Portal – Vexovoid
Portal
Profound Lore Records
Les grands anciens sont convoqués, ceux dépeints dans des écrits douloureux et hallucinants. T’avais du mal à y croire. Tout ça, ce n’est que de la superstition, un passage indistinct, des volutes de souffre pyrotechniques, des matières visqueuses qui dégoulinent de partout alors que la Terre tremble. Cela dépasse la compréhension étriquée de l’être humain, cet animal nuisible se cachant dans sa vacuité. Oui, petit homme, tu le refusais, de toute ton âme même si tu croyais en posséder une, à cette ambiance mortuaire que j’ai invoquée, et dont l’esprit humain peut s’y perdre à jamais. Des yeux globuleux, multiples et variables te fixent, l’impétueux crétin qui a osé ramener son bide ici-bas. Tes organes vont fondre, ta terreur s’accroitre jusqu’à déformer ignoblement ton visage de pourceau en un rictus de folie d’une texture d’hippopotame. Le ressens-tu le long de ton corps, si jeune, fougueux, si avide d’argent et de sexe ? Tu as traversé le Seuil. Tu as vu ces empreintes, n’est-ce pas ? Tu as senti ce vent qui venait de nulle-part. Les arbres dans cette végétation luxuriante t’ont semblé s’animer, tendant leurs branches crochues vers ta figure si belle, impétueuse.
Une force a été appelée. Elle englobe l’espace et le transforme en une prison ésotérique et cosmique. Tu ne sens pas ? Cette enivrante sensation, charnelle, l’horrible magnétique, la terreur submergeant. Oui, petit crétin, idiot de ton espèce putride, toi qui croit vivre en tapant dans le dos de tes collègues, en regardant la téléréalité. Tu ne me connaissais pas. Tu as cru que je serai une de ces proies faciles qui te font perdre tes substances biologiques au comble de l’excitation. En fait, la vérité t’échappe, et tu n’entends pas susurrer les terribles incantations à ton encontre. Tu le sauras, mais il sera déjà trop tard, ton énergie vitale se sera déjà évaporée et aura été aspirée, engloutie par cette trompe informe parsemée de ventouses verdâtres.
Le ciel se déchirera, une dimension nouvelle apparaitra, fugace, le temps d’un bref instant. Le temps suffisant pour que mon Maître s’occupe de toi. Tu ne connaîtras jamais l’indicible vérité. Non, toi, tu vas fuir, le plus loin, le plus vite possible, en pure perte. Nul ne peut échapper à mon Maître, petit enculé. Cette odeur putride t’accompagnera jusqu’à ton dernier souffle. Du dehors, il viendra te chercher. Tu es sa récompense, mon dû que je lui dois. Tu apercevras cette constellation de soleils protoplasmique, ils se déliteront, éclateront comme des fruits trop mûrs pour ne former que cette créature sans forme venant des temps oubliés, au-delà du temps et de l’espace.
De ce bouillonnement, Yog-Sothoth te prendra, il t’aspirera. Tu n’aurais pas dû… le malfaisant réclame sa proie par-delà le chaos et les frontières…
Jérémy Urbain (8,5/10)