Live report Sacré Sound Festival, deuxième édition, Paris, du 21 mai au 5 juin 2025

Live report Sacré Sound Festival, deuxième édition, Paris, du 21 mai au 5 juin 2025
Sacré Sound Festival
2025
Lucas Biela

Live report Sacré Sound Festival, deuxième édition, Paris, du 21 mai au 5 juin 2025

Live report Sacré Sound Festival 2

Pour la deuxième année consécutive, le tout jeune festival Sacré Sound met les petits plats dans les grands. Lieux de culte ou salles de concert, musique occidentale ou orientale, instruments rares ou moins rares, les couleurs fondent et se mélangent. Ainsi, c’est dans une synagogue que les chants kurdes d’Éléonore Fourniau croisent les résonances médiévales de la vielle à roue. Sur des claviers de différentes époques, Arthur H donne à méditer dans un temple protestant. Et c’est dans ce même lieu que le duo Sabîl partage contrastes et complicité avec Vincent Ségal. Au New Morning, sanctuaire des musiques métissées, Laurence Haziza s’associe au duo franco-israélien Boogie Balagan pour une réflexion sur les liens entre Israéliens et Palestiniens. La fondatrice du festival y laisse ensuite place à l’Israélo-marocaine Neta Elkayam pour une soirée où peines et joie sont confiées avec force classe. Enfin, c’est au sein d’une église que Walid Ben Selim donne rendez-vous à Ariana Vafadari pour une prestation où se côtoient sensibilité et mysticisme. Par ailleurs, tout comme lors de la première édition, il est à nouveau possible de s’initier à l’art du body painting. Avec le Sacré Sound, les murs tombent, les différences imprègnent les esprits, et l’encre sublime les corps. L’unité dans la différence : ouvrons ces « barricades mystérieuses » si chères à François Couperin pour n’en garder que le côté insondable.

Éléonore Fourniau, en trio avec Efrén López et Sylvain Barou à la Synagogue ULIF – Copernic le 21 mai 2025

Live report Sacré Sound Festival 2 Band 1

Pour son unique concert à Paris, la chanteuse et multi-instrumentiste Éléonore Fourniau se présente accompagnée d’Efrén López au saz et à l’oud et de Sylvian Barou aux flûtes. Tout de blanc vêtue, comment ne pas y voir le symbole de la colombe porteuse de paix, cette même paix à laquelle elle appellera dans sa chanson hommage au frère d’un ami mort au combat. Ayant étudié pendant de nombreuses années le chant traditionnel kurde, la Française en est vite devenue une des plus grandes représentantes, aux côtés d’autres voix comme Aynur Doğan. Dès l’ouverture du concert, ce chant chevrotant aux échos éplorés donne des frissons. Autour d’un oud qui n’oublie pas de ralentir entre deux galops, et d’un doudouk aux contours tendres mais sur ses gardes, le chant appuie une mélodie à faire pleurer le plus endurci des hommes. Quand Éléonore fait revivre la tradition alévie, c’est le saz qui se met au pas de course, et la voix grave résonne comme dans un canyon. De nouveaux frissons nous saisissent. Mais la surprise vient de ce tapping effectué par la belle sur son instrument. Dans ce morceau, la flûte presse également le pas, comme si elle cherchait elle aussi à rattraper les mots emportés par le vent. Cependant, une fois dans les airs, l’instrument caresse une mélodie pastorale telle une bise soufflant sur le sable. Dans ce contexte où fougue et affection s’entendent amicalement, le chant empli de douleur aux accents tremblants continue à nous émouvoir.

