Jean-Pascal Boffo – Nomades
Jean-Pascal Boffo
Musea
Premier artiste signé par Musea à ses débuts, Jean-Pascal Boffo a mené une carrière marquée du sceau du talent, de la beauté mélodique et d’une diversité assez incroyable. Après des débuts, en 1974, au sein du groupe de progressif « Larsen », Jean-Pascal rejoint « Mandragore » deux années plus tard avant de fonder le trio « Red ». Entre 1980 et 1984 ce sera l’aventure « Troll » aux influences zeuhl non dissimulées comme en témoigne la maquette enregistrée en 1981 avec la participation des cuivres et chœurs de la formation de Magma de l’époque. « Jeux De Nains », son opus solo fondateur sorti en 1986, est le premier jalon d’un parcours sans faute et présente un rock onirique inspiré par le Steve Hackett le plus acoustique et l’Anthony Phillips de « The Geese And The Ghost ». « Carillons », en 1987, intègre l’influence de Weidorje et s’avère à la fois plus orchestré et électrique. Sort enfin en 1988 ce que certains considèrent aujourd’hui encore comme son magnum opus, j’ai nommé le très symphonique « Rituel », fortement influencé par Ravel et Debussy ! Jean-Pascal y est alors au sommet de sa forme et de son art et, avec l’aide de nombreux musiciens classiques, il signe un chef d’œuvre en puissance.
Après cinq longues années de silence, déboule en 1993 le somptueux « Nomades » que votre serviteur considère comme le chef d’œuvre du maître ! Ce disque, qui aurait du être précédé par une œuvre composée pour un orchestre symphonique mais qui n’a hélas jamais vu le jour faute de moyens, est présenté dans un superbe digipack et illustré de photos sublimes. Aidé par ses nouveaux acolytes Gérard Delesse au saxophone soprano, Florence Dioniso au violon, Hervé Rouyer à la batterie et Frédéric Sold au piano et programmations, Boffo nous y offre dix compositions instrumentales incroyablement soignées qui confirment son sens du renouvellement permanent.
On se promène en effet ici quelque part entre l’ethnique (« Caravane »), le jazz-rock (« L’œuf Du Désert ») et le symphonisme altier (les fabuleux morceaux d’ouverture et de clôture « Prologue » et « Offrande ») pour aboutir à une forme nouvelle de « fusion », particulièrement audacieuse et inspirée. « Nomades », la guitare magique de Jean-Pascal trace ainsi des arabesques orientales, quand ce n’est pas le violon ou le sax qui s’en chargent (quels musiciens de génie !). Et la musique garde le pouvoir évocateur, suggestif, qui a toujours été la qualité première de ce peintre sonore qu’est Jean-Pascal Boffo. Un merveilleux voyage !
Bertrand Pourcheron (9/10)