Jay Golden Quintet en concert à Paris, le 13 novembre 2015
Jay Golden Quintet au restaurant Royal Est, le 13 novembre 2015
Une fois l’été passé, l’ami Nassim Dendane a décidé de poursuivre sa série de concerts au restaurant Le Royal Est. Pour la soirée du 13 novembre 2015, c’est une formation jazz-funk qu’il nous invite à déguster. A la rencontre du sympathique organisateur, accolade et poignée de main énergique se suivent avant que je ne rejoigne le public assis sur le grand tapis placé au pied de la scène. Ainsi, c’est un quintet tonitruant qui emplit la salle de ses sonorités vibrantes. Endimanchés comme pour un mariage, les musiciens du Jay Golden Quintet font valser la poussière au sol tellement leur groove est endiablé. Pas de soul, pas de blues au programme, juste du jazz-funk instrumental aux rythmiques contagieuses. Ne parlant pas français, le leader fait comprendre que ceux qui ne le comprendraient pas pourraient tapoter à l’épaule de leur voisin pour lui demander : « qu’est-ce qu’il a dit ? ». Autour de sa basse slapée, ce sont des cuivres emplis de joie qui communiquent leur ivresse à l’assistance. Quand la guitare s’exprime, c’est un feu démoniaque qui vient contraster avec la sérénité angélique des nappes de claviers. Mais les garçons sont capables de nous relaxer aussi avec une basse plus soyeuse et une guitare au phrasé plus délicat. Les claviers viendront apporter outre la touche atmosphérique, des notes de fantaisie à d’autres moments, ou pourront encore renforcer le dynamisme de la formation.
Prenant place à table avec Intissar, l’amie inconditionnelle des soirées musicales du Royal Est, je suis cependant vite informé qu’une fusillade a éclaté dans Paris. Il m’est alors fortement conseillé de prendre le chemin du retour si je ne veux pas me retrouver nez à nez avec une grille à l’entrée du métro. De leur côté, les propriétaires du restaurant ont baissé les stores métalliques pour permettre au groupe de jouer à l’abri de toute agitation qui pourrait se manifester à l’extérieur. J’apprendrai vite par la suite qu’il ne s’agissait pas d’un banal règlement de compte, mais d’actes terroristes. Des personnes comme moi avaient projeté de passer une soirée agréable avant que cette dernière ne se transforme en cauchemar.
Je dédie donc ces quelques lignes à la mémoire de toutes les victimes de ces attaques absurdes. Et j’invite les barbares responsables à se civiliser en se penchant sur les beautés et la diversité qu’ont façonné des millénaires de culture. Ce sera pour eux un bouillon beaucoup plus gratifiant que celui dans lequel ils baignent après s’être fait explosés.
Lucas Biela