Au programme aussi, nous avons droit à une berceuse perse chantée par les papas, fait assez rare pour le souligner. Le doudouk et l’oud y présentent un côté sombre, que le chant contribue à préserver. Mystique, tendresse, et effroi se serrent les coudes, et les bras nous en tombent. Il faut attendre que la vielle à roue se mette en branle et que la langue de l’oud se délie pour faire entrer le soleil dans la pièce. Dans ce festin auquel se joint subrepticement la flûte, les tonalités angoissées et éplorées de la voix viennent néanmoins tempérer la joie. Ce jeu d’ombre et lumière est complété par des vocalises troublées et oscillantes qui tirent véritablement sur la corde sensible. D’autres moments de douleur partagée émaillent le concert. Ainsi, sur cet air kurde où les échos bouleversants de la voix résonnent, les vieilles à roue semblent arrêter le temps par leur motif suspendu. Éléonore est alors dans tous ses états, entre désespoir et recherche de repères. Ailleurs, pour évoquer la perte d’un être cher au combat, la mélodie en lambeaux est développée par le saz troublé et la flûte angoissée. Le chant mêlant implorations et espoir ajoute alors à la douleur du sujet traité. Et dans ces vocalises, c’est à nouveau cette peine qui ne veut pas partir. De même, autour d’une instrumentation circonspecte, la recherche du bien-aimé dans les vignes de la Cappadoce se traduit par un chant sibyllin où des émotions mêlées se déversent lentement dans un océan de chagrin. Douleur, douleur, mais il ne faut pas oublier la joie. J’en ai donné quelques exemples avant, mais celle-ci se retrouve également dans les célébrations de la beauté des villages des Pyrénées et dans les danses traditionnelles. Ces dernières permettent d’ailleurs au public de participer. En outre, dans la composition d’Efrén, ce sont des notes effrénées (oh tiens, cet adjectif sonne comme son prénom) qui font suite aux ambiances introspectives, mettant ainsi bien en exergue l’inexorabilité du temps. La solennité des vielles, l’énergie du saz, l’émoustillement de la flûte, l’exubérance de la ghaïta (cette flûte du Maghreb que le premier rang a du presque « subir »), voilà autant d’éléments qui pansent les plaies. Ce soir du 21 mai 2025, entre chant kurde, mélodies tous azimuts et instruments de diverses parties du monde, c’est avec tolérance et intelligence que les cultures se sont mélangées.

Arthur H au Temple protestant du Foyer de l’Âme le 26 mai 2025

Live report Sacré Sound Festival 2 Band 2

Tout de blanc vêtu également, avec un chapeau noir lui donnant des airs de droog (Orange Mécanique), c’est un Arthur H ne faisant pas la différence entre le sacré et le profane qui s’apprête à jouer des œuvres méditatives. Il nous prévient, la musique sera très improvisée car dans l’inconnu il y a une bonne part de fragilité, un terme qui lui tient à cœur. Et comme chez Éléonore Fourniau, c’est la tendresse et la douleur que l’on retrouve dans ses souffles. Seul face à ses synthés, le ton suppliant des vocalises de notre artiste fait hérisser le poil. L’accompagnement musical est discret et porte ses expirations comme le vent notre ressenti des températures. Associée à l’encens qui embaume le temple, la méditation est complète. Sur des tons plus berçants, l’imploration peut revêtir des couleurs moins sombres. Quand l’air semble suffocant, le souffle bienveillant apporte l’oxygène nécessaire à toute vie alentour. Quelques échos viennent alors célébrer les jours renaissants. Puis, à nouveau, les claviers s’assombrissent, et quelques notes malicieuses émergent telles des plantes qui éclosent au printemps. On y vient, c’est le cycle des saisons, le cycle de la vie, entre peines et joies. La boucle est bouclée avec les ténèbres qui recouvrent l’espace. Mais une brèche s’ouvre à nouveau avec quelques tourbillons hypnotiques. Comme une porte vers un autre monde, une autre vie. Et à nouveau le voyage se poursuit à travers des tunnels sombres. L’espoir renaît à travers les nappes planantes, et surtout les petits pas de danse individuels, qui bientôt entrent dans une ronde collective, la ronde de la vie. Il faut signaler aussi les falsettos tendres de notre homme, qui se rapprocheraient des exercices vocaux touchants de Bobby McFerrin.

