Pain Of Salvation – Be
Pain Of Salvation
Inside Out
Ce album de Pain of Salvation est difficile à appréhender et ce pour deux raisons. La première, c’est la richesse thématique de l’album, pendant intellectuel du « Testimony » de Neal Morse (non pas que « Testimony » soit idiot, mais Neal Morse parlait avec son cœur, sa passion, tandis qu’ici, Daniel Gildenlow parle plutôt avec sa tête et sa raison. Quant à savoir s’il a raison justement, c’est autre chose…) Dieu est au centre de ce concept album, résultat de la réflexion de Gildenlow. Il explique d’ailleurs, à la fin du (très épais) livret, comment lui est venue cette idée, et comment il a élaboré sa réflexion sur plusieurs années, en observant la vie et en réfléchissant sur ses origines. Il ne parle pas de Dieu lui-même, mais de « l’idée » de Dieu, et en fait un parallèle avec l’homme. Je vous laisse le soin de faire votre propre analyse à la lumière des paroles, si vous en avez le courage !
C’est justement cela qui peut rebuter une partie du public. Il ne faut pas être allergique non plus à une théorisation de la musique ; sont insérés des sons, des mots parlés, une lenteur dans certains passages qui, bien qu’en rapport avec le contenu, peuvent s’avérer rébarbatifs pour le contenant (la musique). Il y a d’ailleurs un titre (génial !) dans lequel des gens sont sensés mettre un message sur le répondeur de Dieu ! Le morceau est surprenant autant qu’original, et on peut se reconnaître dans certains messages. Et ma deuxième raison alors ? Eh bien, la richesse musicale est telle qu’elle impressionne par sa virtuosité, et chaque titre est différent de l’autre. Ainsi se côtoient le planant, le mélancolique, le prog, le blues, le gospel, le metal, le rap (de la même façon que sur « The Perfect Element ») et le classique (le titre « Pluvius Aestivus » est une merveille au piano qui vaut à elle seule l’achat du CD !) Une formation orchestrale accompagne le groupe et se voit magnifiquement utilisée. Il faut ainsi écouter et réécouter l’album afin d’en tirer toutes les richesses.
Pour moi, « Be » est le chef-d’œuvre de Pain of Salvation, un album d’une grande puissance émotionnelle. Il ne faut donc pas s’arrêter sur le concept (il est vrai que c’est à la mode), mais se plonger dans cette oeuvre ambitieuse et exigeante. La musique est moins violente, mais elle a gagné une dimension qui frise par moment le sublime.
Fred Natuzzi (9,5/10)
Site web : http://www.painofsalvation.com