Live report Marillion Week-End au Casino de Paris, les 11 et 12 avril 2025
2025
Fred Natuzzi
Live report Marillion Week-End au Casino de Paris, les 11 et 12 avril 2025
Un week-end Marillion à Paris, c’est un événement immanquable pour tout fan qui se respecte. En effet, les Anglais ont l’habitude de faire des conventions à Port Zelande ou Montreal, mais jamais en France. Chose rectifiée cette année avec deux soirées consécutives et deux sets différents, aussi bien à Paris qu’en Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne ou Norvège. Alors, ce ne sont pas des conventions avec des happenings, mais c’est toujours ça, même si le groupe a déjà par le passé joué deux soirs de suite. C’est le Casino de Paris qui est choisi pour abriter ces concerts, le même endroit qui accueillera le festival de rock progressif de Paris en septembre prochain, avec IQ (pour deux soirs), The Watch et RPWL, entre autres. Le public est ravi de pouvoir se prendre en photo devant la salle avec Steve Hogarth, aux cheveux tout blanc et au sourire indéfectible, l’ambiance est bon enfant et le week-end rassemble des fans de toute la France et même du monde entier. Le vendredi soir, c’est Conal Kelly qui a le plaisir d’ouvrir la soirée. En trio, il essaye tant bien que mal d’animer un peu la salle qui tend une oreille curieuse, mais qui n’arrive pas vraiment à rentrer dans cette pop éloignée du rock progressif, style qu’apparemment attendait le public, en tout cas les personnes avec qui j’ai pu échanger. Ce ne sont pas les reprises de Pink Floyd ou des Beatles qui rattraperont la sentence du « sympa mais bof », deux termes qui, pour qualifier une musique, sont des armes de destruction massive. Conal Kelly n’était pas mauvais, il y avait même des morceaux agréables, mais pour une entrée en matière d’un week-end que Marillion promettait d’exceptionnel, c’était plutôt en–dessous des attentes.
Puis vient le tour de nos stars d’Aylesbury. « The Invisible Man » ouvre le set qui sera consacré à Marbles, qui fête ses 20 ans. Steve H joue comme à son habitude son personnage avec brio et insuffle toute l’intensité nécessaire à son interprétation. Tout au long du concert, il délivre une prestation charismatique et passionnée. Ian Mosley, dissimulé derrière ses fûts, ne montrera que très rarement sa présence physique, mais il assure comme toujours une élégante rythmique technique. Steve Rothery est fidèle à lui-même, sans démonstration outre-mesure, il emballe le public dès qu’il pose la première note d’un solo. Souriant mais très concentré, ce grand guitariste mérite bien la place qu’il a dans le cœur des aficionados du rock progressif. Pete Trewavas attrape toujours aussi bien ses notes à la basse, son groove étant inimitable. Quant à Mark Kelly, le temps ne semble pas avoir d’emprise sur lui, et ses claviers sont toujours impeccables. Le groupe aime ce genre de week-end, car il est libre. Libre de jouer ce qu’il a envie, sans obligation à part celle de faire passer le meilleur moment possible au public, bien entendu. Marbles sera joué en entier, sauf « Angelina » et « Drilling Holes ». En rappel, le public chantera quasiment tout de « Sugar Mice » qui sera suivi d’un « King » classiquement en point final. Pour ce premier soir, le plaisir était là pour tous. Je dirais cependant que cette performance aurait pu être plus intense, car à part « The Invisible Man » et « Ocean Cloud », la tension n’était pas constante. J’ai vécu de bien plus émouvants « Fantastic Place » ou « Neverland » et de beaucoup plus soniques « King », par exemple. Par contre, j’ai été ravi d’entendre les « Marbles I à IV », un « You’re Gone » réjouissant avec la participation du public ou encore un « Don’t Hurt Yourself » enjoué.
Le samedi soir, ce sont les Français de Lazuli qui ont l’honneur de commencer la soirée. Là, c’est une autre ambiance par rapport à la veille. Leur rock progressif moderne vient toucher un public friand de nouveautés et ils frappent dans le mille. Ils arrivent discrètement, n’interpellent pas le public, la musique suffit à les imposer comme une grande révélation pour la plupart des personnes. Ils sont acclamés à chaque titre et l’émotion se lit sur le visage du chanteur, touché par cet accueil. Et en effet, chaque morceau est formidable, mélange de puissance et d’émotions, avec des soli de guitares (et de léode, fantastique instrument, assurément une marque de fabrique du groupe) à tomber et une technique à toute épreuve. Lazuli a remporté tous les suffrages.
Marillion, cette fois-ci, épluche son back catalogue et remonte même jusqu’à son premier album, pour le plus grand plaisir des fans. De « Script For A Jester’s Tears » à « Beautiful » en passant par « The Space » ou « Kayleigh » et sa suite, les Anglais offrent une performance à la fois détendue et ultra-précise. Contrairement à la soirée précédente, ce concert est plus serré, et le groupe est au sommet de sa forme. Le premier rappel nous ramène à notre époque avec un « The New Kings » toujours d’actualité. Le second reprend le formidable « The Crow And The Nightingale » du dernier opus, suivi d’un « Man Of A Thousand Faces » qui met en joie la foule, puis la dernière partie de « Care » clôture le set. C’est sans compter sur un troisième rappel où Steve H convie un accordéoniste qui entame une Marseillaise reprise en chœur par la ferveur de la salle. H pouffera dans sa bière ne s’y attendant pas. « Faith » et « Made Again » s’enchaîneront pour réellement clôturer ce beau week-end, Marillion promettant de revenir très bientôt, sans doute après la parution de leur prochain disque l’année prochaine.
Crédit photos 2 et 4 : Josh Mainka
Set List
Soirée 1
The Invisible Man
Marbles I
Genie
Fantastic Place
The Only Unforgivable Thing
Marbles II
Ocean Cloud
Marbles III
The Damage
Don’t Hurt Yourself
You’re Gone
Marbles IV
Neverland
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Sugar Mice
King
Soirée 2
Slàinte Mhath
The Uninvited Guest
Easter
Holloway Girl
Beautiful
Script for a Jester’s Tear
Kayleigh
Lavender
Bitter Suite (iii. Blue Angel)
Heart of Lothian (i. Wide Boy)
The Space…
Afraid of Sunlight
Wave
Mad
The Great Escape
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The New Kings: I. Fuck Everyone and Run
The New Kings: II. Russia’s Locked Doors
The New Kings: III. A Scary Sky
The New Kings: IV. Why Is Nothing Ever True?
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The Crow and the Nightingale
Man of a Thousand Faces
Care (IV) Angels on Earth
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Faith
Made Again