Live report Sacré Sound Festival, première édition, Paris et Les Lilas, du 2 au 18 mai 2024

Live report Sacré Sound Festival
2024
Lucas Biela

Live report Sacré Sound Festival, première édition, Paris et Les Lilas, du 2 au 18 mai 2024

Live Report Sacré Sound Festival

Le Sacré Sound Festival est né du postulat « qui ne se ressemble pas s’assemble ». Ainsi, quand Walid Ben Selim déclame ses vers soufis, on est surpris de le voir accompagné d’une harpe classique et non d’un oud. Et pourtant, la magie opère ! Ailleurs, autour de David Konopnicki et Hannah Helene, vous imagineriez, vous, des chants du culte juif dans un écrin pop-rock ou arabo-andalou ? Là encore, on est pris au jeu. De même, avec Smadj et ses invités, quel émerveillement devant tous ces bois qui se succèdent sur des sons hybrides mêlant électro et oud. Dans le contexte géopolitique actuel, on est également ravi de voir que la native d’Israël Liraz met en avant ses racines perses, autant que la franco-iranienne Ariana Vafadari. Enfin, quand l’orgue sacré de Baptiste-Florian Marle-Ouvrard rencontre la clarinette klezmer de Yom, on est aux anges ! Sacré Sound Festival, c’est donc un comptoir d’expression libre et sans frontières. Véritable dialogue des cultures, c’est un « sacré » coup de pied dans la fourmilière des cloisonnements et une bouffée d’air frais dans un monde où les différences ont la vie dure. Voici une première édition qui en promet d’autres tout aussi riches en rencontres et en surprises.

L’année 2024 voit s’ouvrir la première édition du Sacré Sound Festival. Mise sur pied par la pétillante Laurence Haziza (déjà connue pour le Festival Jazz ’n’ Klezmer), cette série de cinq concerts affiche la volonté de faire cohabiter la tradition et la modernité, tout en faisant dialoguer les religions et les cultures. Pour plus d’informations, je vous renvoie à l’entretien que son organisatrice a accordé à Radio Shalom le 19 avril.

Live Report Sacré Sound Festival Band 1

Le coup d’envoi, lancé le 2 mai à La Bellevilloise, nous permet de nous fondre dans la culture perse. C’est d’abord avec la grande (dans tous les sens du terme) Ariana Vafadari que la soirée débute. Regard perçant (oui, c’est un homophone de « persan »), sourire communicatif et traits sculpturaux, elle se présente vêtue d’une toge verte mettant encore plus en valeur sa stature imposante. À la manière d’Alexandra Sidorova (Smorodina Reka, Мещера…), elle garde un pied dans le répertoire lyrique tout en posant l’autre dans les musiques traditionnelles. Accompagnée d’un percussionniste/cymbaliste, Keyvan Chemirani (de la dynastie de la famille iranienne des Chemirani), ainsi que d’un joueur de saz et de oud, Rusan Filiztek, d’origine kurde, c’est dans un univers intimiste qu’elle nous plonge. À travers ce chant qui s’étire dans le temps pour mieux enlacer nos émotions, on retrouve bien la grande tradition perse. Forte de son expérience du chant lyrique, la grande dame ponctue ses textes de vocalises à la maîtrise parfaite. Bendir, darbouka, cymbalum : le percussioniste, de son côté, se transforme en magicien des sons. Sur les notes perçantes (ah, désolé, pas un homophone de « persannes ») et hantées de ce dernier instrument, comment ne pas être remué comme à l’écoute d’un clavecin bachien ou d’une kora sissokienne ? Alternant entre saz et oud, c’est également un plongeon dans le temps que nous offre le deuxième musicien, en même temps que sa virtuosité nous interpelle. Ce n’est pas seulement le public que l’émotion saisit, mais également l’invitée Haylen (oui, celle de la saison 5 de The Voice) quand celle-ci s’apprête à interpréter en duo un chant iranien. Sa voix puissante et quelque peu rauque nous prend aux tripes. Les belles harmonies vocales de sa compatriote marquent un contrepoint fort bienvenu et donnent des ailes poétiques à la chanson. On est en outre ébahi de voir le oud se transformer en instrument rythmique le temps de la chanson. Tradition et chant populaire sont là. Mais c’est également sur des airs pop, que l’invité Philippe Cohen-Solal fait sonner ses machines pour un chant hommage au rappeur iranien Toomaj. Ainsi, tout au long de sa prestation, Ariana Vafadari nous subjugue de sa voix sublime, ce avec un répertoire diversifié où se croisent chants ancestraux, chants traditionnels et pop moderne.

