Oceans Of Slumber – Starlight And Ash
Century Media
2022
Rudzik
Oceans Of Slumber – Starlight And Ash
Ils ont moins de dix ans d’existence et pourtant, Starlight And Ash est déjà le cinquième album d’Oceans Of Slumber. Le groupe a décollé lors de l’arrivée au chant de la féline Cammie Beverly dont la voix est d’un éclectisme étonnant. Elle est remarquablement entourée par Dobber Beverly à la batterie, Mat V. Aleman aux claviers, Semir Özerkan à la basse, Jessie Santos et Alexander Lucian aux guitares.
Les natifs de Houston sont issus du creuset du metal extrême, aussi les réminiscences de death et de black sont très prégnantes dans leurs compositions même si les growls en sont exclus. En cela, Starlight And Ash marque une évolution dans leur toile de fond musicale, car ces racines imprégnées également d’une bonne dose de prog sont désormais mixées avec des influences blues rock voire soul notamment sur les refrains des ballades. Ça n’est pas pour rien qu’Oceans Of Slumber est régulièrement qualifié d’Opeth à chant féminin.
Je découvre le groupe avec cet album dont le premier titre, « The Water Rising » m’a pris aux tripes dès sa première écoute. Camille chante les couplets de ce titre pop/prog façon Shakira avec ces ruptures tonales graves si caractéristiques de la chanteuse latine. Oui, je sais, cette comparaison est osée, mais je vous rassure, la construction du morceau n’a rien à voir avec le répertoire de Sha…qui ? Les accélérations blastées en seconde partie du titre le démontrent aisément. « Heart Of Stone » sème les graines bluesy précitées dans un champ (chant ?) qui demeure très métallique, mais aussi alternatif. C’est l’occasion de noter la justesse de la section rythmique, notamment au niveau des breaks et des redémarrages puissants. Le côté bluesy/soul est encore plus affirmé sur « The Lighthouse » pour lequel le travail à la batterie de Dobber Beverly, mi-acoustique, mi-électronique est épatant. Ces deux titres renferment aussi de courts et rares soli de guitare entrecoupant une performance vocale de Cammie Beverly qui force le respect pendant tout l’album. Et d’ailleurs, il faut noter que ces tonalités soul et black music conviennent bien mieux à sa voix qu’un chant plus agressif. Ce mix doom/blues/soul/black music et même black tout court conduit Oceans Of Slumber à enchaîner les titres lents (ballades ? Comme pour « Hanging Tree »). Une certaine lassitude peut alors s’instaurer contre laquelle les outils utilisés sont les alternances entre des passages d’une sensibilité extrême et d’autres où la puissance blastée renforce à bon escient le propos. Ceci est particulièrement efficace pour « Red Forest Roads ». Les tréfonds de la noirceur sont atteints sur « Salvation » surtout à partir du moment où des chœurs gothiques psalmodiant entrent dans la danse. Ils sont prolongés sur « Star Altar » à l’introduction puissante. Il devenait temps de redonner un peu de légèreté à l’ensemble avec l’excellent instrumental au piano de « The Spring Of ‘21 » lançant délicatement « Just A Day » qui cependant nous replonge très vite dans cette noirceur qui colle aux tripes d’Oceans Of Slumber.
Le sextet est coutumier des covers revisitées avec les versions extrêmes de « Night In White Satin » et d’« On The Turning Away » sur les albums précédents. Cette fois-ci, c’est le tube des Animals, « House Of The Rising Sun » qui passe à la moulinette d’OOS dans une version au contraire très dépouillée. Malheureusement, Cammie en fait des tonnes, un peu comme c’est la mode dans les milieux de recyclage pop qui donnent en pâture à des chanteuses de hip hop des tubes 80’s. Trop d’émotion artificielle tue l’émotion. On en retiendra surtout le très joli solo de violon de Carla Kihlstedt qui fait office de second couplet. Dire qu’en plus, chaque exécution ou cover de ce titre mythique, dont les origines remontent au début du siècle dernier, spolie un peu plus Eric Burdon et ses anciens acolytes, car c’est Alan Price, leur producteur, qui a déposé les droits d’auteur-compositeur et touche systématiquement les royalties en lieu et place des Animals, un vrai requin celui-là. Bon, alors on oublie pour se plonger dans « The Shipbuilder’s Son » pour un final dantesque. De ses débuts où Cammie extrait toute l’émotion au plus profond de ses cordes vocales jusqu’au final majestueux magnifiant son refrain par une orchestration puissante et tripante, ce morceau conclut en apothéose Starlight And Ash grâce à sa symbiose totale entre les musiciens et leur plantureuse chanteuse. Cette plage illustre parfaitement le virage pris par le groupe alliant désormais modernité métallique avec un classicisme de bonne facture.
Bien que comportant quelques longueurs en son mitant, Starlight And Ash est un album brillant d’un groupe cherchant de nouvelles pistes pour se sublimer sous la coupe de sa chanteuse à la voix magique. Il faudrait toutefois que Cammie Beverly ne devienne pas la « Steve Hogarth » d’Oceans Of Slumber, non pas que je n’apprécie pas le frontman de Marillion, au contraire, mais dont l’emprise sur le groupe semble dorénavant brider sa créativité musicale. Souhaitons alors aux six Texans de continuer à évoluer pour nous servir des compositions faisant le pont entre des genres musicaux si distincts.
https://oceansofslumber.com/
https://www.facebook.com/oceansofslumber
Le dernier album de ce groupe texan avec une des plus belles voix actuelles. Plus rien de métal et pourtant classé comme tel… Une voix soul dans un écrin gothique, la suite logique de leur évolution. Enfin plus ces growleries hors de propos ni cette putain de double pédale qui pourrissait certains titres. En un mot, splendide.
je suis d’accord, Chris. Ce virage « soul » est le bienvenu, les productions précédentes pâtissant de ces « growleries » sans intérêt (bon sang, mais laissons les growleries au death metal) et d’un prog metal assez générique.
Hypnotisant…..
Et lascif…