Isbjörg – Isbjörg / In Endings
Autoproduction
2016
Palabras De Oro
Isbjörg – Isbjörg / In Endings
L’hiver approche. Le vent du Nord se lève et déjà, amène vers les rivages de Clair & Obscur des créations des pays du froid. C’est ainsi que les danois d’Isbjörg (à vos souhaits !) nous ont proposé de poser une oreille sur leur nouveau single « In Endings ».
Vous savez, le Danemark, c’est ce pays moqué par ses voisins scandinaves du fait que ses habitants ont des différences de prononciation tellement particulières que parfois, même les Danois ne se comprennent pas entre eux. Donc, Isbjörg, c’est pour moi du chinois ou du danois plutôt. Alors avant de m’intéresser à un single, j’ai voulu m’approprier leur 1er effort à savoir l’EP éponyme Isbjörg de 4 titres d’où cette première chronique (celle du single y est accolée).
En effet, Isbjörg (décidément, à force d’éternuer comme ça, ils ont dû me refiler la covid) a publié Isbjörg début 2016. Il s’agit donc d’un jeune groupe en devenir mais qui a déjà de sérieuses armes dans son arsenal musical. Ils sont six dont deux guitaristes. Le mur sonore est donc conséquent. L’originalité du groupe réside dans sa volonté de mettre très en avant le piano même si un groupe comme Frost* l’a déjà beaucoup fait auparavant, enfin surtout sur ses 2 premiers CD. Les oppositions entre les parties très électriques et celle plus acoustiques sont récurrentes sur chaque titre. Cet album débute par le meilleur des morceaux à savoir le remarquable « Disdain ». Son intro au piano (déjà) est très vite couplée à la gratte pour un riff bien musclé avant que celle-ci de se transforme en wah wah funky lorsque le chant survient. Ce titre recèle son pesant d’émotions en particulier au chant même si la voix de Michael Juul Hagerup n’est pas forcément très charismatique. Les petits claquements de main sur le passage instrumental au piano m’ont rappelé « Trains » de Porcupine Tree mais la suite en est bien éloignée avec une montée en puissance impulsée par un solo de gratte gavé d’émotion. La reprise du rythme original est proprement jouissive et donne des frissons (encore ce damné frigo danois bien qu’en l’occurrence, c’est plutôt à cause du cœur qui est chauffé à blanc). La fin de ce titre est jouissive quoique trop abrupte et rapide après une telle progression. Ensuite, « Engulfed (Selfsea)» met en avant la fibre pop rock du groupe, en particulier sur les refrains. J’ai été plus réservé sur l’emploi du piano qui, à force d’être volontairement mis en avant, fait retomber trop souvent le soufflet sur ce titre. Isbjörg nous prend par la suite à contre-pied avec « As Lies In Disguise », un morceau fusion neo metal (refrain) et prog (quand le piano survient). Sa première partie est très agressive mais s’adoucit à partir du passage instrumental au piano dont l’apport est plus contrasté, car arrivant un peu comme un cheveu sur la soupe. Celui-ci, de nouveau apparenté à Frost*, est plus efficace et bénéfique sur l’intro de « Fragile Peace ». Le chant et les chœurs deviennent prédominants. Il s’agit du titre le plus chargé en émotion de l’EP et il le clos de fort belle manière. Le groupe a produit et mixé lui-même ce CD. Il résulte de la volonté de toujours mettre très en avant le piano, un mix sur lequel le chant et la batterie semblent un peu en retrait. Les textes sont très introspectifs et amènent à réfléchir sur nos modes de pensées en particulier en relation avec les thèmes religieux. Il y a quelques péchés de jeunesse sur Isbjörg, mais cette première galette est déjà bien alléchante et prometteuse. En tous cas, elle m’a fait passer une vingtaine de minutes bien agréables et mérite largement que l’on y lâche un euro minimum pour se la télécharger sur bandcamp.
Chose promise, chose due, après avoir chroniqué leur EP éponyme, pris trois doliprane, mis mon petit cache-nez et enfilé une doudoune, je propose de vous écrire quelques mots sur ce single tout fraîchement sorti à savoir « In Endings »… à vos souhaits ! L’originalité de ce single est qu’il est découpé en onze plages dont la durée varie de 6 à 46 secondes portant chacune le nom d’une couleur. En effet, il a été conçu pour s’écouter également en mode shuffle comme proposé sur Bandcamp. Ainsi, on peut intervertir l’ordre d’écoute des plages et donc avoir l’impression d’écouter une chanson différente à chaque fois bien que le thème de la mélodie soit récurrent. D’ailleurs, « In Endings » possède 2 jaquettes, la « normale », très colorée, représentant une statuette tenant une chandelle dans ses mains et la « shuffle » qui est en fait la jaquette « normale » découpée en petits carrés réassemblés aléatoirement. Ils ont des idées ces Danois ! J’ai donc écouté le morceau tel qu’il est architecturé à l’origine puis en mode shuffle. Dès le début, « In Endings » s’appuie sur une ritournelle entêtante qui s’imprègne très facilement dans notre tête. Par rapport à leur EP précédent, Isbjörg a progressé dans la production en solidifiant la section rythmique et les riffs. Le piano est mieux intégré et les harmonies vocales plus riches. Ce titre parle de la vie, de la mort et se projette sur ce qui pourrait exister après, sans jamais dévier vers la théologie. Je dois avouer que lorsqu’on le réécoute en mode shuffle, la magie opère car effectivement, les nouveaux enchaînements aléatoires des plages fonctionnent. Encore faut-il utiliser un lecteur qui ne coupe pas les enchaînements par des blancs comme malheureusement le fait celui de Bandcamp. Évidemment, je n’ai pas poussé la chose jusqu’à écouter les 121 différentes configurations possibles. Mais ces mecs ont vraiment dû se casser le crane pour tester tous les enchaînements et s’assurer que les transitions étaient à chaque fois judicieuses. Et donc, effectivement, c’est amusant, par exemple de commencer l’écoute du titre par son outro et de le terminer par l’intro, ou bien de les retrouver au hasard en plein milieu de l’écoute. Rien que pour l’originalité de la démarche, ça mérite vraiment d’y poser une oreille attentive. De plus, la musique d’Isbjörg étant de qualité, pourquoi bouder son plaisir ?
Isbjörg n’est pas en manque d’idées ni d’inspirations originales servies par une technicité irréprochable qui sont dignes de notre intérêt de progueux averti ou non. Leur single « In Endings » nous en fait voir de toutes les couleurs.
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