afin de les mieux dépasser ensuite. J’aime les forces de déblocage. Galaad et PyT veulent « dépétrifier » les auditeurs. Toute cette concentration d’énergie engoncée dans nos soucis du quotidien réclame libération. Une explosion. Et cette explosion a toujours été mon moteur. Mais ce côté rock est parfois difficile à canaliser. C’est comme un traumatisme. Il ne disparaît jamais. On ne fait que corriger le tir. Mélodie, émotion, textes. Ce que l’on propose, c’est également le respect de nos influences. Si Séb devait s’entourer d’un autre vocaliste, il ne prendrait pas forcément un chanteur à texte comme moi et, à l’inverse, si j’étais musicien, je me proposerais une musique probablement très différente de la sienne. Mais je ne compose pas et notre association donne cela. Cette confiture, c’est ce que nous proposons. Le meilleur des deux mondes.
C&O : Même si les influences se font naturellement moins sentir que dans les premiers enregistrements, quels groupes, auteurs, écrivains ou musiciens bercent toujours ton imaginaire ?
PyT : Mon imaginaire est pauvre en ce moment. Peu de choses me font vraiment vibrer. Je suis plus attaché à des titres épars qu’à un groupe ou une carrière. Je ne possède que peu de choses, je vis chichement dans un studio et ne collectionne pas les disques. J’écoute principalement de la musique en streaming via mon ordinateur. En ce moment, j’adore une reprise du tube « Big In Japan » d’Alphaville par Ane Brun (qui avait tourné avec Peter Gabriel, ndlr). Je ne suis plus, comme à l’époque, attaché à des « groupes fétiches ». Autrement, je m’intéresse aussi à ce que font les collègues romands comme Vincent Vallat, Olivia Pedroli ou d’autres. Mais je suis comme une éponge. Tout m’interpelle. L’artiste est un témoin de son temps, il se véhicule dans l’espace-temps en indépendance des habitudes et des mœurs alentour, moins de conventions et donc, plus de liberté. Cette liberté va lui servir à créer quelque chose de nouveau et de non-conventionnel.
C&O : PyT vient-il d’accoucher du disque parfait ?
PyT : D’après ta chronique sur le site, non ! (rires !) Ce n’est évidemment pas un disque parfait mais c’est le meilleur disque que je pouvais proposer dans ce cadre et dans ces conditions. C’est un bel objet, réfléchi, pesé et bien emballé (l’artwork est magnifique, ndlr).
C&O : A ce propos, quel est ton avis sur la critique de ton « bébé » sur notre site ?
PyT : Je partage l’essentiel du propos. Je suis déçu de ne pas avoir obtenu 10/10. Ce disque est un bon recueil de différents essais musicaux. L’auteur de cette chronique, je sais que c’est toi, a mis beaucoup de psychologie et de finesse dans les contours à prendre afin de prendre en compte mon parcours. Tu y es allé doucement. On sent que tu es sensible à ce que je fais. Il y a très peu de gens qui connaissent ma carrière aussi bien que toi et rien que pour ça, merci. La chronique est top et je partage ton avis. Par contre, je ne perçois pas Bashung dans « Vers Où Vont Mes Aïeux ». Mais est-ce qu’il y a vraiment du Bashung dans ce que je fais ? Ma voix et la sienne sont aux antipodes. Mais j’admets qu’il y a un goût semblable pour une écriture qui se veut étonnante. On passe d’une phrase à une autre sans que le lien soit clair mais en même temps il est là et il est magique. Il agit. C’est peut-être un trait commun entre lui et moi. Lui aussi aimait bien les arrangements classieux, il aurait sans doute aimé le titre « Le Mal Par Le Mal », un truc sombre, style « vieil Ange ». Avec ce côté massif que l’on pouvait entendre sur « Fantaisie Militaire ». Je suis incapable d’imiter Bashung. Alors que Stephan Eicher, Arno ou Fish (ex-chanteur de Marillion, ndlr), je te les fais avec plaisir !
C&O : Qui seront les musiciens qui t’accompagneront sur scène tout au long de l’année 2015 et où les as-tu recrutés ?
PyT : Le staff est stable, on a seulement changé de bassiste : Alain Boillat nous a quittés et a été remplacé par Jean-Luc Froidevaux qui est également accordéoniste. Il a travaillé avec Antoine Flück (célèbre accordéoniste helvète, ndlr) et possède également son propre studio. Stève Fleury, notre claviériste, jouait déjà avec moi dans L’Escouade et dans la seconde mouture de Galaad, en 1998, en remplacement de Gianni (qui, au passage, vient de former un groupe de metal progressif qui se nomme White Shadow et donne des concerts dans le Jura). Laurent Pétermann, le batteur de Galaad et de L’Escouade, Séb, bien-sûr ,et son frère Stéphane qui nous rejoint comme second guitariste.
