Neurosis – Enemy Of The Sun
Neurosis
Alternative Tentacles
Une vie parait bien triste sans Neurosis. Je me revois tiens, insouciant, sautant à pieds joints dans les flaques d’eau, tapant sur les poubelles à coup de Caterpillar, mais ça, c’était avant. Avant que je me prenne une beigne, une bonne, une vraie. Une de celle qui calme direct. Ce jour là, donc, j’ai découvert Neurosis. Depuis, je vénère le combo comme d’autres le font avec Bouddha, c’est vous dire l’objectivité de mes propos. Mais là, j’essaie d’être un tant soit peu sérieux. Ecouter Neurosis, c’est s’ouvrir à un nouveau monde, c’est VOIR. C’est une sensation, physique, qui prend les tripes et l’âme. Ça les tord, ça les secoue et, pour être franc, ça écrase…
« Are You Lost ? » L’Espace se déchire, le Temps s’altère, la Réalité se distord. C’est un Titan qui écrase de sa main une montagne, réveille volcan, flamme, offrant une vision tellurique de l’apocalypse.
« Are You Lost ? » C’est une violence suffocante par sa lourdeur colossale, véritable transe de puissance visant l’atmosphère, le climat, l’oppression, rendant tangible, charnelle, chaque parcelle d’explosion sonore. « Enemy Of The Sun » est un monolithe, un bloc de granit noir que nul ne peut abattre. Un fleuve où l’on se perd, déstabilisé, vacillant dans les remous écorchés. Un poing de chair, de métal et de roc amalgamées qui comprime le corps et le mental jusqu’à l’asphyxie des sens, brouillés, disloqués…
« Are You Lost ? » Au début, on ne voit plus rien, mis à part une obscurité vibrante et pesante. Puis, ce sont des formes de lumières, des cercles, rouge sang, des abstractions, le feu. Quelque chose arrive, qui gronde, rampe… Un flux fait d’hurlements, larsen, dureté, violence de ton et noirceur industrielle aussi indestructible qu’un diamant. Ces ombres de couleurs se transforment, semblent prendre vie, acquièrent une conscience, elles s’approchent sur un rythme cassé et pachydermique où chaque coup résonne comme un retour primitif. Neurosis embrase le ciel et l’être humain avec. C’est un piège auquel on ne peut y échapper, pas de retraite possible. C’est la rétention d’une colère qui lâche, qui submerge…
« Are You Lost ? » Oui, je ne trouve pas mon chemin, oui, cette colère m’envahit. Oui, ces pensées macabres s’insinuent dans mon esprit. Oui, et encore oui, je ressens cette intensité… Je la VIS !
« Are You Lost ? » Un martèlement tribal enfle. Je n’en peux plus et je n’en veux plus. Les racines desséchées sont mortes mais des cendres, encore brûlantes, une nouvelle substance en surgit. Ces battements me déplacent, je remue, je vois, je bouge, je creuse, je m’extirpe de terre, je prends mon souffle et je hurle.
« Are You Lost ? » Je braille mon existence, je la crie, je la gueule… Putain !! Naître !! Je suis le Titan !
« Are You Lost ? » Peut-être… Mais maintenant, je sais où je me situe.
« Are You Lost ? » Une réponse attend. Elle se construira pendant la lecture de « Enemy Of The Sun ».
« Are You Lost ? » Ça commence ainsi.
Jérémy Urbain (30**/10) Nuff Said