Iron Maiden – The Book Of Souls
Iron Maiden
Warner Music
Iron Maiden est sans l’ombre d’un doute un monument sur notre belle planète musicale. Après 40 ans d’activité et plus de 90 millions d’albums vendus, sans compter les tournées colossales à travers un monde qu’ils ont dû traverser un nombre incalculable de fois, ils sont ici de retour avec un seizième album intitulé « The Book Of Souls ». A ce stade de carrière, beaucoup de musiciens poursuivent, histoire de continuer à mettre « du beurre dans les épinards », la passion étant hélas parfois relayée au second plan tout comme l’aspect purement artistique. S’agissant du groupe en question ici, beaucoup d’entre-nous diront qu’ils nous proposent depuis fort longtemps un peu la même rengaine : un heavy metal parfois redondant. Je vais tuer le suspens d’emblée : Eddie s’est réveillé ! Le double-album enregistré près de Paris fin 2014 au studio Guillaume Tell tape dans le mille : la production et l’ouvrage sont clairement de haut vol.
Le tout est clairement plus orienté « progressif » que par le passé, même si c’est une tendance récurrente depuis « Brave New World” » Les morceaux sont plus longs que d’habitude et totalisent au bout du compte 92 minutes. L’ensemble ressemble clairement à un retour aux sources avec beaucoup de références musicales, mélodiques disséminées ici et là. « The Speed Of Light » nous fait penser à « The Trooper » ou encore à « Aces High ». Les choses deviennent sérieuses avec « The Red And The Black ». La chanson est menée tambour battant dans un rythme infernal. Les riffs sont incisifs, percutants. La précision est diabolique. Les solos délivrés en fin de partie raviront les amateurs du genre. Les « waooo » sont une vraie main tendue pour les prochaines sorties « live ». A mon sens, c’est peut-être le titre phare de l’album.
Le morceau éponyme suit plus loin sur la galette, fort sympathique et assez représentatif du style qui leur est propre. Les sons de synthétiseurs pourront au passage perturber certains puristes parmi nous. Il s’en suit une chanson qui avait attiré mon attention et il s’avère que c’est le titre préféré de Bruce Dickinson (pour reprendre ses propres dires dans une interview). Cette ode mélodique et poétique est en réalité un hommage au regretté acteur américain Robin Williams. Je la trouve touchante au plus haut point. La qualité de la narration est à mettre en avant.
Décidément, l’ennui n’est pas de mise ici, et on déboule à pleine vitesse sur le titre phare : « Empire of The Clouds ». L’entrée en matière est grandiloquente avec l’utilisation d’instruments presque inédits dans le registre Maiden : piano et violons. L’œuvre est magique, épique à la façon de « Rime Of The Ancient Mariner » sur l’album « Powerslave ». C’est à mon avis une pure démonstration de leur savoir-faire. Tout y est, l’interprétation de chacun des musiciens est impeccable. Pour information, elle raconte le crash d’un dirigeable à Beauvais en 1930 alors même qu’il effectuait une liaison entre Londres et Karachi.
Au final, je ne tarirai pas d’éloges sur cette nouvelle production : elle est excellente à plein d’égards. Pour prendre la mesure des choses, il est à signaler que le sieur Dickinson a finalisé l’enregistrement avec une tumeur de la taille d’une balle de golf dans la gorge. Atteint d’un cancer de la langue, il s’est alors soigné avec force durant un mois pour gagner pour l’heure la partie avec un récent bilan de santé très rassurant. Son challenge est actuellement de récupérer un physique de haut niveau afin d’affronter les exigences de la tournée mondiale à venir (ce qui explique que le groupe n’a pas encore dévoilé le programme sur son site). Ah oui , j’oubliais : notre ami est aussi pilote de ligne et naviguera à bord du tout nouveau Boeing 747 jumbo customisé pour l’occasion, rien que cela !
Iron Maiden est un immense groupe, les recettes de leur réussite sont celles de l’entreprise : un marketing à la pointe, une gestion des ressources humaines à taille humaine, une équipe soudée où les egos ne prédominent pas, une logistique ultra-moderne et une innovation constante pour ne pas dire remise en question. La presse économique parlait à leur sujet de « l’entreprise musicale la mieux gérée du monde ». Et comme des gamins, ils semblent s’amuser et continuent d’avancer comme si c’était le premier jour. Je trouve cela immensément respectable voire touchant, et si le terme de « star » est parfois galvaudé, eux, plus que personne, méritent ce qualitatif. Je peux le dire haut et fort : ces types sont des super stars !
« The Book Of Souls » est une œuvre de tout premier ordre, tout simplement.
Sébastien Buret
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