Live Report Sacré Sound Festival Band 2

La soirée se poursuit avec la chanteuse israëlo-iranienne Liraz. Je l’avais découverte avec son deuxième album, Zan et j’ai tout de suite été attiré par cet univers mêlant sons pop orientaux 70’s et modernité. La belle s’inscrit en cela dans le renouveau pop orientale porté par des groupes/artistes comme Altın Gün, Ouzo Bazooka, Gaye Su Akyol ou encore Kit Sebastian. Taille de guêpe, regard ténébreux et rouge à lèvres pimpant, c’est habillée en Yves Saint Laurent que la chanteuse galvanise son public. A son contact, elle transforme en effet la salle en discothèque géante. Pendant que la succube tente de séduire l’assistance par le ton à la fois implorant et envoûtant de ses appels, c’est sur des rythmes entraînants au carrefour du disco-pop et de la pop psychédélique que les anges qui l’accompagnent la font danser. « Anges ? » allez-vous me demander. Oui, puisqu’à la manière du groupe américain Angel, ils sont tout de blanc vêtus. Guitare chantant à la manière d’un saz, claviers vintage avec quelques belles échappées cosmiques, rythmique tonitruante, nous voilà replongés dans l’univers coloré de l’anadolu rock et de la pop orientale des années 70. Modèle, actrice, chanteuse, les différentes expériences de la frontwoman se retrouvent sur scène. Ses poses sont un régal pour les photographes, ses danses sont calibrées au millimètre près et son chant ensorcèle le public. Par ailleurs, quelle émotion sur scène et dans le public quand une spectatrice la rejoint pour un duo de danse endiablé ! Insistant sur le mot « énergie » (car « c’est ce qui nous permet de vibrer et de libérer la parole »), c’est également l’émotion qui est au rendez-vous quand Liraz revient sur le long parcours qui l’a amenée à réconcilier les deux cultures dans lesquelles elle a baigné. Elle partage aussi avec le public les turpitudes liées à l’enregistrement de son dernier album. Enfin, elle a un mot pour toutes les femmes iraniennes, parmi lesquelles sa grand-mère. C’est en effet pour elle que la belle s’est lancée dans la chanson. Ainsi, que ce soit l’univers intimiste d’Ariana Vafadari, ou celui plus rythmé de Liraz, la soirée est un véritable triomphe.

Live Report Sacré Sound Festival Band 3

Mais n’oublions pas la DJette Sharouh, grâce à qui il fût encore possible de se déhancher jusqu’au bout de la nuit. Sous ses doigts, c’est en effet une avalanche de remix de morceaux vintage au doux parfum oriental qui s’abat sur les amateurs de danse. Nos fêtards ressortent néanmoins de cette expérience le sourire aux lèvres et les étoiles dans les yeux.

