Queensrÿche – Digital Noise Alliance

Digital Noise Alliance
Queensrÿche
Century Media Records (Sony Music)
2022
Rudzik

Queensrÿche – Digital Noise Alliance

Queensrÿche - Digital Noise Alliance

Dans les 90’s, la TV française diffusait l’émission Perdu De Vue. Ça pourrait être le nom d’une nouvelle rubrique de Clair & Obscur qui pourrait être inaugurée par Queensrÿche et son nouvel album Digital Noise Alliance. Enfin… pas vraiment puisque nous avions chroniqué Condition Hüman, leur opus sorti en 2015. Le constat fait à l’époque me donne à penser que l’expression « Perdu De Vue » s’appliquerait plutôt au fait que le quintet US semble avoir bel et bien coupé le lien avec les flamboyantes années où il s’adonnait au metal prog avec bonheur et accouchait de deux albums magistraux : Operation: Mindcrime (1988) et Empire (1990). La page est tournée et je vous renvoie vers la chronique précitée de Condition Hüman pour vous replonger dans les démêlés entre la formation Mark II du groupe et son ex chanteur qui datent d’il y a une dizaine d’années.Ca commence à faire beaucoup et je ne suis pas adepte des combats d’arrière-garde en matière de line-up.
Désormais, Queensrÿsche est moins aventureux, mais demeure une valeur sûre en matière de heavy metal. Il fait donc honneur à l’ « umlaut heavy metal » de son « y » (caractère diacritique, placé de manière gratuite au-dessus des lettres du nom d’un groupe de heavy metal pour lui donner une image teutonique, nordique ou wagnérienne, cf. les précurseurs Amon Düül et Blue Öyster Cult) même si ses membres fondateurs reconnaissent ne jamais avoir trop su comment prononcer le nom du groupe affublé de ce fameux signe typographique. La relative stabilité de la formation depuis une décennie (si l’on excepte l’arrivée du batteur Casey Grillo et le retour du guitariste Mike Stone) rejaillit sur l’orientation de sa production, toujours assurée par Zeuss.

Queensrÿche - Digital Noise Alliance band1
Digital Noise Alliance est même le seizième album en près de… quarante années d’existence tourmentée et désormais apaisée. Queensrÿsche s’efforce toutefois de faire un grand écart difficile entre des périodes très contrastées en matière de créativité et de succès, ce qui n’est vraiment pas gagné. Le groupe est toujours solidement emmené par ses deux gratteux fondateurs, Eddie Jackson (basse) et Michael Wilton (guitare). Todd La Torre, son vocaliste, s’est imposé et assure une certaine continuité de ton avec son prédécesseur. Le début de l’album nous emmène en terrain connu à coup de trémolos dans la voix digne du meilleur héritage du power metal et de parties de guitares rythmiques jumelées (« In Extremis ») pour s’orienter vers des rivages plus pop (« Chapters ») avant de prendre plus de consistance le temps d’un « Lost in Sorrow ». Iron Maiden et surtout Bruce Dickinson planent sur un « Sicdeth » très énergique par ses quelques accélérations, façon speed metal. On le note, ce début d’album plutôt convenu fait la part belle au power metal. Les racines prog reprennent un peu de vigueur à partir de l’inquiétant « Behind the Walls » sur lequel, Michael Wilton, revenu à ses premières amours en terme d’amplis, délivre un solo alliant vintage et modernité. L’attachement de Queensrÿsche à son glorieux passé transpire sur le refrain de « Realms », sur le pont du monumental mid tempo « Nocturnal Lights » ainsi que dans certains passages arythmiques de « Hold On ». C’est sur l’ultime et épique « Tormentum » que les deux héritages du combo se combinent le mieux. Le côté heavy metal prédomine sur sa première partie avec le chant de Todd La Torre très calibré dans ce genre. Cependant, la très longue partie instrumentale qui s’ensuit enchaîne psyché, twin et rythmique syncopée façon metal prog pour emmener ce titre très versatile vers un final bluesy plutôt surprenant. On peut regretter que ces prises de risques tardives ne soient pas plus fréquentes sur l’album. La reprise de Billy Idol offerte en bonus permet de passer un moment sympathique, même s’il faut admettre que Todd La Torre ne possède pas cette voix à la profondeur caverneuse de l’icône des 80’s. À ce sujet, j’ai récemment visionné des prestations live de Billy Idol datant de 2015 et j’ai été très étonné de constater qu’il est une vraie bête de scène alors que je n’en avais que l’image d’une machine à tubes de studio.

Queensrÿche - Digital Noise Alliance band 2
Queensrÿche n’a plus la splendeur créative d’antan, délibérément ou non, je n’en sais rien. L’échec d’Operation: Mindcrime II les a peut-être dissuadé de prendre des risques créatifs. Il est difficile d’être et d’avoir été. Pour autant, faudrait-il bouder ce Digital Noise Alliance ? Je ne le pense pas. Cet opus contient quand même une bonne partie du savoir-faire du groupe et s’appuie solidement sur ses forces. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il vous faudra posséder, comme moi, en plus du prog, une fibre heavy metal bien développée, même si c’est au prix d’une Operation: Mindchange.

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