Monkeys On Mars – Monkeys On Mars
Mrs Red Sound
2025
Palabras De Oro
Monkeys On Mars – Monkeys On Mars
Ce n’est pas à un énième remake de La Planète Des Singes que je vous convie aujourd’hui, mais à l’inattendu EP d’un tout nouveau projet fusionnant en totalité deux groupes bien connus dans les milieux progressifs. En effet, les Bordelais de Mars Red Sky se sont unis pour le meilleur (et non le pire) aux Suisses de Monkey3 pour donner naissance à Monkeys On Mars et à un convaincant EP éponyme.
3 + 4 = 7, le compte est bon en termes de musiciens, même s’il faut toujours faire gaffe à ce que quantité ne soit pas confondue avec qualité. Ce choix de garder tout le monde pour un projet commun, quitte à doubler des postes, me rappelle ce fabuleux combo breton découvert en live au dernier Raismesfest, Komodrag & The Mounodor, dont les fuzz, les percussions et l’orgue Hammond délicieusement 70’s avaient chauffé à blanc la scène, avec une bonne dose d’humour et le même nombre de zikos, sept… un chiffre magique peut-être. En tout cas, ça fait plusieurs années que ça dure pour eux. À l’heure où chacun se mue en sélectionneur pour pronostiquer la composition des équipes de France et de Suisse pour la prochaine Coupe Du Monde de foot, celle de Monkeys On Mars ne prête pas à polémique. On a Walter Albrecht et Mathieu Gazeau aux batteries, Jimmy Kinast et Jalil Perrenoud aux basses, Julien Pras à la guitare, aux textes et au chant, Boris De Piante également à la guitare et Guillaume « dB » Desboeufs aux claviers et machines electro.
Ce qui soude également nos deux groupes franco-suisses, c’est qu’ils ont le même background centré sur un rock spatial psychédélique et progressif baignant dans un univers de science-fiction. Certes, Mars Red Sky cultive une production mélodique complexe et chantée alors que Monkey3 donne dans l’instrumental puissant, versatile et hypnotique. Les deux groupes ont su mettre tout ça dans un creuset pour nous livrer cet EP fusionnel décapant. Petit bémol, il est très court. Seuls deux titres de plus d’une dizaine de minutes le composent (plus une version edit du premier qui n’est qu’un saucissonnage taillé pour la radio). « Seasonal Pyres » plante d’emblée le décor avec sa très longue introduction spatiale à souhait, une vraie B.O. de SF mixant les sonorités ambient avec un séquençage krautrock. Cette mise en scène hallucinée est brutalement piétinée par un riff musclé sur lequel se greffe un chant aérien. Cette puissance est évidemment renforcée par le doublage de la section rythmique. On pense fortement à Hawkwind. Un pont percussif et electro fait office de cessez le feu pour que le sextet fourbisse de nouveau ses armes afin de reconstruire patiemment un mur psychédélique où intensité et mélodie sont en harmonie parfaite. Les soli de guitare se posent en écume de cette marée de décibels jusqu’à un final où la wah wah met tout le monde d’accord : balle au centre et engagement à suivre ! Wow, mais où sont–ils allés chercher une telle énergie ? Heureusement, « Hear The Call » qui succède à ce monstre stellaire nous offre une intro tranquille avec des accents à la Ennio Morricone. Aurons-nous droit à un western spaghetto–spatial ? Non, car une mutation intervient après quatre minutes progressives sur lesquelles un déferlement electro se met en concurrence avec une énorme partie de batteries qui nous emporte jusqu’au cœur du morceau. Encore une fois, le groupe plonge les barres de contrôle pour gérer cette masse critique avant que la fission ne reparte exponentiellement de plus belle avec le retour d’une wah wah torturée. Le morceau se pare de stoner, un genre très apprécié par Monkey3, sans perdre sa combinaison spatiale qui l’emmènera jusqu’à la planète rouge, à la rencontre de nos ancêtres simiesques. La boucle est bouclée. Il me vient alors une idée. Et si je me passais ce titre en tant que B.O. du remarquable vidéo game de conquête galactique X4 Foundations, le jeu auquel j’ai toujours rêvé de jouer. Il hante mes jours et mes nuits depuis plusieurs semaines ? Ça serait prendre le risque d’être soumis à une double hantise… et même triple s’il me prenait l’envie d’aller voir ce que pourrait donner Monkeys On Mars en live. Et oui, une tournée française et même européenne a été mise sur pied pour le printemps 2026. En fait, sur scène, trois groupes se produiront en chaîne et aléatoirement pour les deux premiers : Monkey3, Mars Red Sky et Monkeys On Mars. Ce dernier clôturera toujours la soirée. Emmenez votre fusée, votre combinaison spatiale et votre Rover, ça peut servir.
Vous allez me dire, il y va fort le Palabras pour même pas 25 minutes de musique. Pourtant, mes éloges ne sont pas feints. Monkeys On Mars, c’est du solide, et la tournée qui s’est montée montre que les deux formations (trois en fait) ont de la suite dans les idées. Elles ont également un potentiel gros comme ça pour espérer qu’elles nous sortiront un LP subliminal dans les années qui viennent, histoire de poursuivre l’aventure martienne jusqu’aux confins de notre galaxie musicale.
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