Live Report Sacré Sound Festival Band 4

Le 7 mai, la première partie du nom du festival, « sacré », prend tout son sens, puisque c’est dans un lieu de culte juif, la synagogue de la rue Copernic à Paris, que les chants d’inspiration soufie du marocain Walid Ben Selim résonnent. La communion avec la deuxième partie du nom du festival, « sound », est totale avec la harpiste Marie-Marguerite Cano. Grâce à la vue plongeante qu’offre le balcon, je peux non seulement admirer la prestation du duo sous un angle plus large, mais également avoir une vue d’ensemble de l’intérieur de l’édifice sacré. Quand démarre le concert, c’est avec une voix bienveillante presque liturgique que Walid nous transporte dans le monde poétique auquel il souhaite donner vie. Au gré des textes, sa voix prend des chemins différents. Ainsi, elle se fond dans des sonorités graves et austères tout en alternant avec des tonalités plus éthérées mais dans lesquelles notre ami peut être aussi bien rongé par l’inquiétude que mu par la miséricorde. Enchaînant les vers remplis d’un millésime aux notes sacrées, le jeune homme nous enivre de son chant versatile. On ne peut qu’être subjugué par une voix qui embrasse autant d’émotions et de couleurs. Habité par le texte, sur « Here And Now », c’est de gestes amples qu’il accompagne son chant. On voit ces mouvements revenir à d’autres moments. A travers ceux-ci, notre troubadour des temps modernes offre son cœur et son âme. De cette manière, la lumière jaillit pour mieux contrer l’obscurité qui nous entoure. En passant des graves aux aigus, c’est au tréfonds de son âme que notre chanteur puise ses offrandes pour les présenter au ciel. Ainsi, associées aux gestes, les belles envolées lyriques de ses vocalises remuent le ciel tout en ébranlant nos âmes. Il faut signaler deux temps forts dans la prestation de Walid. Tout d’abord, celui a cappella où il retourne ses tourments dans tous les sens et dans tous les tons. Par là même, il retourne tout notre être. Ensuite, dans le rappel, ces lamentations sur lesquelles on le voit battre sa coulpe titillent notre fibre empathique. Étant donné l’univers dans lequel évolue notre Soufi, on aurait pu s’attendre à ce que le chant soit accompagné d’un oud. Mais c’est là que l’esprit du festival revient au galop : « l’ouverture », qui nous est d’ailleurs rappelée en marge du concert. La harpe offre en effet un écrin magique au mysticisme du chant. Par son chromatisme, elle fait bouger le monde soufi sur des pâtures verdoyantes. On retrouve cependant un peu de l’aridité de l’oud sur un des poèmes chantés avec douleur et dévotion. Avec un jeu plus austère, la belle y délaisse en effet les prairies vertes pour les terres désertiques. Eh oui, ce n’est pas parce qu’ils viennent tous deux d’univers différents qu’ils ne se comprennent pas ! On observe ainsi une belle complicité se nouer entre les deux partenaires. Ils s’accompagnent en effet avec rigueur tout en offrant l’un à l’autre des moments où ils peuvent mettre en valeur leur talent respectif. On s’aperçoit en outre que Marie-Marguerite a la lourde tâche de porter avec son instrument aussi bien le rythme que la mélodie. De formation classique, elle y parvient admirablement et le public sait lui en être gré dans ses applaudissements chaleureux. Cette deuxième étape du festival est un nouveau succès, démontrant une fois de plus que la rencontre des cultures permet non seulement de diffuser des traditions ancestrales au plus grand nombre, mais également de les perpétuer au travers d’un prisme contemporain.

