Ray Wilson – Song For A Friend
Jaggy D
2016
On ne comprendra jamais vraiment pourquoi les deux rescapés du Genesis antique, Tony Banks (claviers) et Mike Rutherford (guitares), ont refusé de poursuivre la route pleine de promesses qu’ils avaient commencé d’emprunter avec le très sous-estimé Calling All Stations, paru en 1997.
Rappel des faits : en 1996, l’omniprésent Phil Collins annonce qu’il va quitter Genesis, vingt et un ans après avoir remplacé Peter Gabriel au pied levé. Déjà alors, la presse avait enterré le groupe anglais. On mesure aujourd’hui à quel point elle avait tort. Rebelote donc. Là encore, la même presse rédige l’oraison funèbre de la formation britannique. Il est vrai que cette fois, notre duo esseulé ne pouvait pas se permettre de se la jouer à la And Then There Were Two… On avait même parlé de Fish (ex-Marillion) pour faire l’affaire. Les rumeurs étaient surtout basées sur le fait que le chanteur écossais avait prêté ses cordes vocales pour quelques titres majestueux de Tony Banks sur ses albums Soundtracks (1986) et Still (1991). L’homme providentiel fut donc trouvé en la personne d’un autre Écossais, Ray Wilson, ancien vocaliste pour Guaranteed Pure, Cut_ mais surtout Stilskin, dont le single « Inside » avait jadis connu un succès gigantesque grâce à une publicité pour les jeans Levi’s. Tout le monde est donc rassuré : le bonhomme possède une voix exceptionnelle, assez proche de celle de Peter Gabriel finalement. On se met donc à rêver : Genesis va-t-il enfin redevenir plus exigeant en termes de compositions ? L’arrivée de cette superbe recrue devrait en effet pousser les papys à retrouver leur forme d’antan, celle de The Lamb Lies Down On Broadway (1974) ou de Selling England By The Pound (1973). Le résultat fut donc Calling All Stations, un disque plutôt réussi (en tous cas bien meilleur que tout ce que le trio, mené par le p’tit Père Phil, nous avait concocté depuis Duke, sorti en 1980). Las, ce n’était plus ni le lieu ni l’époque pour sortir de tels albums. Le disque a bien vite terminé sa course dans les bacs à solde, la tournée ne remporta pas non plus un énorme succès. Les deux mentors de Genesis décidèrent donc de limoger Ray Wilson, qui n’avait en rien démérité, de faire revenir Phil Collins pour une méga-tournée des stades qui s’avéra fort lucrative. On comprend donc bien que nos lascars restent davantage mus par l’appât du gain que par l’aventure musicale.
Ray Wilson est donc reparti, sa guitare en bandoulière, pour mener une carrière discrète, se produisant dans de petites salles. Ses tours de chant, constitués de titres de Genesis, Peter Gabriel, Phil Collins ou d’autres artistes-références également comme Bob Dylan ou Bruce Springsteen, enchantent un public clairsemé et nostalgique. Il propose également ses propres morceaux, issus de sa discographie pléthorique d’égale qualité.
Ainsi, Song For A Friend n’est déjà plus le dernier album de Ray Wilson. En effet, pratiquement en même temps paraissait Makes Me Think Of Home.
Song For A Friend se présente comme une collection de chansons, principalement dépouillées et acoustiques. Difficile de parler d’une galette de Wilson sans la comparer à ses autres productions tant l’ambiance y semble familière. On retrouve donc tout ce qui fait le coton de la discographie du bonhomme : de véritables chansons, composées principalement à la guitare acoustique, de magnifiques soli à l’électrique réalisés par le frangin Steven Wilson (rien à voir avec l’autre Steven Wilson…), et surtout, cette voix magique et excitante, qui transformerait une simple lecture d’annuaire en expérience mystique. À relever que la reprise de Pink Floyd, « High Hopes », devrait faire tomber en syncope les admirateurs de l’équipe à Gilmour. Et les demoiselles. D’ailleurs, on vous la propose en écoute ci-dessous. Magique. Respect pour le monsieur. S’asseoir pour déguster est conseillé.
Phil Collins est-il donc vraiment plus « excitant » ? Pour Tony Banks et Mike Rutherford, il semblerait.
Christophe Gigon
Je suis une inconditionnelle de Pink Floyd! néanmoins j’aime beaucoup cette version ,la musique est moins prenante et elle laisse plus du place au magnifique texte, la voix grave ne nuit en rien à l’ensemble mais bien sûr…ce n’est pas Pink Floyd!
Excellent chanteur et compositeur hélas sabordé par les deux papys de Genesis qui ,malgré l’immense respect qui leur est du, ont sans doute préféré le succès facile et médiocre d’un Invisible Touch à une nouvelle aventure ou les retombées financières n’étaient pas garanties
Merci pour vos commentaires, « Tamara » et « Excellent chanteur… » (un peu long comme nom quand même) !
Hélas pour Ray Wilson, on en revient souvent à parler plus de Genesis et pour l’occasion de Pink Floyd que de son indéniable talent. Mais nous ne le lâcherons pas, et je crois savoir que nous reparlerons bientôt de RAY WILSON, parce qu’il le vaut bien…
Pour l’avoir vu au Lorelei, le problème est que lui-même surfe beaucoup plus sur l’héritage (?) de Genesis que sur son propre répertoire d’où la très forte sensation d’avoir assisté à un excellent … cover band.
Il a donc une large responsabilité dans le fait qu’on en revient à parler plus de Genesis quand on évoque Ray Wilson que de lui-même. Ceci dit, il est un excellent frontman avec une magnifique voix et sans doute un grand compositeur mais je n’ai pas vraiment pu en juger en Live.