Matthew Parmenter – All Our Yesterdays
Bad Elephant Music
2016
Matthew Parmenter – All Our Yesterdays
Matthew Parmenter, à l’instar de son mentor Peter Hammill (Van Der Graaf Generator), mène une carrière hors des sentiers battus mais toujours d’égale qualité. Que ce soit avec son groupe de rock progressif Discipline ou en solo, le chanteur multi-instrumentiste propose une musique exigeante, parfois austère, souvent flamboyante mais toujours unique et bouleversante. Ce troisième album en solitaire (Matthew Parmenter a tout écrit, tout composé et y joue de tous les instruments à l’exception de la batterie) ne parvient toutefois pas à détrôner le baroque Horror Express paru en 2011, ou encore Astray sorti en 2004.
Comment définir la musique du natif de Detroit, Michigan, autrement qu’en la comparant à celle du leader pénétré de Van Der Graaf Generator ? Eh bien, l’exercice s’avère ardu tant les compositions, les arrangements et les orchestrations proposées par le quadragénaire baignent dans le même nectar que celui mixé par l’habitant de Bath, en Angleterre. Essayons tout de même : un piano omniprésent, une voix démoniaque qui couvre tout le spectre possible du chant masculin, des textes lettrés et habités, et, surtout, une interprétation incarnée jusqu’à la folie. Une assise musicale lunaire qui se déploie jusqu’au maquillage permanent dont est affublé le visage de l’artiste, tant sur les pochettes de ses disques que lors de ses rares apparitions publiques.
All Our Yesterdays déçoit quand même un peu, notre Pierrot fou se serait-il assagi ? Même si ces dix titres ne s’approchent heureusement jamais dangereusement des ballades mainstream sirupeuses que ne dédaigne pas le fat(igué) Elton John. Rassurons-nous, il reste encore bien assez de hargne et de larmes chez notre bonhomme pour en remplir un énorme sac de jute. Les chansons restent superbes, et l’être humain qui les véhicule et les vit, saisissant dans cette manière très expressionniste de les proposer. L’arme fatale en cas de rupture amoureuse. Point de non-retour avec All Our Yesterdays.
Christophe Gigon