Live Report Tindersticks au Quartz à Brest le 30 novembre 2024

Live Report Tindersticks au Quartz à Brest le 30 novembre 2024
Tindersticks
2024
Thierry Folcher

Live Report Tindersticks au Quartz à Brest le 30 novembre 2024

Live Report Tindersticks Band 1

Fin novembre à Brest et comme un peu partout dans le monde, Noël s’est déjà installé avec son habituel cortège de couleurs, de lumières et de traditions. Un beau rendez-vous qui va occuper tout le mois de décembre en essayant, tant bien que mal, de masquer les inquiétants grondements extérieurs. Le Quartz s’est payé un joli lifting et ce ne sont pas les travaux de l’avenue Clemenceau ni les quelques nuages, encore lointains, qui ont empêché une foule compacte de venir s’y installer pour assister à ce qui fut la dernière date européenne de la tournée 2024 des Tindersticks. Nous sommes au bout du monde (Penn Ar Bed) et plus loin, il y a l’Amérique, 2025 et d’autres aventures pour le groupe de Stuart A. Staples, toujours très populaire en Europe (la quasi-totalité des dates de la tournée 2024 a affiché complet). Comme je le disais, la mythique salle brestoise du Quartz a fait peau neuve et permet aujourd’hui de recevoir le public et les artistes dans d’excellentes conditions. L’accueil est chaleureux, l’attente bon enfant et c’est un sentiment de grande fraternité qui règne autour de moi. Pas besoin de se parler pour connaître nos penchants musicaux et nos attentes de la soirée. La musique et les mots des Tindersticks sont tellement intimes et tellement à fleur de peau que le recueillement est presque inévitable. Et c’est ce qu’il va se passer pendant cette bonne heure et demie de concert où le groupe va s’employer à créer une drôle d’atmosphère à la fois mélancolique, touchante, fiévreuse et souvent irréelle.

La magnifique salle du Grand Théâtre du Quartz est comble (1500 places), un peu chahuteuse et tout excitée à l’idée de vivre ce beau moment de partage. Les gens se parlent et nouent des relations fugaces, enflammées, mais terriblement sympathiques. La scène est assez dépouillée et attend le quintet de pied ferme. C’est « How He Entered » qui ouvre le bal et lance une représentation très concise, tournée vers l’essentiel et qui ne subira ni interruption, ni communication avant le tout dernier morceau. En deux mots ou presque : pas d’esbroufe ni d’effets tapageurs. Ce premier morceau tiré de The Waiting Room nous permet de découvrir la beauté du son ainsi que la sobriété des effets visuels. L’inénarrable Stuart A. Staples, coiffé de son non moins remarquable chapeau, parle plus qu’il ne chante et laisse son groupe commencer un véritable travail d’orfèvrerie où chacun s’emploie à remplir son rôle avec précision. Premières constatations : la magie opère instantanément, aucun smartphone n’est brandi et au bout de trois minutes seulement, Tindersticks a déjà gagné la partie. Je ne vous apprendrai rien en disant que sur scène, les morceaux prennent une toute autre dimension. Le jeu des musiciens se dévoile au grand jour et pèse beaucoup plus que sur un simple enregistrement studio. Prenons par exemple la guitare de Neil Fraser sur « A Night So Still » qui s’offre une attitude presque aussi expressive que la parole. Tout simplement magnifique et en parfait contrepoint avec le chant de Stuart.

Live Report Tindersticks Band 2

Pour notre plus grand plaisir, Tindersticks a interprété seize titres plus trois rappels. La majorité d’entre eux est tirée de Soft Tissue (sept au total), un dernier album où l’importance donnée aux cordes et aux cuivres était l’une de ses principales caractéristiques. Ici, ce sont les claviers de David Boulter qui vont suppléer leur absence, et les backing de Dan McKinna, celle de Gina Foster. Vous comprendrez aisément que je ne vais pas pouvoir décortiquer tous les morceaux de la soirée. Je me réfèrerai donc à l’applaudimètre pour en sélectionner trois d’entre eux. Tout d’abord, « Nancy » qui a soulevé les premières vagues d’une mer jusque-là très apaisée. La claque fut terrible, le timing percussif parfaitement en place et les éclairages en plein raccord. Ensuite, les arômes exotiques de « Lady With The Braid » dont le tempo dansant, accéléré à merveille par Earl Harvin, verra Stuart se dandiner dans une transe hypnotique qui envahira peu à peu toute la salle. Et enfin, le très attendu « Always A Stranger ». Dans ma chronique de Soft Tissue, j’avais cité cette chanson comme étant celle qui pouvait « casser la baraque » sur scène. Et sans vouloir me vanter, j’avais vu juste. L’intensité est constante, David Boulter a quitté son tabouret et les « You touch me, you shape me » que nous scande Stuart sont de vibrants appels que l’on reçoit avec compassion. La communion avec le public est forte et l’ovation finale inévitable. Un dernier mot pour revenir sur la belle ambiance champêtre avec les chants d’oiseaux de « The Bough Bends » ou encore « Pink In The Daylight » et son prémonitoire parfum de vacances. Bravo et merci pour ces instants de vrai bonheur.

Live Report Tindersticks Band 3

Tout en symboles, les derniers mots de Stuart sont ceux de « For The Beauty » et les « To feel, to live, to love et to fly » ne pouvaient pas mieux s’accorder avec ce que je ressentais à ce moment-là. Le spectacle est terminé et croyez-moi, ce fut difficile de quitter sa place. Direction les dédicaces avec l’acquisition de Mayday’22, l’enregistrement live du concert anniversaire des trente ans du groupe. Une exclusivité proposée (pour l’instant) uniquement lors de la tournée et qu’il ne fallait surtout pas louper. Quelques mots avec les musiciens pour apprendre, hélas, que Stuart ne viendra pas nous voir. La frilosité et la timidité de cet artiste ne sont pas étonnantes, c’est un écorché vif qui vit sa poésie de façon intense et ne peut se livrer que devant le micro, les yeux souvent fermés. Le Quartz nous appartient encore, un dernier verre dans son café-restaurant et direction la chambre d’hôtel du Vauban, juste en face. Dehors, la pluie chère à Prévert s’est mise à tomber, mais qu’importe, on sait très bien qu’ici, elle ne mouille pas.

https://tindersticks.co.uk/

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