Live Report Sacré Sound Festival Band 5

La semaine qui suit, c’est un duo inédit qui nous attend au musée d’art et d’histoire du judaïsme. Y sont en effet programmés le 14 mai le guitariste David Konopnicki et la chanteuse Hannah Helene. On a pu voir le premier aux côtés du père du jazzcore, John Zorn (excusez du peu !). Hannah, quant à elle, est autrice-compositrice pour Royal Pantone, le projet pop-rock de… David Konopnicki. Les deux se connaissent donc bien, mais c’est la première fois qu’ils se retrouvent ensemble sur scène. C’est en entendant sa partenaire chanter un psaume sur des accords simples que le musicien éclectique y a vu une flamme pop-rock jaillir. De là est née l’idée de donner une nouvelle vie à ces chants millénaires, notamment en les parant de musiques qu’ils affectionnent tous les deux. Ainsi, tout au long de la soirée, sur des tempos enjoués ou plus propices au recueillement, la voix cristalline d’Hannah libère des chants ancestraux de leur carcan liturgique. La guitare prend des airs funk et jusqu’à punk rock quand il faut faire danser les textes ou faire sortir la rage. Sur cette dernière, quelle belle surprise quand les tonalités inquiétantes et orageuses offrent un terrain sur lequel des susurrements partagent leurs doutes avec un emportement affirmé. Dans les premiers temps du spectacle, quelques notes volages n’hésitent pas à s’échapper des boucles qui prêtent leur rythme aux pièces, pimentant par là-même des ambiances déjà fort relevées par le chant touchant d’Hannah. Quand les boucles viennent cette fois-ci de la voix, c’est à un univers plus intimiste que l’on est invité. Ainsi, sur « Chema Koleinou », David peint la toile avec les couleurs arides des grandes plaines des Etats-Unis. A travers le texte (Chema Koleinou se traduit par « Entends Nos Voix »), Hannah, à la manière de Liraz, souhaite rendre hommage aux femmes, et plus particulièrement aux « Femmes du Mur », à savoir celles qui bravent les interdits fondamentalistes pour prier au Kotel, le Mur de Jérusalem. « Avinou Malkenou » va encore plus loin dans la désolation. On y voit en effet la femme à la robe noire saisie d’émotions dans son interprétation gorgée de lamentations du psaume. Pour continuer à « déjouer les projets de ceux qui nous haïssent », David fait perler de ses cordes de grosses gouttes lacrymales. Et c’est une méditation qui apporte la dernière pierre au mur des Lamentations. Les petits gémissements et les sanglots des notes de guitare y rejoignent en effet des vocalises emplies de tristesse. Outre la guitare, le fondateur du label Noa Music partage son amour du mandole, cet instrument que j’avais pris pour un oud, tellement les contours piriformes l’y apparentent. Notre touche-à-tout a pu en tâter dans le passé, notamment aux côtés de Myriam Beldi lors du festival Au Fil Des Voix. Ainsi, il nous conte son histoire d’amour avec le chaâbi, la musique arabo-andalouse algérienne qui a vu défiler de grands noms, comme Reinette l’Oranaise ou celui auquel il tient à rendre hommage, Saoud l’Oranais. Sur des airs enhardis, les accents orientaux de l’instrument apportent une saveur encore différente aux interprétations personnelles de psaumes. Ce soir du 14 mai, ils n’étaient que deux sur scène, mais leurs performances aux couleurs tout aussi vives que sombres nous ont prouvé que des chants liturgiques millénaires pouvaient avoir une résonance dans le monde contemporain.

Live Report Sacré Sound Festival Band 6

Quatrième date du festival, le 16 mai au Sunset promet d’être truculent. En effet, aux côtés de Smadj, un oudiste comptabilisant près de 30 ans de carrière et épris de musique électro, se présentent des artistes aux univers certes différents mais complémentaires comme on le verra par la suite. Ainsi, le poète/rappeur, Napoleon Maddox, nous conte des histoires d’animaux. Smadj dit « à la manière des fables de La Fontaine », comparaison avec laquelle l’Américain se sent gêné, tant sa modestie l’emporte sur son talent. Pour mettre tout le monde d’accord, disons qu’on navigue entre le moralisme de l’auteur du Corbeau et du Renard et la métaphore de Voltaire et d’Orwell (La Ferme Des Animaux ). Un peu de poésie au programme donc. Poésie que l’on retrouve également chez les invités souffleurs (non, pas de verre, mais de bois !), à savoir Sylvain Barou (flûte traversière, bansuri, duduk, cornemuse… la liste est longue) et Jowee Omicil (saxophone soprano). Sur des notes tour à tour virtuoses et éthérées, ces bois font tourner les têtes tout en les faisant rêver. En effet, avec le duduk chaleureux mais éploré, c’est l’histoire douloureuse de l’Arménie qui se rappelle à nous. Ailleurs, avec les échos et les bruits que produit le saxophone sur « Flyin’ High », on peut imaginer un oiseau battant des ailes au sol. Dans la fable que narre Napoleon, c’est ce même instrument qui se tient aux aguets, prêt à bondir tel l’ours de l’histoire sur un poisson. La tradition et un jazz à la fois free et spirituel sont au rendez-vous dans le jeu de nos deux souffleurs. Le oud électrique de Smadj, qui peut prendre des accents hendrixiens dans les moments les plus enlevés, assure la transition vers la modernité, celle-ci étant plus particulièrement affirmée par les machines. En effet, avec les sons électro aux atours tantôt rythmés tantôt plus reposants, on rentre dans le dur du moderne. Ajoutez à cela les mots dansants et les onomatopées volantes de Napoleon et vous avez un cocktail bien frappé. L’ensemble fonctionne cependant admirablement bien. Happé par ce tourbillon de notes comme l’eau coulant dans un siphon, on ne peut s’en échapper. Cette rencontre de la tradition et de sons électro n’est pas sans rappeler la démarche d’un groupe comme Afro Celt Sound System, ou les productions du label suisse Barraka Prod. Toujours tournés vers l’exploration, les sons évolutifs de nos quatre magiciens savent retenir notre attention, tout en laissant travailler notre imagination. Et quand il faut entrer dans la danse, ce ne sont plus seulement les oreilles et l’esprit qui sont mis à contribution, mais également les jambes et les bras. Eh oui, difficile de résister à la tentation de bouger sur les sons hi-NRG/dance pop qui submergent alors la cave du Sunset. Smadj, c’est certes faire réfléchir sur les liens qui unissent les hommes d’où qu’ils viennent, mais c’est aussi libérer la joie enfouie au plus profond de nous. Une fois le public rassis, Napoleon peut continuer à donner vie à son bestiaire, tandis que Sylvain nous fait explorer les quatre coins du monde avec son arsenal d’instruments à vent. Et sur les notes ancestrales de l’oud ainsi que sur celles plus coutumières d’un club de jazz enfumé du soprano droit, nos rêves se poursuivent. On ressort du spectacle les étoiles dans les yeux, se demandant ce que nous réserve le dernier jour du festival.

