Queensrÿche : Condition Hüman
Queensrÿche
Century Media Records (Sony Music)
Christophe Gigon
Le divorce entre Queensrÿche et son ex-chanteur, le charismatique Geoff Tate, s’il est à présent nettement consommé, laissera perplexe la frange la moins assidue de son public. Reprenons les faits : après un début de carrière exemplaire jusqu’au départ du guitariste (et principal compositeur) Chris De Garmo, après l’album Hear In the Now Frontier en 1997, l’évolution discographique de la formation de Seattle s’avèrera nettement plus erratique, passant du pire (Operation : Mindcrime II ou Dedicated To Chaos) au meilleur (American Soldier). Le limogeage en règle du leader honni se passa avec grand fracas puisque deux entités nommées Queensrÿche existeront de concert durant les quelques mois qui suivront la parution quasi-simultanée de leur dernier disque respectif, Frequency Unknown pour Geoff Tate sans Queensrÿche et… Queensrÿche pour les musiciens avec leur nouveau vocaliste, Todd La Torre (en provenance de Crimson Glory). À noter que les deux galettes parurent la même année, en 2013. Ainsi, la séparation fratricide que connut Pink Floyd au milieu des années 1980 paraît bien terne face à la querelle intestine qui sévit au cœur du groupe qui nous intéresse. Pour la fin de la petite histoire, le groupe a gagné le droit d’utiliser le nom Queensrÿche alors que leur ancien chanteur a dû rebaptiser sa nouvelle équipe Operation : Mindcrime. À noter que leur premier album, The Key, est disponible depuis cet automne. Il s’agit d’une œuvre épique, prologue au mythique Operation : Mindcrime.
Condition Hüman, second album du Queensrÿche Mark. II, ne marque pas une évolution étonnante. On avait déjà pu le remarquer avec leur précédent essai, plus proche d’un hard rock typique des années 1980 que de la flamboyance progressive de leur âge d’or (Promised Land, 1994). D’abord, la voix de Todd La Torre, si elle apparaît comme maîtrisée, ressemble à s’y méprendre à celle de son prestigieux prédécesseur. Faites le test : nous mettons au défi quiconque de distinguer la voix de l’un par rapport à celle de l’autre. Ce clonage total permet certainement à Queensrÿche d’assurer une identité mélodique au groupe tout en proposant des concerts de haute tenue même si, pour le moment, la stature du »nouveau » peine à faire oublier le charisme de »l’ancien ». Il »fait le job » comme on dit; sans plus. À l’instar de Yes ou de Journey qui engagent des caméléons chantants, les Américains se félicitent probablement d’avoir adopté un homme dont le timbre en or joue de mimétisme avec celui qui le précédait au microphone. Cette démarche, moins risquée que la volonté opposée de reconstruire une nouvelle entité musicale (comme l’ont tenté avant eux Marillion ou Genesis), rassurera les fans les plus inquiets. Mais elle décevra les auditeurs exigeants habitués à plus d’envergure chez les créateurs de bijoux atemporels comme Operation : Mindcrime ou Empire.
Retour aux sources donc puisqu’il semblerait que le Queensrÿche nouveau reprend les choses là où elle avaient été abandonnées après les trois premiers essais discographiques, avant que ce groupe de metal, très inspiré à ses débuts par Iron Maiden, ne commence sa mue. Celle qui a contribué à transformer ce groupe en »Pink Floyd metal ». Adieu donc aux productions luxuriantes, aux ambiances progressives et aux textes philosophiques. Place à un hard rock efficace mais convenu. Comme si les musiciens tentaient de rebrousser chemin afin de repartir sur une base plus stable, peut-être plus proche de leurs réelles inspirations en fait, puisqu’il faut bien avouer que cette volonté de »tirer la musique vers le haut » restait le fait de Geoff Tate. Il est intéressant de signaler que le public semble avoir passablement rajeuni (phénomène semblable à ce que vit Indochine depuis une douzaine d’années) et que ce nouvel auditoire se contente probablement de ces compositions sans fioritures, ignorant peut-être le grandiose passé de ce groupe à côté de qui Dream Theater passaient pour d’anecdotiques zozos, avant que la situation ne s’inverse cruellement.
Certes, il reste les parties de double guitare (marque de fabrique du tandem Wilton/De Garmo depuis les débuts, assurées à présent par Michael Wilton et Parker Lundgren) et la voix parfaite de Todd La Torre pour se convaincre qu’on écoute bien le dernier album de Queensrÿche et pas le dernier Maiden. Mais cela suffit-il ? Pour un groupe de cette carrure (perdue), certainement pas. On attend donc de Queensrÿche qu’il revienne à de plus nobles ambitions. Le phénix renaîtra-t-il enfin de ses cendres ?
http://www.queensrycheofficial.com
Cette chronique me semble plus refléter l’état d’esprit d’un fan ultime de Geoff Tate qu’une analyse objective de l’oeuvre présentée. D’ailleurs quand on présente the key de opération mindcrime comme un chef d’oeuvre un début de chronique, on a tout compris…(bien que ce dernier possède quelques qualitées.).De plus il est très prétentieux de prétendre que seul les plus jeunes fan ne connaissant pas le passé du groupe apprécies..j ‘écoute queensryche depuis l’EP en 1984 et connait toute la discographie, donc ce genre de commentaire et gratuit et inutile. Perso, je ne critiquerai pas par parti pris ce que fait geoff et souhaite qu’ il nous propose de la bonne musique. Ce n’est pas le cas ici, comme certains commentaire frileux en france de gens ne supportant pas de que le groupe puisse s’épanouir sans leur Geoff (l’exception francaise? navrant).