À nouveau, la sérénité alterne avec un sentiment d’angoisse. Les nappes brumeuses apportent en effet une touche de mystère, là où les scintillements font jaillir la lumière. Les échos implorants du chant, prolongés par la délicatesse des germes qui poussent lentement sur la terre embrumée, nous ébranlent. C’est ainsi à nouveau la fragilité de notre existence qui est mise en exergue. Rappelez-vous, notre musicien insistait sur l’importance que la fragilité revêtait à ses yeux. En fin de programme, quelques autres souffles et bruitages semblent mimer l’éveil de la nature. En effet, on pourra avoir en tête le brame du cerf dans la plaine au lever du soleil. Les notes de claviers enchantées qui bordent ces différents airs s’apparentent alors à la végétation luxuriante. Outre les synthés, c’est derrière un piano que l’on peut voir notre musicien. Il est alors dos au public mais le cœur avec lui. Sur une trame sonore où se mêlent mélancolie et joie défile alors le film sacré de notre vie. Quelques moments d’inquiétude nous rappellent la fragilité de notre existence, celle-là même que le claviériste évoque avec tant d’émotion. L’occasion faisant le larron, Arthur en profite aussi pour s’asseoir derrière l’orgue du temple. Quand la solennité est brisée, c’est un homme qui cherche à échapper au réel. Le voici alors à la recherche de la lumière, celle qui manque d’ailleurs tant dans le coin où il est. Tremblements saisissants et angoisse montante, les ténèbres finissent par remplacer la lumière pour un voyage dans l’au-delà. Jouant sur les contrastes, Arthur H a fait part de sa fragilité à travers des improvisations à fleur de peau.

Neta Elkayam (1ère partie : Boogie Balagan) au New Morning le 3 juin 2025

Live report Sacré Sound Festival 2 Band 3

Avec Boogie Balagan, entre une voix d’outre-tombe mais au souffle aussi chaud que le sirocco dans le désert saharien, et un chant plus plaintif, livrant de manière spectrale sa douleur tout comme ses espérances, c’est l’histoire narrée par Laurence qui interpelle. Une frontière finit en effet par y bousculer l’esprit de camaraderie de deux enfants, et les lamentations ne pourront rien y changer. La bande-son se déroule lentement. Une guitare rêveuse en pleine réflexion, une sitar tournoyante sur une grosse caisse qui tape du poing : c’est un décor de fin du monde qui s’offre à nous. Dans cette ambiance vaporeuse de douleur et de réflexion d’homme seul dans le désert, les guitares font tourner des volutes brumeuses. La sauce désertique tourne au blues quand les guitares s’emportent. Des synthés scintillants sur lesquels les guitares se cherchent apportent même une touche de mystère. Plus loin, les intonations lugubres de la voix, associées aux notes effarées de la guitare, offrent une atmosphère angoissante qui conviendrait parfaitement à un thriller. En métaphore de l’évasion vers un lieu où les cœurs sont unis dans le chant, c’est un rêve de vol vers la Louisiane, berceau du jazz, qui nous est décrit.

Live report Sacré Sound Festival 2 Band 4

Chez Neta Elkayam, autour de lamentations et d’exaltations parsemées d’ornements envoûtants, c’est un chant attachant qui nous transporte. Ainsi, quand des vers de douleur se frayent un chemin à travers les circonvolutions de la voix, c’est pour rendre le terreau davantage fertile. Les compères l’aident dans cette entreprise en défrichant la voie. Une fois le terrain bien meuble, une belle danse célèbre l’arrivée du printemps. Il en va de même dans cet hommage à Maurice El Medioni, le père du pianoriental, genre mêlant rythmes latins et orientalisme. Alors que dans un premier temps, la douleur est partagée avec la trompette perdue dans ses pensées, la marche retrouve petit à petit le chemin de la félicité. Sous un soleil ardent, voix, trompette, piano, contrebasse et batterie prennent alors des couleurs. Mais que des nuages se profilent et la part d’ombre du chant revient au galop. Le morceau d’ouverture nous avait d’ailleurs déjà mis sur la piste de ces contrastes. Autour de claviers célestes et d’une trompette songeuse, le public est d’abord saisi par un chant aux arabesques suspendus dans les airs et attendant de se répandre en averse tels des sanglots le long des joues. Mais un tourbillon de joie s’ensuit à travers les roulements de batterie frétillants, les notes de claviers dansantes et la trompette émerveillée.

