Light Bearer – Silver Tongues
Light Bearer
Alerta Antifascista/Moment of Collapse Records
Vraiment pas… Je n’aurais jamais dû quitter ce lieu. Ma première demeure, là où j’ai grandi, vécu et appris. Mes ailes se sont détachées, arrachées de mes omoplates. Du sang goutte de mes blessures. Je ne suis plus un être de lumière, je ne serai plus jamais dans leur vérité obscurantiste et pourtant, ce que je ressens, c’est de la mélancolie, sourde, mais néanmoins poignante. De là où je suis, il n’existe plus de ciel, le soleil n’est qu’un vague souvenir, la lumière une chimère. Je ressens encore, çà et là, les quelques éclats sensibles comme du cristal; mais ce ne sont que des bribes de souvenirs, un passé ne m’appartenant plus. J’ai été envoyé dans un endroit indescriptible. Il n’y a rien à en dire, pour cause, je ne vois rien. Tout n’est qu’obscurité, étroitesse des lieux, j’affaisse mon dos pour avancer alors que les gouttes qui tombent du plafond me rappellent à mon bon souvenir les blessures à vif sur mon dos.
Plus rien n’irradie de moi. J’ai même perdu mon aura. Mais comme ils l’ont dit, je ne suis plus dans leur vérité. Ma parole n’est que blasphème à leurs oreilles si délicates et pures. Leur innocence paraissait comme éventrée par mes mots, de simples mots. Et maintenant, je marche dans cette prison au plus profond des abymes, là où personne n’est jamais allé. Tel Prométhée, je subis mon tourment, supplice de chaque instant en ces lieux. À quoi bon bouger, réagir ? Alors que mes yeux commencent à s’habituer à cette opacité, cette perception de mélancolie se fait plus prégnante. Je croise bien une personne, un être, peut-être ce qu’on appelle un dieu. Son ton est doucereux. Il me parle, ses mots sont aussi sucrés que bruts. Quelque chose au plus profond de moi m’impose la méfiance. Mes yeux se plissent devant ce stratagème, la colère envahie chaque parcelle de mon corps.
Mon âme, bien que dorénavant je doute de son existence, est comme mise en branle. À moins que ce soit mon instinct, ce reflexe reptilien lié à mon cortex cérébral qui me force à me mettre en position de défense. Je ne veux pas croire en ces paroles tout comme j’ai refusé les siennes. Cela n’a ni sens, ni but. Imposer une morale inepte, refuser le savoir, le censurer, forcer la différence, la surligner dans la discorde, en jouer avec la haine de chaque être sur cette planète. Quelle la place de l’autre ? Le sacré, le profane, en voilà de beaux termes ! Que ce soit d’en haut ou d’ici les termes coexistent. On cherche, on les utilise comme on lance des dés et le résultat, finalement, ne montre rien, ne donne rien, ne dit rien… Rien ! Une interprétation biaisée, un paradoxe… Je n’ai que faire de ces paroles à lui, et à lui. Je ne cherche pas à avoir raison mais seulement à questionner. Quel mal ? Beaucoup pour certains.
Je sais que mon nom deviendra synonyme de danger, d’errance, de conflit. Je suis cet autre, celui qui contredit le créateur, les lois. Peu importe le nom qu’il prendra dans le temps, les lieux et ses habitants. Lui, prendra plein d’appellations, Yahvé, Allah, Seigneur et d’autres sûrement. Il fera des interdits, au besoin les créer, et je serai à tout jamais le bouc, l’émissaire, le prohibé. Pourtant, du fond de ma geôle, au fond des abysses, je chercherai à donner le savoir, la connaissance du monde. Je rigolerai de leur passéisme, je ricanerai de leur « droiture d’esprit », je m’étoufferai de leur bêtises, de leurs hypocrisie latente.
Le pire, c’est que les humains croiront en lui alors que je ne serai que l’adversaire, le mal avec une apparence ridicule pour montrer qu’il est juste. Vraiment pas… Je ne saurai jamais cela. Le libre-arbitre… Seulement… Le vrai voyage… Et arrêtez moi ces putains de chants !
Jérémy Urbain (8,5/10)
PS : Je ne peux que recommander, et plus que vivement, l’achat de cet album en vinyle dans une édition plus que classieuse qui rendra malade de jalousie votre voisinage, tout en ayant le son optimal pour apprécier chaque parcelle de ce « Silver Tongues ».
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