Kelly Schenk – Something About You
Autoproduction
2024
Lucas Biela
Kelly Schenk – Something About You
Se produisant jusque-là avec de multiples formations dans les circuits jazz, Kelly Schenk publie cette année son premier album solo. On y retrouve certes les ambiances jazz qu’elle affectionne tant, mais comme on peut le lire sur son site, d’autres influences s’y greffent comme la folk et l’indie-pop. Et l’écoute de l’album permet de confirmer ces diverses influences. Avec son visuel qui appelle au rêve, vérifions si la musique de Something About You y appelle tout autant.
Ce qui marque avant tout, c’est l’incroyable sérénité qui se dégage des ambiances. D’une douceur infinie (non, pas le papier toilette Lotus !), le chant de la native de Portland nous place d’emblée dans un cocon douillet. Avec comme modèle Joni Mitchell (entre autres), on ne peut pas s’étonner que son chant nous retourne tant. Ce sentiment de quiétude est renforcé par les harmonies qui prolongent le chant principal.
Par moments, comme dans cette question à « Amy » qui ne trouve pas de réponse, on retrouve ce grain de voix qui nous avait tant ému chez Kate Bush. Ce travail sur le chant, avec des intonations évoquant aussi bien l’inquiétude, que la mélancolie, la joie, ou encore l’exaltation, est admirable. Malgré ces différentes émotions, Kelly parvient à rester dans un monde de rêves, où notre imaginaire est sollicité. Et de manière à rester dans un univers le plus onirique possible, l’accompagnement musical reste le plus souvent intimiste. On appréciera ainsi le finger-picking léger, mais pétri de malice de la guitare sur
« Down The Line ». Ailleurs, la frappe aux balais sur « Amy » (la chanson, pas l’ancienne petite amie de Kelly !) porte une certaine légèreté estivale que les cordes et le piano ne cessent de tirer vers le spleen automnal. Plus loin, ces cordes qui irradient tel un lever de soleil sur « Francis » ou encore sur « Better » apportent également de l’eau au moulin des émotions. Il existe cependant des exceptions au tout-intimiste. Ainsi, sur « Something About You » la batterie, la contrebasse et le piano avancent certes à pas de chats dans un premier temps. Mais quand arrivent les harmonies ondulantes de Kelly, le trio part dans une jam enflammée pour mieux s’évader (vers un monde de rêves évidemment : ne conclut-elle pas le morceau avec les mots « in my dream »…). On retrouve cette association jam / recherche d’évasion sur « No Matter », quand la guitare emboîte le pas à la batterie.
Ainsi, avec Something About You, Kelly Schenk parvient à nous émouvoir tout en nous plongeant dans un univers gorgé de poésie et où les rêves ont leur place. Espérons que, à l’instar de son idole Joni Mitchell, sa musique trouve écho parmi le plus grand nombre.
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