Dans les moments éplorés, quand la guitare semble caresser une mélodie douce mais entravée, Neta cherche en revanche à la sortir de sa cage par le biais d’un chant progressivement plus enflammé. Même dans les morceaux aux contours stables, comme quand le rythme se fait pudique, la douleur partage les sourires dans les mélopées si ambivalentes de la belle. Et dans cet hommage aux mères, c’est une trompette tour à tour troublée et frivole qui communique sa versatilité dans un gnawa rythmé aux couleurs dansant comme dans un kaléidoscope. Et l’instrument fétiche de Louis Armstrong continue à nous amuser dans un morceau imprégné de l’esprit du jazz des débuts. Une certaine légèreté se dégage en effet du décalage entre les notes bousculées de la batterie et les grands espaces de la trompette, celle-ci finissant d’ailleurs par céder aux caprices de sa camarade. Dans une pièce qui respire cette Louisiane qu’affectionnent tant les Boogie Balagan, le chant gorgé d’espoir de notre chanteuse met bien en valeur son talent pour jouer avec les aigus. Par ailleurs, un des temps forts du concert est dans ce dialogue passionné qui suit la danse épileptique portée par des polyrythmies endiablées et un piano saccadé. Les flammes ardentes de Neta y croisent alors le brasier du batteur. Le chant de Karim Ziad semble être en effet aussi habité que celui de la meneuse de revue. Et chez cette dernière, quand ce n’est pas le feu, autour d’une trompette et d’une guitare jouant de concert pour offrir un cadre berçant, c’est la tendresse qui l’anime. Il faut dire qu’il y est alors question d’amour. Pour clôturer la soirée, autour de rythmes solaires et d’une trompette enthousiaste, le gnawa est à nouveau à l’honneur. Et ce contraste saisissant entre douleur et consolation dans la voix de Neta Elkayam continue à nous obséder.

Ariana Vafadari & Walid Ben Selim à l’Eglise Notre-Dame des Blancs-Manteaux le 4 juin 2025

Live report Sacré Sound Festival 2 Band 5

Dans l’église Notre-Dame des Blancs-Manteaux, telle l’ombre portée des arcs qui surplombent la scène, le public est installé en demi-cercle. Non loin, les tuyaux du grand orgue apportent un cadre majestueux à l’univers intimiste du duo de la soirée. Intimiste, c’est bien le mot qui caractérise ces ambiances à fleur de peau qui éclosent peu à peu. Sur la scène, les notes de piano de Julien Carton volent allègrement, tels des papillons dans la rosée du matin. La voix tendre de Walid Ben Salim présente les contours oniriques du symbolisme de Maurice Denis. Cependant, avec son côté sombre, c’est une aube qui se dévoile à peine. Progressivement cependant, le soleil se lève à travers le tableau pointilliste que le piano peint. La nature s’éveille, les couleurs de Georges Seurat pleuvent, mais quand la voix s’emporte, comment ne pas imaginer le bestiaire de Matthias Grünewald prendre forme. Avec ses longues notes voilées par des trémolos saisissants, c’est l’infini d’un horizon imperceptible qui se manifeste dans la voix d’Ariana Vafadari. À la manière des œuvres de William Turner où la brume masque le lointain, force et mystère se rejoignent. Dans un chant a cappella poignant, la mezzo-soprano finit même par rejoindre le registre affectueux de son compère. Quand Walid rentre néanmoins dans des considérations plus graves, plus angoissantes, le piano perd ses couleurs pour revêtir des habits plus sombres. Nous voilà alors plongés dans l’univers à la fois intrigant et effrayant de Max Ernst. En revanche, dès lors que la voix de la cantatrice s’enchevêtre avec celle du poète, nous assistons à la célébration d’une nature qui se pare de ses plus beaux atours. Si l’on tend bien l’oreille, on peut entendre le gazouillis des oiseaux à l’extérieur, comme s’ils s’émouvaient de l’hommage qui leur est rendu. Sur un autre ton, tout le talent et la sensibilité de nos vocalistes transpirent dans les moments de douleur complice. Et dans ces instants suspendus entre rêve et réalité, accompagnés de la comédienne et metteuse en scène Coraly Zahonero, on les voit déambuler dans les allées, entre voix célestes et vers reflétant sur le soi et le non-soi.

