Motis – Josquin Messonier

Josquin Messonier
Motis
2014
Musea Parallèle

Motis Josquin Messonnier

Motis, l’excellente formation jurassienne de rock médiéval, nous est revenue, l’année passée avec un nouveau recueil de titres articulés autour de la vie de Josquin Messonnier, personnage symbolique dont on va conter le cours d’une vie, de l’enfance à l’âge adulte. Magnifiquement arrangées, comme toujours avec nos troubadours franc-comtois, les onze pistes de toute beauté formant cet ouvrage conceptuel sauront convaincre les mélomanes les plus exigeants. Las, qu’il est difficile de parler de Motis sans évoquer le géant Ange. En effet, la voix d’Emmanuel Tissot (âme de Motis) doit beaucoup à celle du Père Décamps. Même force, même charisme et même prononciation ciselée qui permet de profiter (le cas est plutôt rare en France !) de chaque mot énoncé. Non seulement les textes restent poétiques mais, de plus, on les comprend clairement. A l’instar de ce que disait Descartes, « ce qui est clair et distinct s’énonce clairement et distinctement ». Ainsi, la parole de Motis sait toujours rester simple, accessible et plutôt éloignée des travers ésotériques dans lesquels ont parfois puisé moult formations progressives francophones. Des noms ? Non.

Le son, cristallin et puissant, permet de jouir de chaque instrument. Et quels instruments ! Jugez plutôt : outre les attendus Mellotrons, vibraphones et autres basses poignantes, qu’il est agréable d’écouter des prises de bouzouki ou d’orgue Hammond. Il est important de souligner que, si Motis propose une musique décomplexée lorgnant volontiers vers un passé révolu – on pensera, outre Ange déjà cité, à Malicorne, Harmonium, Atoll (dont le chanteur André Balzer participe au morceau « La Cabane ») ou Maneige – le style s’est tout de même passablement modernisé en proposant des orchestrations que l’on aurait pu entendre chez des groupes comme Pendragon, The Tangent ou Kaipa.

Motis Band

Certes, il ne s’agit jamais, ô grand jamais, de metal progressif, de post-rock ou de musique électronique. Seulement, le côté médiéval et historiquement travaillé que l’on découvrait avec délices sur les disques « L’Homme-Loup » ou « Prince Des Hauteurs », déjà passablement « rajeuni » sur le très réussi « Ripaille », en 2011, tend, aujourd’hui, à lutter d’égal à égal avec une posture plus rock. On pensera à des albums comme « Vu D’un Chien » (Ange), « Premier Février » (Galaad) ou « Hergest Ridge » au ton si étonnamment pastoral du grand Mike Oldfield.

On pourra toujours reprocher à cette formation jubilatoire de se placer dans un créneau tantôt tenu par la bande des frères Décamps. Mais, force est d’avouer que, dans ce style très connoté, on ne saurait proposer mieux. Et sachons-leur gré de n’avoir pas honte de colporter, outre une étiquette « rock progressif médiéval » parfaitement assumée qui ne risque pas de les faire apparaître en page de couverture des Inrocks ou de Rock & Folk, une vieille musique, paradoxalement très fraîche, à la force évocatrice inégalée. Un mets de gourmet, à l’instar des vins d’Arbois dont il se dit, selon l’adage, que « plus on en boit, plus on va droit ».

Christophe Gigon

http://www.motisonline.com/

Un commentaire

  • Henri Vaugrand

    J’aime également beaucoup cet album. Oui, Motis oeuvre dans un créneau pas franchement à la mode, mais ils le font tellement bien ! La formule stabilisée en trio leur convient parfaitement. Et s’il y a des références évidentes à l’aspect médiéval d’Ange, il y a belle lurette que les Belfortains, que ce soit Ange ou Gens de la Lune, ont délaissé le genre. C’est aujourd’hui Motis qui détient le flambeau et le porte très haut, ce que je leur ai dit après leurs 2 belles prestations à Crescendo cet été !

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