Memories Of Machines – Warm Winter
Memories Of Machines
Music Theories Recordings
Il aura fallu plus de 4 ans pour que cet album arrive au grand jour. 4 ans pendant lesquelles Giancarlo Erra, de Nosound, et Tim Bowness, de No-Man et mentor de Erra, ont enregistré ces morceaux, écrits en commun. L’album fait appel à une multitude d’intervenants, comme on le verra plus bas, et a donc voyagé en Angleterre et en Italie, mais aussi en Suède, en Estonie et aux Etats-Unis. On retrouve au mixage un certain Steven Wilson, décidemment très occupé ces temps-ci ! Le plus frappant sur cet album est le mélange des ambiances mélancoliques avec des instrumentations plus ouvertes, plus mainstream. Une rencontre entre le son de No-Man et celui de Nosound, qui amène le disque vers des hauteurs quasi pop par moment ! On est pourtant encore en terrain familier : la voix de Tim Bowness, suave, expirée, mélancolique, poétique et minimaliste est bien présente. Ses textes sont dans la même veine : une économie de mot, et un panel de sentiments qui explose, soutenue par la musique éthérée, lancinante, ambiante ou orchestrale. En plus, donc un côté pop, donnée par une section rythmique quasi inédite dans la carrière de Bowness ! Bien sûr, cette section rythmique n’est pas présente à chaque titre, mais elle donne une variété bienvenue à l’album, dont les guitares, tenues pour la plupart par Giancarlo Erra, orientent le tout vers une clarté rassurante.
Passée la courte et belle introduction “New Memories Of Machines”, “Before We Fall” montre une luminosité musicale rafraichissante, avec Alessandro Lucci, Paolo Martelacci de Nosound, Huxflux Nettermalm du groupe Paatos à la batterie et Julianne Reagan de All About Eve aux chœurs. « Beautiful Songs You Should Know » est une relecture d’un titre de No-Man que l’on peut retrouver sur l’excellent « Schoolyard Ghosts » ; cette fois-ci, l’arrangement est un poil plus dépouillé, les guitares de Steven Wilson en moins, laissant au violoncelle de Marianne De Chastelaine une place plus importante. « Warm Winter », magnifique, est typique du croisement de sons entre nos deux compères, Erra se fendant même d’un très beau solo de guitare à la fin du morceau. La ballade planante « Lucky You, Lucky Me » semble être une chute d’un album de No-Man, puisqu’on y retrouve aux claviers et aux guitares Steven Wilson himself, et le son inimitable du maître y resplendit, belle respiration avant « Change Me Once Again », très jolie ballade pop aux accents Porcupine Tree, où l’on retrouve le personnel du groupe Nosound en intégralité !
« Something In Our Lives » bénéficie des guitares atmosphériques de Jim Matheos de OSI et Fates Warning, un morceau qui souffle le chaud et le froid, encore un bon exemple du travail combiné de Bowness et de Erra. « Lost And Found In The Digital World » est un morceau atmosphérique de toute beauté sur laquelle Robert Fripp en personne vient y faire ses soundscapes, accompagné par la trompette d’Aleksei Saks, du duo estonien UMA, et acteur du projet Slow Electric, chroniqué dans ces pages ! Une rencontre au sommet, un mélange d’ambiant, de jazz et d’électronique ! « Schoolyard Ghosts » avait été écrit pour l’album de No-Man du même nom, mais n’avait pas été assez loin dans sa composition pour y figurer. C’est donc chose faite ici, avec une bonne fournée d’invités : Michael Bearpark, Myke Clifford et Peter Chilvers (qui formaient le groupe Samuel Smiles), Stephen Bennett et Andy Booker, tous d’anciens ou actuels complices de Tim Bowness ! Splendide ! L’album se termine avec « At The Centre Of It All », atmosphérique, intense, renforcée par le violoncelle de Marianne de Chastelaine, de la double bass de Colin Edwin, de Porcupine Tree, et des guitares magnifiques de Peter Hammill.
Un album qui surprend donc par sa direction musicale très diversifiée et surtout par ce mélange de sons, très réussi. L’album se révèle indispensable pour les fans des deux formations. Pour les autres aussi, tant la qualité des compositions, la présence d’illustres invités, et la recherche musicale de l’ensemble sont impressionnants. On espère que Tim Bowness et Giancarlo Erra continueront à travailler ensemble et à nous donner autant de plaisir.
Fred Natuzzi (8,5/10)
http://memoriesofmachines.com/