Live Report Sacré Sound Festival Band 7

Cette première édition riche en découvertes et en rencontres, s’achève avec un duo des plus singuliers. En effet, le 18 mai au Triton, la console d’orgue de Baptiste-Florian Marle-Ouvrard (reproduisant par le biais d’un système immersif le son du grand orgue de l’église abbatiale Saint-Étienne de Caen) est accompagnée de la clarinette de Yom. Vous l’aurez compris, à travers cette union, c’est le sacre du printemps juif (la musique sacrée chrétienne côtoie la musique traditionnelle juive). La veille, en m’enquérant par curiosité de cette collaboration, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cet autre duo improbable, celui qui avait réuni le saxophoniste Jan Garbarek et l’organiste Kjell Johnsen il y a de cela 45 ans déjà. Mais ne nous dispersons pas, voyons plutôt comment nos deux vedettes de la soirée ont su nous surprendre par leur syncrétisme. Ce qui frappe au premier abord, c’est le mariage des notes majestueuses de l’orgue et de celles plus frivoles de la clarinette. Une belle complémentarité se noue, les deux instruments à vent jonglant habilement avec l’ornementation et le dépouillement (eh oui, les contraires s’assemblent ici). On reste bouche bée devant les longues notes poignantes qui s’étirent pour laisser entrevoir la lumière céleste. Et que dire de ces germes de confidentialité qui poussent avec un optimisme toujours plus affirmé : serait-ce l’obscurité qui cède peu à peu le pas à la lumière ? Sur un motif tire-larmes, un air profondément affectueux nous prend même dans ses bras comme une mère son bébé. Ailleurs, on est surpris par cette explosion d’énergie qui suit un galop régulier, un peu comme si le palpitant se mettait soudainement dans tous ses états. On retrouve cette ardeur quand le duo est pris d’un accès d’expérimentation qui ferait presque penser à un magma emprisonné mais prêt à s’épancher sous forme de lave. Certains emportements enflammés de la clarinette convoquent même le feu du regretté Gato Barbieri. Quand le calme revient, et à nouveau dans cette association des contraires, comment ne pas trouver ébouriffante cette clarinette qui danse en même temps qu’elle pleure. À ses cotés, l’orgue entre dans une ritournelle gorgée de soleil. Autre exemple où des opposés se rencontrent : ce voyage musical où se croisent tour de force technique et sensibilité à fleur de peau. Ainsi, versatilité et émotion nous accompagnent tout au long de la performance. Le concert de ce formidable duo clôture par conséquent en beauté une première édition haute en couleurs. La barre était haute, mais on sait Laurence Haziza et son équipe capables de se surpasser pour nous proposer de nouvelles éditions à la hauteur de leurs ambitions.

Par son éclectisme et des rencontres musicales rares, la première édition du Sacré Sound Festival a su tenir sa promesse : faire dialoguer les religions et les cultures, tout en associant tradition et modernité.

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