Mastermind – Excelsior

Excelsior
Mastermind
1999
SPV/Inside Out

Mastermind – Excelsior

Dans les années 90, le style heavy-symphonique des américains de Mastermind était  loin de faire l’unanimité parmi les fans de musiques progressives, et ce n’est qu’à la toute fin de cette décennie que le groupe va créer l’événement chez nous en publiant « Excelsior », d’abord plébiscité au Japon où il sera publié un an avant la sortie française. Ce cinquième opus des inséparables frères Berends est une oeuvre entièrement instrumentale, ce qui constitue un première dans le parcours et la formule musicale de Mastermind. Pour réaliser celle-ci, Bill et Rich Berends sont rejoints et secondés par l’excellent et virtuose (ô sur­prise !) claviériste suédois Jens Johansson, bien connu pour ses nombreuses collaborations avec Yngwie Malmsteen et Stratovarius entre autres. Bob Eckman et Mike Mironov viennent boucler le casting, respectivement à la basse 5 cordes et aux tablas et percussions. Les compositions restant toujours à l’initiative exclusive du guitariste/bas­siste Bill Berends, et jamais celles-ci ne se sont avérées aussi brillantes, sympho­niques et contrastées que par le passé. La présence du claviériste nordique est en ce sens une véritable bénédiction et un réel bain de jouvence pour ce groupe dont le propos musical souvent en demi-teinte en avait bien besoin !

Celui-ci en fait des tonnes en terme de débau­che symphonique, avec un jeu très typé jazz fusion, comme en témoignent  » les titres survoltés « Sudden Impulse », « On The Road By Noon » ou encore « The Approaching Storm ». L’auditeur attentif re­marquera que Jens Johansson « trompe son monde » en bidouillant un son analogique qui s’approche réellement de celui d’une guitare électrique saturée, et qu’il utilise sur la quasi-totalité de ses parties en soliste, un peu à la manière de Toshio Egawa, leader de Gerard,  célèbre groupe de rock progressif grandiloquant japonais. Apparemment, c’est également l’une des spécialité de notre amis claviériste suédois !  Il en résulte tout au long de l’album de véritables duels survitaminés de guitares et claviers, à travers une collection de titres heavy-symphonique du plus bel effet, qui laissent à l’auditeur bien peu d’instants de répit (« Sudden Impulse » en étant la meilleure illustration). On en frôle d’ailleurs parfois le tout démonstratif cher à certaines formations de prog-metal, de jazz-rock, voir de RIO (Rock In Opposition).

La majeure partie de l’album serait en ce sens un compromis idéal entre une oeuvre aboutie de rock symphonique très pointue (pour la technique) et de metal progressif (pour la puissance), même si le style général penche légèrement au filal en faveur du premier. Voilà donc un disque qui en met plein les oreilles et plein la tête, mais qui ne saurait déclencher de réel enthousiasme si l’aspect mélodique était constamment mis de côté, ce qui, heureusement n’est pas le cas sur « Excelsior », qui évite (de justesse ?) un climat général d’aridité émotionnelle. Aussi, les accalmies de l’album sont souvent de petites perles de finesse, comme en témoignent le doux et atmosphérique « Tokyo Rain » et son thème qui ne cesse de monter en puissance, ou encore la section finale du monolithique « When The Walls Fell » qui conclue l’album, servie par un solo de guitare floydien et flamboyant.

Petite faiblesse à faire signaler cependant : un album instrumental aussi ambitieux dans sa réalisation et dans son contenu musical aurait gagné bien davantage d’impact avec une meilleure production. En effet, si le mixage est bon, le son manque globalement de dynamique et de contraste, ce qui est bien dommage. Car servi avec un son énorme, le heavy progressif « 3D » de ce très fréquentable « Excelsior » nous aurait mis une sacrée baffe !

Philippe Vallin (7,5/10)

Site web : http://mastermindband.com/

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