C&O : Cette tournée proposera des titres issus de tes deux albums en solo naturellement. En profiteras-tu également pour réarranger des morceaux de Galaad dont on fête le vingtième anniversaire de l’album « Vae Victis » cette année ou des titres de L’Escouade puisque deux musiciens de cette formation, le batteur et le claviériste, jouent à tes côtés encore aujourd’hui ?
PyT : Il est prévu, mais rien n’est certain, qu’une soirée spéciale, organisée par notre fan Philippe Schmutz, de Vevey,ait lieu au Rocking Chair (célèbre club rock de Vevey). En plus de la setlist « normale », on pourrait rejouer l’album « Vae Victis » (presque) en entier, une bonne quarantaine de minutes. Pour célébrer cet anniversaire. Il n’est par contre pas prévu de rejouer des compositions de L’Escouade. (dommage, ndlr).
C&O : Pourquoi PyT ne se lance-t-il pas dans une grande tournée plutôt que dans des dates éparses et différées les unes des autres ? Est-ce si difficile, de nos jours, d’organiser une « véritable » tournée ?
PyT : Oui, une tournée, c’est extrêmement difficile. C’est un boulot à temps complet. On a un booker mais qui rencontre pas mal de problèmes. Comme à l’époque de Galaad, on ne joue que les week-ends. On est des amateurs. A l’époque de Galaad, j’étais pour que l’on fasse le pas, que l’on se mette en difficulté. Aujourd’hui non, même si notre offre est assez large puisque l’on est à même de proposer toutes configurations de spectacles possibles, de la grande salle où l’on joue à six musiciens à des pubs (on jouera d’ailleurs au Lounge Pub de Moutier, dans le Jura bernois, le 26 juin). Ce sont les possibles actuels.
C&O : Des projets ?
PyT : Non. On se focalise sur le dernier disque. Même si la durée de vie de cet objet est bien limitée. Les as du marketing nous prédisent un déclin dès le deuxième mois de parution. Tout cela reste donc bien confidentiel. Mais on mène une existence parallèle. On vit comme les grands mais en plus petit. Chacun peut mener de front son boulot, sa vie de famille et la musique. Ce sont des moments privilégiés. Nous ne sommes plus des matelots qui vivons en soute tous ensemble sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On joue au coup par coup.
C&O : Le disque est sorti le 25 mai, il y donc quatre jours. Comment te sens-tu à la veille de ton premier concert demain, le 30 mai, dans ce Café du Soleil que tu connais bien ?
Pyt : Je suis très confiant. On a bien travaillé ces trois derniers jours. L’énergie et le son sont bien au rendez-vous. Pas de souci. Je me réjouis de ce concert car il y aura du monde. Tout est réuni pour que la soirée soit belle. On va jouer quatre-vingt-dix minutes, séquencées en quatre parties distinctes : une entrée rock, un intermède acoustique, un passage émotionnel et progressif et une fin légère et festive pour terminer. Un bon résumé des différentes couleurs de l’album. Et un bon résumé de la musique que j’apprécie.
C&O : Pourquoi entend-on si peu PyT à la radio ou le voit-on si peu à la télévision alors que chacun des titres de ce double album est un tube en puissance. Il ne manquerait que l’étincelle de la médiatisation pour faire exploser l’affaire. Comment comprends-tu ce manque de flair de la part des médias ?
PyT : Les tubes en puissance, ça n’existe pas. Il existe, certes, des chansons qui ont eu un destin incroyable. Et le système reproduit des ersatz de ces chansons. « Le morceau incroyable existe, le nouveau arrive ». Mensonge. Quand Julien Clerc ou Laurent Voulzy sortent leur nouveau tube, ce n’est pas un tube. C’est simplement un titre très accessible qui obéit à des recettes bien connues : amour, nostalgie, mélancolie. Et ça, ça accroche les gens. C’est un effet de réalité, ce n’est pas la réalité. Les vraies grandes chansons, il y en a qu’une par disque. Et encore. On s’est fait plaisir avec notre galette bien que je sois redevenu puriste dans mes goûts musicaux : je vais facilement réécouter des choses que j’aimais adolescent, sans honte. Ça me redonne l’énergie du pourquoi je fais tout cela. Séb est très épris de Genesis et compagnie mais aussi de beaucoup de choses plus vastes. Et il a pu en faire bénéficier notre album. Un morceau comme « Qu’est-ce Qui Dure » est très groovy et renvoie à des choses que l’on a aimées et qui semblent être contradictoires avec la vision d’un Sébastien Froidevaux chevalier du rock progressif. Il est ouvert à tout. Il se prouve qu’il est capable de tout. Quant à la diffusion de notre création….
C&O : Voudrais-tu faire passer un message au lectorat français qui aurait perdu de vue l’ami PyT depuis les années Galaad ?
PyT : Non. Si vous avez le souvenir de quelque chose de bien, la flamme est toujours allumée. Je suis toujours actif. Achetez notre disque, venez aux concerts, soyez actifs ! Que tout cela continue.
Propos recueillis par Christophe Gigon, mai 2015
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