Sabîl et Vincent Ségal au Temple protestant du Foyer de l’Âme le 5 juin 2025

Live report Sacré Sound Festival 2 Band 6

C’est un trio détonant qui clôture en beauté le festival. Le duo jordano-palestinien Sabîl, comprenant l’oudiste Ahmad Al Khatib et le percussionniste Youssef Hbeisch, rencontre en effet le violoncelliste français de toutes les collaborations, Vincent Ségal. Ce dernier a d’ailleurs été aux côtés d’un artiste pour lequel nous éprouvons beaucoup d’affection dans nos colonnes, Piers Faccini. Avant que le violoncelle ne s’exprime cependant, l’oud titille nos sens avec une mélodie douce aux images de coucher de soleil. Mais comme dans les csárdás, c’est une aube mouvementée appelant à la danse qui succède au crépuscule larmoyant. Quand se présente Youssef, l’ami de longue date d’Ahmad, son darbouka plein d’empathie s’associe à un oud alors impassible pour faire voguer les cadences tel un navire dont l’orientation et la vitesse varieraient au gré des vents. Et c’est d’un pas allant que les deux amis donnent ensemble corps à un rythme alerte, avant que la malice n’empoigne une danse enivrante. Soleil / nuit, agitation / calme, c’est dit, les ambiances seront contrastées durant cette soirée. Et le violoncelle de Vincent Ségal vient justement se poser en trait d’union entre ces univers contraires. Lui-même est tiraillé entre joie et pleurs puisque des pizzicati amusés peuvent alterner avec des larmes abondantes. Et là où on pouvait voir l’oud d’introduction émoustillé, comme intimidé par le regard de ses camarades, ceux-ci montrent en revanche une belle complicité dans le défi qu’ils se lancent. Le concert bien avancé, aux frottements enflammés de Vincent répondent en effet les frappes enlevées de Youssef. D’ailleurs, quand ce dernier met un terme au jeu de la contrariété et de la joie, un parfum aux senteurs orientales embaume l’atmosphère. Une complicité évidente lie alors nos trois compères. « Ensemble on est plus fort » : cette expression prend à nouveau son sens quand des pizzicati aquatiques nagent avec un oud perdu dans l’océan de ses pensées. Le violoncelle retrouve en effet bientôt le sourire au son des percussions étreignantes et de l’oud reprenant le chemin de la lumière. Frétillants alors tels des poissons dans une mer chaude, les doigts se coordonnent dans une danse étourdissante.

Autre exemple de l’union dans l’adversité, c’est cette synchronisation dans le jeu de nos trois musiciens à l’approche d’un orage. Quand l’atmosphère devient lourde, la tension est certes palpable mais les membres du trio contribuent chacun à l’amplifier à travers leur jeu agité. Ailleurs, quand les percussions marchent avec entrain autour d’un oud touchant et d’un violoncelle affectueux, on sent les élément affectés par la peine mais cherchant néanmoins à se consoler mutuellement. Le contraste entre doute et relâchement, tout autant que l’empathie que chacun éprouve vis-à-vis de l’autre, c’est l’histoire de notre vie. Et le trio de Sabîl et Ségal sait très bien mettre ces sentiments en musique. Notre attention se porte également sur quelques idées intéressantes. Ainsi, sur des pizzicati prudents, des éléments espiègles transforment les volutes d’arabesques en feu d’artifice éblouissant. De même, quand Youssef se lance dans un boléro, c’est un terrain propice à l’improvisation d’Ahmad qui se met en place. Avec leur set époustouflant, Sabîl et Vincent Ségal ont mérité des applaudissements copieux et l’intérêt que l’on portera (si ce n’est encore fait) au disque qu’ils ont sorti l’année dernière, Tawaf.

Cette année à nouveau, le Festival Sacré Sound a su en mettre plein la vue et les oreilles. D’une part, le choix éclectique d’artistes qui peuvent être aussi bien dans leur élément qu’hors de leur zone de confort, permet de voyager et d’ouvrir des horizons. D’autre part, les scènes choisies offrent une acoustique remarquable pour une musique qui l’est tout autant. Pour faire vivre le festival néanmoins, n’hésitez pas à vous rendre disponible, et à en parler autour de vous.

Crédit photo Sabîl et Vincent Ségal : David Quesemand

https://www.sacresoundfestival.com/

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